Whether forced marriages are practised, particularly among members of the Teke ethnic group; if so, protection offered by the state (October 2005) [COG100657.FE]

Une chercheuse de l'Union pour l'étude et la recherche sur la population et le développement (UERPOD), organisation non gouvernementale congolaise établie à Brazzaville, a fourni le 20 octobre 2005 lors d'un entretien téléphonique, les renseignements suivants.

Les mariages précoces et « arrangés » sont répandus chez plusieurs groupes ethniques de la République du Congo. Dans la plupart des cas et notamment dans les régions rurales, la décision concernant le mariage est prise par les parents sans que leur fille soit préalablement consultée. Parfois, dans certains groupes, dont celui des Tékés où les traditions sont encore « tenaces », la décision du mariage est prise au moment même de la naissance de la fille.

Selon la chercheuse de l'UERPOD, un certain nombre de parents cherchent, par ce genre de mariages arrangés, à obtenir la dot la plus élevée possible en échange de leur fille sans se soucier de l'âge des futurs conjoints; le futur époux souvent plus âgé, dans la plupart des cas est déjà marié, la polygamie étant légale en République du Congo (voir aussi Country Reports 2004 28 févr. 2005, sect. 5).

En outre, dans son récent article intitulé « La déscolarisation des filles à Brazzaville, causes, conséquences et perspectives », une chercheuse congolaise, pour expliquer le décrochage des filles, rapportait qu'« elles subissent [entre autres] de nombreuses pressions dans la famille et dans la société liées à leur sexe : le mariage et la procréation sont les premiers objectifs visés par les familles pour leurs filles » (Planeteafrique.com 5 août 2005, sect. 1.1.). De même, l'auteure de cet article citait les mariages et les accouchements précoces parmi les causes qui poussent les filles de Brazzaville à abandonner leurs études (Planeteafrique.com 5 août 2005, sect. 2.1.1.2).

La chercheuse de l'UERPOD a expliqué, au cours de l'entretien téléphonique du 20 octobre 2005, que les mariages précoces et arrangés s'inscrivent dans un contexte culturel où les traditions, « pesantes », se perpétuent : il est ainsi difficile pour une fille de refuser un mariage sans risquer d'être rejetée par les autres membres de sa communauté, voire par ses propres parents. Toujours selon cette chercheuse, les autorités gouvernementales hésitent à intervenir dans ce qui est considéré comme la tradition (20 oct. 2005). La chercheuse de l'UERPOD a signalé qu'en ce qui concerne le recours aux tribunaux, dans le contexte congolais et notamment en milieu rural, il est « inconcevable » qu'une fille ose poursuivre ses parents devant les tribunaux.

Dans sa « Note de position sur les droits de la femme au Congo-Brazzaville » publiée le 17 février 2004, l'Observatoire congolais des droits de l'homme, affilié à la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), signalait que, face à la violence dont elle est victime, « la femme connaît également beaucoup de difficulté d'accès aux services judiciaires ». De même, les Country Reports 2004 signalent qu'en République du Congo, [traduction] « les lois relatives à la famille et au mariage sont ouvertement discriminatoires envers la femme » (28 févr. 2005, sect. 5)

Enfin, des sources d'information, faisant allusion à un forum de la société civile ayant eu lieu à Ouagadougou en octobre 2004, citent la République du Congo parmi les pays où sont pratiqués les « mariages forcés et précoces » et où « les codes civils prévoient que la femme est échangée contre une dot à l'occasion du mariage » (Sidwaya 22 oct. 2004; FIDH 21 oct. 2004), ce qui ne vise qu'à soumettre la femme (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


Country Reports on Human Rights Practices for 2004. 28 février 2005. « Congo-Brazzaville ». United States Department of State. Washington, D.C. http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2004/41598.htm [Date de consultation : 20 oct. 2005]

Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH). 21 octobre 2004. « "Question du genre...": intervention au Forum de la Société civile précédent le 10e sommet de Ouagadougou octobre 2004 ». http://www.fidh.org/article.php3?id_article=1996 [Date de consultation : 20 oct. 2005]

Observatoire congolais des droits de l'homme (OCDH). 17 février 2005. « Note de position sur les droits de la femme au Congo Brazzaville ». http://www.fidh.org/IMG/pdf/cg_women2004f.pdf [>Date de consultation : 20 oct. 2005]

Planeteafrique.com. 5 août 2005. Constance Mathurine Mafoukila. « La déscolarisation des filles à Brazzaville, causes, conséquences et perspectives », un article de Constance Mathurine Mafoukila. http://www.planeteafrique.com/lacollecte/news_print.asp?pcmd=articleprint&articleid=283 [Date de consultation : 21 oct. 2005]

Sidwaya [Ouagadougou]. 22 octobre 2004. Victorien A. Sawadogo « Forum de la société civile : l'ingérence humanitaire lorsque la sécurité des personnes n'est plus assurée ». http://www.lefaso.net/article.php3?id_article=4705 [Date de consultation : 20 oct. 2005]

Union pour l'étude et la recherche sur la population et le développement (UERPOD). 20 octobre 2005. Entretien téléphonique avec une chercheuse.

Autres sources consultées


Sites Internet, y compris : AllAfrica, Amnesty International, Conseil norvégien pour l'Afrique, Famafrique, Ecoi.net. Femmes sous lois musulmanes, Human Rights Watch, Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN), Les Dépêches de Brazzaville, United States Department of State, UNICEF, UNIFEM.

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