Founding of Russian National Unity (RNU/RNE) in St. Petersburg; RNU/RNE activities and state response in that city (1997-August 2000) [RUS35390.E]

Selon l'Union des conseils des juifs soviétiques (Union of Councils for Soviet Jews - UCSJ), l'UNR est [traduction] « présente à une échelle restreinte mais active » à Saint-Pétersbourg (déc. 1999, 42). L'UCSJ ajoute que les membres de l'UNR de la région se rencontrent au Park Pobedy (parc de la Victoire) à Saint-Pétersbourg tous les samedis et dimanches (ibid.). Selon l'Express Chronicle, hebdomadaire de Moscou portant sur les droits de la personne, les membres de l'UNR organisent régulièrement des [traduction] « actions politiques » et des manifestations, et procèdent à la vente de publications comme le Russky Poryadok (« ordre russe ») et Mein Kampf dans le centre-ville de Saint-Pétersbourg (10 mai 1999). Le 9 juillet 1999, on rapportait que des membres de l'UNR en uniforme distribuaient des numéros du Russky Poryadok dans une station de métro de Saint-Pétersbourg (UCSJ déc. 1999, 44).

Selon un article publié le 23 mars 1999 dans l'Express Chronicle, la police de Saint-Pétersbourg a commencé à [traduction] « sévir contre les nationalistes » au début de 1999, plus précisément à la suite d'une manifestation non autorisée de l'UNR dans le centre-ville de Saint-Pétersbourg. Le quotidien russe Kommersant parle également d'un changement d'attitude des autorités locales envers l'UNR, qui se sont mises à réprimer les activités de la division locale de l'UNR après que le maire de Moscou, Iouri Loujkov, a interdit l'UNR dans la capitale, ce qui a engendré un mouvement contre l'UNR au sein de la population et des fonctionnaires du gouvernement (UCSJ déc. 1999, 42).

Voici maintenant un aperçu chronologique des activités de l'UNR et des mesures prises par les autorités.

Selon le St. Petersburg Times, l'UNR a commencé son expansion à l'extérieur de Moscou vers 1993 (27 avr. 1999). Un étudiant aurait fondé une division de l'UNR à Saint-Pétersbourg en novembre 1993 (UCSJ mars 1999).

La division locale de l'UNR aurait été une [traduction] « organisation très influente » de 1995 à l'automne 1996 (ibid.). En outre, des membres de l'UNR auraient assisté au procès du [traduction] « leader nationaliste » Iouri Beliaïev à Saint-Pétersbourg au début février 1996 (ANTIFA Info-Bulletin 13 févr. 1996).

Une scission aurait eu lieu au sein de la division à l'automne 1996 (UCSJ mars 1999).

Le 6 décembre 1997 se tenait à Saint-Pétersbourg le quatrième congrès des [traduction] « nationalistes » russes, rassemblant des représentants d'une vingtaine de partis et mouvements (Itar-Tass 6 déc. 1997). L'UNR était décrite comme une participante [traduction] « fidèle » au congrès (ibid.). Un des objectifs de cette rencontre était d'unir les [traduction] « nationalistes » (ibid.).

Plusieurs sources parlent de la marche du jour de la Victoire qui a eu lieu le 9 mai 1998 à Saint-Pétersbourg, mais leurs descriptions de l'événement diffèrent (St. Petersburg Times 29 mai 1998; Express Chronicle 10 mai 1999; UCSJ déc. 1999). Selon le St. Petersburg Times du 29 mai 1998 :

[traduction]
200 jeunes néo-nazis étaient rassemblés : on les a laissés marcher sur Nevsky Prospekt et huer le nombre décroissant d'anciens combattants de la ville, sans que la police n'intervienne (29 mai 1998).

L'Express Chronicle mentionne que des membres de l'UNR en uniforme, croix gammée au bras, ont participé à la marche du jour de la Victoire à Saint-Pétersbourg, et qu'ils suivaient les anciens combattants et les survivants des camps de concentration (10 mai 1999). L'UCSJ, pour sa part, résume les faits de la façon suivante :

[traduction]
200 jeunes néo-nazis, dont beaucoup sinon la totalité étaient membres de l'UNR […] ont pu huer les anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale et les survivants des camps de concentration, sans s'attirer aucune intervention de la police (déc. 1999).

Le 9 septembre 1998, 50 membres de l'UNR distribuaient des documents et recrutaient des jeunes, notamment des adolescents, dans le Park Pobedy (UCSJ déc. 1999, 42).

L'UCSJ signale que des membres de l'UNR de Moscou ont [traduction] « réactivé » la division de l'UNR à Saint-Pétersbourg au printemps 1998 (mars 1999). La Nezavisimaya Gazeta rapporte pour sa part qu'une vingtaine d'individus de la division régionale de Voronezh ont fondé une division de l'UNR à Saint-Pétersbourg en mars 1998 (21 avr. 1998). En mettant à profit l'expérience acquise à Voronezh, ils ont pu louer des locaux, imprimer des feuillets et entreposer des uniformes pour les futurs membres (ibid.). L'UNR a commencé à recruter de nouveaux membres après avoir affiché des feuillets annonçant leur présence dans la ville (ibid.). Les membres de l'UNR ont mis à profit un autre élément de leur expérience acquise à Voronezh au moment où ils ont établi des liens avec les autorités (ibid.). Le dirigeant de la division locale de l'UNR, Yevgeny Lavochkine, affirme que les autorités d'un des districts centraux de Saint-Pétersbourg ont conclu une entente avec l'UNR permettant aux membres de l'organisation de former une [traduction] « milice volontaire du peuple » pour patrouiller conjointement avec la police anti-émeute, qu'on appelle aussi OMON, dans les rues et les marchés de la ville (ibid.). Pour remercier la division locale de l'UNR de sa participation, les autorités ont fourni à l'organisation des immeubles où établir ses bureaux (ibid.). À l'été 1998, la division de l'UNR était enregistrée auprès des autorités de la ville (ibid.). Selon la Nezavisimaya Gazeta, l'UNR mettait sa stratégie à l'épreuve à Saint-Pétersbourg en vue de s'établir ailleurs en Russie, et surtout de réussir à s'enregistrer auprès des autorités fédérales (ibid.). Cependant, un article d'Izvestiya publié le 26 février 1999 signale que la division locale de l'UNR était active à Saint-Pétersbourg, bien que les autorités régionales de Saint-Pétersbourg et de Leningrad aient refusé d'enregistrer l'organisation à quatre reprises. La même source indique que les autorités de Saint-Pétersbourg, qui surveillaient les médias locaux dans le but d'obtenir des renseignements sur les organisations politiques non enregistrées, ont attiré l'attention du ministre fédéral de la Justice Pavel Kracheninnikov (ibid.).

Dans un article paru le 9 février 1999, l'Izvestiya rapporte que la police de Saint-Pétersbourg soupçonnait des membres de l'UNR d'être responsables d'un incendie dans les bureaux de Saint-Pétersbourg du Parti du choix démocratique de Russie, dirigé par l'ancien premier ministre russe Yegor Gaidar (UCSJ déc. 1999, 43).

Le 28 février 1999, 99 membres de l'UNR ont été vus en train de distribuer des documents dans le Park Pobedy (parc de la Victoire) de Saint-Pétersbourg (UCSJ déc. 1999, 42). Ils ne portaient pas leur uniforme; ainsi, les autorités ne pouvaient pas leur reprocher de manifester (ibid.).

D'après un rapport de l'USCJ publié en mars 1999, [traduction] « la division locale de l'UNR entretient des liens actifs avec des employés subalternes du ministère des Affaires internes de Saint-Pétersbourg ».

Toutefois, Viktor Vlasov, chef du service de police de Saint-Pétersbourg, a affirmé, au cours d'une rencontre avec des journalistes le 1er mars 1999, que les autorités municipales étaient [traduction] « prêtes à prendre des mesures plus énergiques pour contrer les activités non autorisées des partis politiques radicaux » (Itar-Tass 1er mars 1999). L'agence Itar-Tass précise que des membres de l'UNR de la région avaient entrepris des actions politiques qui ont donné lieu à cet [traduction] « avertissement » (ibid.).

La police de Saint-Pétersbourg aurait appréhendé des membres de l'UNR presque chaque jour au début mars 1999 (Itar-Tass 13 mars 1999). Le 13 mars 1999, par exemple, huit membres de l'UNR ont été arrêtés pendant qu'ils distribuaient des exemplaires du journal Russky Poryadok (ibid.). La police allait tenter de relever des [traduction] « éléments d'extrémisme politique » dans les documents saisis (ibid.). L'arrestation de quatre autres partisans de l'UNR a également été signalée le 12 mars 1999, sans en préciser le motif (ibid.).

Un article publié le 23 mars 1999 dans l'Express Chronicle révèle que trois cours de district de Saint-Pétersbourg ont commencé à examiner des causes impliquant une vingtaine de membres de l'UNR. Ceux-ci étaient accusés, notamment, de la [traduction] « production et distribution illégales de propagande », de plusieurs infractions administratives et [traduction] « [d']inconduite mineure » (ibid.). Le tribunal de Moskovsky a renvoyé à la police les causes de quatre membres de l'UNR pour qu'elle effectue un [traduction] « suivi », tandis que le tribunal de Frunzensky a retiré les accusations en raison de l'absence d'un « corpus delicti » (ibid.). Le juge Sergei Kouznetsov, appelé à commenter la décision de la cour, a indiqué que les membres de l'UNR avaient prouvé qu'ils n'étaient pas en train de distribuer de la propagande : ils auraient plutôt échappé les documents qu'ils étaient en train de lire (ibid.). Aucune information supplémentaire sur ces procès n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

L'UNR a organisé des réunions dans dix villes de Russie, y compris Saint-Pétersbourg, les 20 et 21 mars 1999 (Kommersant 23 mars 1999). La police de Saint-Pétersbourg a interrompu une rencontre à laquelle assistaient 30 participants (ibid.). Le 20 mars 1999, l'agence Itar-Tass signalait que la police avait appréhendé onze membres de l'UNR qui avaient tenté de tenir une réunion sans l'approbation des autorités de Saint-Pétersbourg. Des représentants de l'UNR affirment que la police a relâché ces onze membres après avoir vérifié qu'aucun d'entre eux ne figurait sur la liste des individus recherchés (ibid.). Les représentants de l'UNR ont ajouté que la police ne les a pas questionnés sur leurs [traduction] « activités de propagande » (ibid.).

Le 28 avril 1999, un projet de loi sur les [traduction] « obligations administratives relatives à la production, à la distribution et à l'exposition de symboles nazis sur le territoire de Saint-Pétersbourg » aurait été adopté à l'unanimité par l'assemblée législative municipale après la première lecture (Express Chronicle 10 mai 1999). En vertu de cette loi, on punirait l'exhibition des symboles nazis sur les bannières, les affiches et les uniformes, la production et la distribution de tout matériel nazi (imprimé, illustré ou filmé) ainsi que l'utilisation de salutations du Parti national-socialiste des travailleurs allemands ou du parti fasciste italien (ibid.). Les sanctions iraient d'un avertissement à une amende de 25 à 100 fois plus élevée que le salaire minimum (ibid.). Cependant, la définition exacte d'un symbole nazi restait à établir : les commissions administratives du district se chargeraient de cette tâche, à titre d'organe responsable de l'émission des sanctions relativement au non-respect de la loi en question (ibid.). Selon le député qui a présenté le projet de loi, Vadim Tyulpanov, la loi s'applique aux symboles utilisés par l'UNR (ibid.).

Les autorités ont arrêté, le 29 avril 1999, des membres de l'UNR impliqués dans un groupe criminel et les ont accusés d'avoir [traduction] « installé des explosifs dans l'école no 575 du district de Tsentralnoe et prévu d'attaquer deux ou trois autres cibles importantes sur le plan de la vie sociale dans le cadre d'une tentative d'extorsion » (UCSJ déc. 1999, 43). Des experts sont d'avis que les explosifs auraient pu détruire l'école (ibid.).

L'UNR aurait fait imprimer à Saint-Pétersbourg un million d'exemplaires de ses dépliants, qui ont été distribués à Tallinn, capitale de l'Estonie (BNS 7 mai 1997).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


ANTIFA Info-Bulletin [San Francisco]. 13 février 1996. « A Nationalist Leader is Condemned in St. Petersburg ». http://burn.ucsd.edu/~aff/AFIB/afib-s7.html [Date de consultation : 25 août 2000]

BNS [Tallinn, en anglais]. 7 mai 1999. « Nationalist Russian Party Leaflets Appear in Estonian Capital ». (BBC Worldwide 8 mai 1999/NEXIS)

Express-Chronicle [Moscou, en anglais]. 10 mai 1999. « What Does a Swastika Look Like? ». http://www.online.ru/sp/chronicle-eng/103-May-99/303-eng.htm [Date de consultation : 21 août 2000]

_____. 23 mars1999. Ivan Shcheglov et Marina Bogdanova. « Opposing Nationalists ». http://www.online.ru/mlists/expchronicle/chronicle-weekly/23-Mar-99/2.rhtml [Date de consultation : 21 août 2000]

Itar-Tass [Moscou, en russe]. 20 mars 1999. « Police Detain 11 Nationalists in Abortive Rally ». (FBIS-SOV-1999-0320 22 mars 1999/WNC)

_____. 13 mars 1999. « Itar-Tass Review of Incidents in CIS on March 13 ». (NEXIS)

_____. 1er mars 1999. « Russia: St Petersburg Authorities Vow to Take Tough Measures Against Radicals ». (BBC Worldwide 1er mars 1999/NEXIS)

_____. 6 décembre 1997. « Nationalists Hold Congress in St. Petersburg ». (BBC Summary 9 déc. 1997/NEXIS)

Izvestiya [Moscou, en russe]. 26 février 1999. « Plans to Monitor Media Reports on Political Extremism ». (BBC Summary 5 mars 1999/NEXIS)

Kommersant [Moscou]. 23 mars 1999. « We Have no Definitions of Fascism ». (What the Papers Say 24 mars 1999/NEXIS)

Nezavisimaya Gazeta [Moscou]. 21 avril 1998. Albert Shatrov. « The Nazis from Voronezh Have Taken St. Petersburg under their Patronage ». (What the Papers Say 22 avr. 1998/NEXIS)

The St. Petersburg Times. 27 avril 1999. Dmitry Babich. « Rising Nazi Movement Quashed by Luzhkov ». http://www.times.spb.ru/archive/times/461/news/n_nazi.htm.htm [Date de consultation : 18 août 2000]

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Union of Councils for Soviet Jews (UCSJ). Décembre 1999. Antisemitism, Xenophobia and Religious Persecution in Russia's Regions 1998-1999. Washington, DC : Union for Councils of Soviet Jews (UCSJ).

_____. Mars 1999. Vyacheslav Sukhachev. Some Mainstreams in Extremist Movements (Saint Petersburg and the Northwestern Region). http://www.fsumonitor.com/stories/StPeteRepSukhachev.shtml [Date de consultation : 25 août 2000]

Autres sources consultées


Bases de données de la CISR

LEXIS/NEXIS

Sites Internet, y compris :

Amnesty International (AI)

Anti-Defamation League (ADL) [New York]

Anti-Fascist Action (AFA) [Londres]

Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH)

Fédération internationale Helsinki pour les droits de l'homme

Human Rights Watch (HRW)

Institute for Jewish Policy Research

The Moscow Times

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL)

St. Petersburg Times

The Stephen Roth Institute for the Study of Contemporary Anti-Semitism and Racism at Tel Aviv University

Transitions

World News Connection (WNC)

Associated documents