Document #1129630
IRB – Immigration and Refugee Board of Canada (Author)
L'excision au Sénégal est toujours pratiquée, surtout chez les musulmans (États-Unis 1er juin 2001) et surtout chez les filles âgées de 4 à 12 ans, même si elle peut se pratiquer chez les adultes également (BBC 23 sept. 2003). Toutefois, selon un rapport du Département d'État des États-Unis, l'excision est pratiquée chez les fillettes de 2 à 5 ans (1er juin 2001). Le même rapport indique que l'excision est pratiquée chez les Peuls et les Bambaras, tandis qu'elle est presque inexistante chez les chrétiens (États-Unis 1er juin 2001). Bien que la loi sénégalaise interdise l'excision (ibid.), aucun exemple d'une situation où l'État a protégé une fille ou une femme contre l'excision n'a pu être trouvé par la Direction des recherches dans les délais prescrits pour cette réponse.
Pratique/fréquence
Un article de l'Agence France-Presse (AFP)
signale que « [s]elon les chiffres officiels du "Plan
d'action national pour l'abandon de la pratique des MGF
[mutilations génitales féminines]", 20 % de la
population féminine est excisée, avec des taux
atteignant 100 % dans certaines zones du nord du pays » (6
mars 2004). En raison de l'urbanisation, l'excision commence
cependant à être moins pratiquée
(États-Unis 1er juin 2001). Selon le rapport du
Département d'État des États-Unis, la pratique
est le plus répandue au sein des groupes musulmans de l'est
du pays (ibid.).
Un article de la BBC et un article trouvé sur le site Web Surefish.co.uk indiquent que l'excision est commune au sein des communautés suivantes au Sénégal : Mandingos, Jollas, Jalunges, Jahangas (BBC 23 sept. 2003), Fulanis [Peuls] (ibid.; Surefish.co.uk 20 janv. 2005) et Toucouleurs (ibid.). Selon le rapport du Département d'État des États-Unis, l'excision est toujours pratiquée chez les Peuls et les Toucouleurs, ainsi que chez les Diolas, Mandingos, Sarkolés, Mandés, Tendas et Bambaras (1er juin 2001; voir aussi Nations Unies 27 févr. 2003, paragr. 490).
Protection offerte par l'État et sensibilisation
En janvier 1999, le Sénégal a
ajouté à son code pénal l'article 299, qui
interdit l'excision (Human Rights Tribune mars 2000; voir
aussi Africa Recovery 22 avr. 2003; CRLP nov. 2004). La
sanction prévue à cet article pour les parents ainsi
que pour la personne qui pratique l'excision est une peine
d'emprisonnement de six mois à cinq ans (UIP 3 mars 2002;
voir aussi Human Rights Tribune mars 2000; CNN 15 janv.
1999; États-Unis 1er juin 2001). La sanction maximale doit
être appliquée lorsque l'excision a été
faite ou organisée par un membre de la profession
médicale (UIP 3 mars 2002). Lorsque l'excision
résulte en la mort de la fille, ou lorsqu'une personne
utilise son influence et prend avantage de sa position
d'autorité pour encourager la pratique, la sanction
prévue est le travail forcé à vie
(ibid.).
La première arrestation effectuée en vertu de la nouvelle disposition a eu lieu en juillet 1999, lorsqu'une mère et une grand-mère qui avaient exigé l'excision d'une fille de cinq ans ont été appréhendées (Human Rights Tribune mars 2000). Un rapport du Centre pour les droits reproductifs indique que des arrestations et des poursuites judiciaires liées aux MGF ont été entreprises dans plusieurs pays africains, entre autres au Sénégal (nov. 2004). Cependant, selon le rapport du Département d'État des États-Unis, aucune condamnation n'a été proclamée depuis l'entrée en vigueur de la loi modifiant le code pénal (1er juin 2001).
Puisque la pratique se fait habituellement à un très jeune âge, les filles concernées ne sont pas en mesure de demander la protection de l'État (États-Unis 1er juin 2001). Par ailleurs, le Département d'État des États-Unis a indiqué dans son rapport qu'il n'était au courant d'aucun cas où l'État aurait offert une protection contre l'excision (ibid.). Selon le directeur régional de l'Organisation mondiale de la santé pour l'Afrique et la Méditerranée occidentale, la loi sénégalaise qui interdit l'excision a créé [traduction] « un environnement plus favorable pour les femmes, qui se sentent plus protégées » (OMS 1er févr. 2004). Toutefois, selon un article du Centre pour les droits reproductifs, [traduction] « [m]algré les dispositions juridiques qui protègent les femmes contre l'excision, les MGF et la violence conjugale, le Sénégal doit faire plus d'efforts pour promouvoir les droits des femmes, dont leurs droits reproductifs » (10 août 2001).
Depuis la fin des années 1990, le gouvernement du Sénégal, par l'entremise du ministère des Femmes, des Enfants et de la Famille, appuie des programmes de sensibilisation (États-Unis 1er juin 2001). En 2002, le gouvernement du Sénégal a lancé un plan d'action national pour éliminer l'excision qui comporte quatre volets : l'information, la mobilisation sociale, l'éducation et l'élaboration de cadres institutionnels (Nations Unies 23 janv. 2002). Le gouvernement, entre autres, tente d'aider les praticiennes de l'excision à se trouver une différente source de revenus (ibid. 24 janv. 2002).
Tostan, une organisation non gouvernementale (ONG), a joué un rôle de chef de file en informant la population sénégalaise des dangers de l'excision (Women's e-News 12 juill. 2003). L'ONG a utilisé ses programmes de sensibilisation sur les droits de la personne et sur les soins de santé pour encourager les discussions sur l'excision au sein des nombreuses communautés avec lesquelles elle a travaillé (ibid.; États-Unis 1er juin 2001). Depuis ses débuts, Tostan a notamment encouragé des centaines de villages à faire des déclarations renonçant à l'excision (Africa Recovery 22 avr. 2003). Plusieurs autres ONG travaillent à sensibiliser la population sur les effets de l'excision (États-Unis 1er juin 2001)
Dans certaines régions du Sénégal, comme celle de Kolda, les gens sont plus réticents à abolir la pratique puisqu'ils ne croient pas aux effets négatifs de l'excision sur les filles et croient que la tradition devrait prévaloir au-dessus des intérêts [traduction] « féministes » (AFP 5 févr. 2003).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
Africa Recovery [New York]. 22
avril 2003. Nirit Ben-Ari. « Changing Tradition to Safeguard
Women: Villagers Join Campaigns Against FGM ».
(AllAfrica.com) http://allafrica.com/stories/200304230409.html
[Date de consultation : 28 janv. 2005]
Agence France-Presse (AFP). 6 mars 2004.
« L'excision au Sénégal - "un problème
d'éducation" ». http://www.forum.sentoo.sn/read.php?f=7&i=9129&t=9129
[Date de consultation : 11 févr. 2005]
_____. 5 février 2003. Coumba
Sylla. « Some Villagers in Senegal Say Female Excision is
Fine Tradition ». (Dialog)
BBC. 23 septembre 2003. « Senegal
Villages Reject FGM ». http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/3132350.stm
[Date de consultation : 28 janv. 2005]
Centre pour les droits reproductifs
(CRLP). Novembre 2004. « Female Genital Mutilation (FGM):
Legal Prohibitions Worldwide ». http://www.crlp.org/pub_fac_fgmicpd.html
[Date de consultation : 28 janv. 2005]
_____. 10 août 2001. «
Senegal to Present Women's Rights Record Before the UN ».
(AllAfrica.com) http://allafrica.com/stories/200108130006.html
[Date de consultation : 1er févr. 2005]
CNN. 15 janvier 1999. « Female
Circumcision Outlawed in Senegal ». http://www.cnn.com/WORLD/africa/9901/15/senegal.01/
[Date de consultation : 1er févr. 2005]
États-Unis. 1er juin 2001.
Département d'État. Office of the Senior Coordinator
for International Women's Issues. « Senegal: Report on Female
Genital Mutilation (FGM) or Female Genital Cutting (FGC) ».
http://www.state.gov/g/wi/rls/rep/crfgm/10107.htm
[Date de consultation : 28 janv. 2005]
Human Rights Tribune. Mars
2000. Vol. 7, no 1. Ele Kowalsky. « Between Law and
Tradition: The Struggle Against FGM in Senegal ». http://www.hri.ca/tribune/viewArticle.asp?ID=2544
[Date de consultation : 4 févr. 2005]
Nations Unies. 27 février 2003.
Conseil économique et social. Integration of the Human
Rights of Women and the Gender Perspective.
(E/CN.4/2003/75/Add1) http://www.hri.ca/fortherecord2003/documentation/commission/e-cn4-2003-75-add1.htm
[Date de consultation : 14 févr. 2005]
_____. 24 janvier 2002. « Senegal:
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(Dialog)
_____. 23 janvier 2002. Réseaux
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« Programme to Eradicate FGM ». (AllAfrica.com) http://allafrica.com/stories/200201230691.html
[Date de consultation : 1er févr. 2005]
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Switzerland ». http://www.ipu.org/wmn-e/fgm-prov-p.htm
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Adams Otis. « Senegal Program Eradicating FGM ». http://womensenews.com/article.cfm/dyn/aid/1630/context/cover
[Date de consultation : 28 janv. 2005]
Autres sources consultées
Sites Internet, y compris :
Country Reports 2003, GTZ, Human Rights Internet,
International Planned Parenthood Foundation.