Treatment of homosexuals [GRC42070.E]

En août 2002, le Greek Helsinki Monitor (GHM) et le Groupement pour les droits des minorités-Grèce (GDM-G) ont prétendu qu'un ensemble de dispositions de la constitution de la Grèce confèrent à la liberté sexuelle le statut de droit constitutionnel (26 août 2002). Cependant, bien que les lois qui criminalisaient l'homosexualité aient été abrogées en 1950 (GHM et GDM-G 26 août 2002), la Grèce figure toujours parmi une minorité de pays européens qui conservent des lois criminelles discriminatoires à l'égard des homosexuels (ILGA-Europe 31 juill. 2003). L'article 347 du code criminel de la Grèce criminalise [traduction] « les actes indécents commis entre hommes pour en tirer un profit financier » et, si les hommes sont reconnus coupables, prévoit pour eux une peine d'emprisonnement de trois mois à cinq ans (ILGA-Europe Newsletter juin 2003, 18; AI 12 oct. 2001). Des accusations aux termes de l'article 347 ont été portées dans deux cas récents (ibid.; ILGA-Europe Newsletter juin 2003, 18). Nombre d'organisations ont qualifié cette loi de discriminatoire envers les homosexuels parce que les restrictions imposées sur les actes homosexuels commis pour en tirer un profit financier n'existent pas pour les femmes et que la prostitution hétérosexuelle n'est pas criminalisée lorsqu'elle répond aux exigences juridiques (ibid.; Act Up-Greece et al. 14 avr. 2003; OIM janv. 2003, 12; AI 12 oct. 2001). De plus, l'âge de consentement requis chez les hommes pour avoir des relations sexuelles homosexuelles, soit 17 ans, est plus élevé que celui requis pour les relations sexuelles hétérosexuelles, qui est de 15 ans (Act Up-Greece et al. 14 avr. 2003; AI 12 oct. 2001), différence que les défenseurs des droits de la personne jugent discriminatoire (ibid.; ILGA-Europe Newsletter juin 2003, 18; Act Up-Greece et al. 14 avr. 2003).

En ce qui concerne la réponse de la société grecque à l'homosexualité, les îles grecques de Lesbos et de Mykonos sont des destinations populaires pour les touristes homosexuels et offrent un environnement social relativement accueillant pour les homosexuels (Athens News 31 août 2001a; ibid. 31 août 2001b). Un article publié dans Athens News sur le tourisme de lesbiennes sur l'île de Lesbos faisait remarquer que bien qu'il y ait une certaine tension entre les résidents de l'île et les touristes et qu'on laisse entendre que les autorités locales ont intimidé les propriétaires d'établissements qui accueillent les gays, [traduction] « la plupart des gens de la région ne semblent pas être dérangés » par les touristes lesbiennes (ibid.). Toutefois, un rapport rédigé par Kalliopi Lykovardi, avocat et chercheur pour le Bureau de l'ombudsman de la Grèce, et publié par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a permis de conclure qu'habituellement,

[traduction]
en raison de la désapprobation sociale, [...] de la discrimination et de l'exclusion auxquelles sont confrontés les homosexuels dans de nombreux domaines de leur vie, la plupart [...] préfèrent cacher leurs préférences personnelles aux personnes de leur milieu social et de travail, et même à leur famille, en n'en parlant pas. Malgré une nette amélioration, [...] l'homosexualité demeure un tabou et les homosexuels sont toujours en marge de la société. Il en découle que l'homosexualité est [...] liée à une tolérance forcée [de] la particularité des homosexuels, plutôt qu'à la reconnaissance d'une liberté relativement à leur orientation sexuelle (OIM janv. 2003, 12-13).

Selon Lykovardi, la société grecque réagit [traduction] « plutôt négativement aux orientations homosexuelles » et la principale perception de l'homosexualité en Grèce est qu'il s'agit d'un phénomène anormal, d'une maladie ou d'un péché (ibid., 11). De la même façon, l'European Network Male Prostitution (ENMP) a décrit la Grèce comme étant un pays qui n'accepte pas l'homosexualité et un endroit où l'orientation est [traduction] « fortement déplorée ou condamnée » (s.d.). Mentionnons à titre d'exemple d'une telle perception est un commentaire publié dans un journal grec et écrit par le porte-parole de l'archevêque d'Athènes, qui a incité le Greek Helsinki Monitor et le Groupement pour les droits des minorités-Grèce à rédiger une lettre de protestation en 2002 (GHM et GDM-G 26 août 2002). L'article en question dénonçait les homosexuels et les traitait de [traduction] « "fruits de mauvais goût venant de l'étranger", "d'état contraire à la nature", de "troisième sexe", de "famille et vie contraires à la nature", de "déviation de la vie normale" et de "perversion répréhensible, abjecte et non dissimulée" » (ibid.). L'investigateur du Bureau de l'ombudsman de la Grèce a fait remarquer que les [traduction] « perceptions négatives ou trompeuses au sujet de l'homosexualité sont nourries par [les] médias » et a cité en particulier le commentaire du porte-parole comme un exemple de l'opinion tranchante de l'Église grecque orthodoxe sur le sujet (OIM janv. 2003, 12).

Lykovardi fait également état des plaintes, déposées par des défenseurs des droits des homosexuels, de discrimination publique et privée dans les domaines, par exemple, de l'emploi et de la liberté d'expression (ibid., 11). Il a fait remarquer que la police grecque avait tendance à stéréotyper les homosexuels comme étant anormaux et probablement criminels (ibid., 12). Selon ILGA-Europe, une descente effectuée le 21 février 2003 dans une boîte de nuit gay à Athènes illustre bien les comportements stéréotypés de la police (ILGA-Europe Newsletter juin 2003, 18). Affirmant mener une enquête sur la pédophilie et la pornographie juvénile dans la boîte de nuit (Kathimerini 24 févr. 2003), la police en a profité pour arrêter trois personnes pour prostitution masculine aux termes de l'article 347 (ILGA-Europe Newsletter juin 2003, 18). Les trois personnes se seraient livrées à des actes sexuels devant un public au moment de la descente policière (Kathimerini 24 févr. 2003). En avril 2003, une dizaine d'organisations non gouvernementales, dont GHM et des groupes grecs de défense des homosexuels comme Act Up-Greece et l'Athens Lesbian Group, ont cosigné une lettre de protestation affirmant que les homosexuels en Grèce étaient la cible d'une [traduction] « attaque importante contre [...] la liberté sexuelle » menée par des [traduction] « policiers, des journalistes et des prêtres provinciaux, bornés et à l'esprit étroit » (Act Up-Greece et al. 14 avr. 2003). Les groupes ont également protesté, dans un article ultérieur, contre ce qu'ils considèrent comme une [traduction] « attaque vulgaire contre tous les homosexuels » (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


Act Up-Greece et al. 14 avril 2003. « Gays and Lesbians in Greece Speak Up ». Communiqué de presse. (Greek Helsinki Monitor, Balkan Human Rights Web) http://www.greekhelsinki.gr/bhr/English/organizations/ghm/ghm_14_04_03.rtf [Date de consultation : 29 oct. 2003]

Amnesty International (AI). 12 octobre 2001. « Greece: Continuing Discrimination Against Homosexual Men ». (Index AI : EUR 25/007/2001 News Service. No 80) http://web.amnesty.org/library/print/ENGEUR250072001 [Date de consultation : 29 oct. 2003]

Association lesbienne et gay internationale-Europe (ILGA-Europe). 31 juillet 2003. « Europe Free of Laws Banning Same-Sex Relationships for the First Time in 1,500 Years ». Communiqué de presse. http://www.ilga-europe.org/m7/media_releases/2003-07-31-Same-sexFreeInEurope.htm [Date de consultation : 29 oct. 2003]

Athens News. 31 août 2001a. Kathy Tzilivakis. « Thousands of Gay Tourists Are "Best Customers" on Mykonos Island ». http://www.athensnews.gr/athweb/nathens.print_unique?e=C&f=12925&m=A07&aa=2&eidos=S [Date de consultation : 29 oct. 2003]

_____. 31 août 2001b. Kathy Tzilivakis. « Should Sappho Go? ». http://www.athensnews.gr/athweb/nathens.print_unique?e=C&f=12925&m=A07&aa=1&eidos=S [Date de consultation : 29 oct. 2003]

European Network Male Prostitution (ENMP). S.d. « Greece: Social Situation ». http://www.enmap.org/gr/socialsituation.html [Date de consultation : 29 oct. 2003]

Greek Helsinki Monitor (GHM) et Groupement pour les droits des minorités-Grèce (GDM-G). 26 août 2002. « Topic: Church Racism Against Homosexuals with Alleged Encouragement from Justice Minister ». Communiqué de presse. http://www.greekhelsinki.gr/bhr/english/organizations/ghm/ghm_26_08_02.rtf [Date de consultation : 29 oct.2003]

ILGA-Europe Newsletter [Bruxelles]. Juin 2003. Vol. 3, no 2. Association lesbienne et gay internationale-Europe. « Greece: Discrimination Continues ». http://www.ilga-europe.org/docs/newsletters/2003-2/2003-2.pdf [Date de consultation : 29 oct. 2003]

Kathimerini [Athènes]. 24 février 2003. « Child Porn Ring Linked to Gay Club ». http://www.ekathimerini.com/4dcgi/_w_articles_politics_100012_24/02/2003_26800 [Date de consultation : 29 oct. 2003]

Organisation internationale pour les migrations (OIM). Janvier 2003. Projet de sensibilisation du public et de formation juridique sur les pratiques discriminatoires. Kalliopi Lykovardi. « General Overview of Discrimination in Greece ». The Handbook. http://www.iom.fi/anti-discrimination/pdf/Greece%20II%20January%202003.PDF [Date de consultation : 29 oct. 2003]

Autres sources consultées


Dialog

Sites Internet, y compris :

Balkan Human Rights List

Crosspoint-Greece

Fédération internationale Helsinki pour les droits de l'homme

Gay Law News

Groupes de soutien et ONG grecs (pour homosexuels/transsexuels)

Human Rights Watch

ILGA-Europe

International Gay and Lesbian Human Rights Commission (IGLHRC)

Ombudsman de la Grèce

World News Connection

Associated documents