Document #1125796
IRB – Immigration and Refugee Board of Canada (Author)
Selon l'International Religious Freedom Report 2005 (IRFR 2005), les statistiques les plus récentes du Bureau central de statistiques indonésien (Indonesian Central Statistic Bureau) (publiées à la suite du recensement de l'an 2000) révèlent que 88,2 p. 100 de la population se considère musulmane; 5,9 p. 100, protestante; 3,1 p. 100, catholique; 1,8 p. 100, hindoue; 0,8 p. 100, bouddhiste; et 0,2 p. 100, [traduction] « autre » (8 nov. 2005, sect. I). Freedom House a publié des chiffres voisins, à savoir : musulmans, 88 p. 100; protestants, 5 p. 100; catholiques, 3 p. 100 et autres religions, 4 p. 100 (juill. 2005). L'Agence France-Presse (AFP) a affirmé qu'environ 9 p. 100 des Indonésiens sont chrétiens (30 août 2005), pour environ 8 p. 100 de la population selon le journal The Times (25 juill. 2005).
Conversion
L'IRFR 2005 donne l'information suivante sur les conversions :
[traduction]
Il y a des conversions volontaires et légales, mais elles suscitent la controverse. Certaines personnes se convertissent pour épouser une personne d'une autre religion; d'autres se convertissent convaincus par le prosélytisme religieux ou les activités sociales organisées par des groupes religieux. Certains musulmans ont accusé des missionnaires chrétiens d'inciter les musulmans pauvres à se convertir en leur offrant de la nourriture et des programmes de micro-crédit. Certains convertis se sont sentis obligés de passer sous silence leur conversion pour des raisons familiales et sociales (8 nov. 2005, sect. III).
Selon le Jakarta Post, [traduction] « la loi indonésienne interdit la pratique du prosélytisme religieux auprès des personnes pratiquant une autre religion » (11 janv. 2006). D'autres sources ont signalé qu'il était interdit, en fait, de convertir un musulman (The Straits Times 30 juill. 2005; The Post and Courier 25 déc. 2005). D'après certaines sources, des groupes musulmans sont persuadés que des chrétiens tentent de convertir des musulmans au christianisme (AFP 30 août 2005; The Jakarta Post 30 août 2005).
À la suite de la catastrophe provoquée par le tsunami, diverses sources ont affirmé que certaines personnes considéraient les opérations de secours comme des tentatives de conversion des victimes musulmanes du tsunami au christianisme (The Straits Times 6 janv. 2005; DHSF 14 janv. 2005; The Courier-Mail 11 janv. 2005; The Jakarta Post 11 janv. 2006). Cependant, selon The Jakarta Post [traduction] « [il] n'existe aucune preuve concluante que des tentatives de conversion ont réellement eu lieu et que personne ne sait combien d'habitants d'Aceh ont été convertis après l'arrivée des travailleurs internationaux » (ibid.). Malgré cela, ces allégations ont été la cause d'angoisse dans toute la population (ibid.). Selon un représentant de l'Agence de réhabilitation et de reconstruction (Rehabilitation and Reconstruction Agency - BRR), organisation qui étudie les groupes religieux à Aceh, il n'existe aucune preuve selon laquelle des groupes participant aux opérations de secours à la suite de la catastrophe du tsunami se trouvaient en Indonésie dans un but d'évangélisation et [traduction] « les fondamentalistes musulmans exagèrent le problème afin de servir leurs intérêts politiques propres » (The Post and Courier 25 déc. 2005). Cité dans un article du Post and Courier, un directeur régional de l'International Crisis Group (ICG) a qualifié la conversion au christianisme [traduction] « de l'un des [sujets] actuels les plus explosifs en Indonésie » (ibid.). Le représentant de l'ICG a également déclaré que l'existence de preuves d'évangélisation [traduction] « constituerait un formidable outil de propagande pour certains groupes fondamentalistes [musulmans] [...] [car elles] s'inscrivent dans la thèse du complot judéo-chrétien visant à détruire l'islam » (ibid.). Toutefois, aucune information sur une campagne d'évangélisation chez les musulmans n'a été trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.
L'article susmentionné du Post and Courier indique également [traduction] « [que], traditionnellement, en vertu de la charia, la conversion d'un musulman est considérée comme une apostasie et est sanctionnée par la peine de mort. De nos jours, cette sanction est rarement appliquée, mais même des rumeurs de conversion peuvent être socialement dévastatrices » (The Post and Courier 25 déc. 2005). Aucune information sur le traitement des Indonésiens convertis au christianisme n'a été trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.
Conversion forcée
Selon l'IRFR 2005, [traduction] «
aucun cas de conversion forcée n'a été
signalé » (8 nov. 2005, sect. II). Dans le même
ordre d'idées, un représentant de la Campagne pour
les droits humains en Indonésie (Indonesia Human Rights
Campaign - TAPOL) a déclaré dans une communication
écrite en date du 6 mars 2006 qu'il [traduction] «
n'avait constaté aucun cas de conversion forcée.
Cependant, il y a eu plusieurs manifestations contre des
églises dans certaines régions, où la police
locale a offert sa protection ».
Diverses sources ont signalé que trois Indonésiennes chrétiennes avaient été accusées en 2005 d'avoir tenté de convertir des enfants musulmans au christianisme (The Times 25 juill. 2005; ICC 7 févr. 2006; Reuters 7 sept. 2005; IRFR 2005 8 nov. 2005, sect. II), et avaient été condamnées à une peine d'emprisonnement de trois ans (Reuters 7 sept. 2005; ICC 7 févr. 2006), décision qui a été confirmée par la Cour suprême indonésienne à la suite d'un appel (ibid.). Aucune information sur des cas de conversion forcée de chrétiens à l'islam n'a été trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.
Charia
Un représentant de la TAPOL a
déclaré dans une communication écrite en date
du 6 mars 2006 que la charia n'était appliquée
qu'à Aceh et que son application pouvait causer des
problèmes, puisque les sanctions pour violation
présumée de la charia semblent être
fondées sur une interprétation plus restrictive de la
loi que celle à laquelle sont habitués les habitants
d'Aceh. L'IRFR 2005 a corroboré que la charia n'était
appliquée que dans la province d'Aceh (8 nov. 2005, sect.
II).
Selon un membre de la Cour suprême indonésienne, [traduction] « [l]e tribunal de la charia [...] n'utiliserait pas les codes civil et pénal, mais bien des qanuns, décrets émis par les administrations locales, qui régissent les lois officielles et matérielles sur des sujets précis » (AFP 12 oct. 2004). Il a ajouté que les décisions prises par le tribunal de la charia seraient toujours contestées en appel, en dernière instance, devant la Cour suprême et que les affaires des non-Musulmans seraient entendues par des tribunaux ordinaires (ibid.).
Fatwas sur la conversion
Selon le Jakarta Post, le Conseil
des oulémas indonésiens (Indonesian Ulemas Council -
MUI) a lancé 11 fatwas (6 août 2005). Bien
que l'article ne dise pas si'il y a des fatwas qui
portaient sur la conversion en particulier, selon Ahmad Syafii
Maarif, interviewé dans le cadre de l'article, la
jurisprudence islamique prévoit qu'un musulman qui se
convertit sera puni et [traduction] « même
exécuté » (The Jakarta Post 6
août 2005). Toutefois, M. Maarif a signalé que les
éléments à l'appui de cette décision
étaient [traduction] « rares » dans le Coran
(ibid.). Aucun cas d'exécution de musulmans
apostats n'a été trouvé parmi les sources
consultées par la Direction des recherches.
Émeutes contre les Chinois
Selon le Minority Rights Group
International (MRG), [traduction] « plusieurs lois
discriminatoires à l'égard des Chinois
indonésiens ont été abrogées »
(s.d.). Un journal a signalé que des rumeurs couraient selon
lesquelles des victimes du tsunami d'origine chinoise faisaient
l'objet de discrimination de la part des travailleurs humanitaires
et que des entreprises de Chinois indonésiens avaient
été pillées (The Straits Times 6
janv. 2005). Pour ce qui est de la poursuite des personnes
impliquées dans les émeutes de 1998 contre les
Chinois de souche en Indonésie, un représentant de la
TAPOL a déclaré ce qui suit dans une communication
écrite en date du 6 mars 2006 : [traduction] « aucune
mesure n'a été prise pour poursuivre les responsables
des émeutes, selon une pratique courante, durant et
après l'ère Suharto, de ne pas poursuivre des
contrevenants ». Dans le même ordre d'idées, les
Country Reports 2004 ont signalé que [traduction]
« [l]e gouvernement avait été incapable
d'accomplir des progrès relativement à
l'identification des responsables des émeutes de 1998
» (28 févr. 2005, sect. 1.c).
Selon Paras Indonesia, site Internet analysant les problèmes touchant l'Indonésie :
[traduction]
Il y a eu plusieurs tentatives pour enquêter sur les assassinats et les émeutes, mais l'élite politique de la nation s'est comportée en général de façon trop timorée ou indifférente pour révéler l'identité des instigateurs [des émeutes] pendant les jours sombres de mai 1998. Les autorités se sont contentées de dénicher quelques policiers qui ont servi de boucs émissaires afin de rendre un semblant de justice.
En août 1998, un tribunal militaire rigoureusement dirigé a condamné deux policiers à des peines d'emprisonnement de 10 mois et de 4 mois respectivement pour avoir outrepassé les ordres ou désobéi aux ordres en permettant à leurs subordonnés de faire feu sur des étudiants non armés. Plus tard cette même année, quatre policiers ont également été reconnus coupables d'entorse à la procédure relativement à l'incident de Trisakti. Personne n'a été accusé de meurtre (16 août 2005).
La Commission nationale indonésienne sur les droits de la personne (Indonesian National Commission on Human Rights - Komnas HAM) a identifié 56 suspects relativement aux émeutes et aux assassinats de 1998 et a déclaré que le Bureau du procureur général devrait enquêter sur ces personnes et les poursuivre (Paras Indonesia 16 août 2005). Cependant, les Country Reports 2004 ont signalé que l'enquête de 2003 de la Komnas HAM sur les émeutes avait permis d'identifier 20 suspects (28 févr. 2005, sect. 1.c). La Komnas HAM a rédigé un rapport à la suite de son enquête, lequel a été présenté au Bureau du procureur général dans l'espoir que celui-ci effectue sa propre enquête; cependant, le Bureau a retourné le document [traduction] « en raison, semble-t-il, de l'absence de témoignages de membres clés des forces de sécurité » (Country Reports 2004 28 févr. 2005, sect. 1.c). Paras Indonesia a mentionné que [traduction] « le Bureau du procureur général, tristement célèbre pour la corruption qui y règne, a refusé d'effectuer un suivi du rapport parce qu'un comité parlementaire spécial sur les incidents de Trisakti et de Semanggi a déclaré en juillet 2001 que ces assassinats n'étaient pas des violations flagrantes des droits de la personne » (Paras Indonesia 16 août 2005). Toutefois, le 30 juin 2005, la troisième commission du Parlement sur la loi et les droits de la personne a recommandé la tenue d'une nouvelle enquête sur les assassinats (ibid.; AHRC 8 juill. 2005).
Selon la Commission des droits de la personne asiatique (Asian Human Rights Commission - AHRC), [traduction] « on a demandé à trois tribunaux militaires d'enquêter sur les assassinats, et 15 officiers ont été reconnus coupables; toutefois, aucun officier supérieur n'a été tenu responsable. De plus, les incidents n'ont fait l'objet d'aucune enquête judiciaire indépendante » (8 juill. 2005 ibid.). Les Country Reports 2005 ont signalé que la progression de l'enquête sur les émeutes de 1998 et des poursuites à cet égard était freinée par une question juridique : toute enquête sur des violations graves des droits de la personne s'étant produites avant 2000 ne peut être effectuée que par un tribunal spécial des droits de la personne, ce que n'est pas la Komnas HAM; ce tribunal ne peut être formé que sur recommandation de la Chambre des représentants, une fois que celle-ci a reçu des renseignements détaillés sur l'incident (8 mars 2006, sect. 4). Par conséquent, il y a impasse, car la Chambre des représentants a besoin d'une enquête sur les émeutes, autre que celle effectuée précédemment par la Komnas HAM, pour pouvoir approuver la création d'un tribunal spécial des droits de la personne qui enquêtera sur les émeutes; l'affaire ne peut donc progresser (Country Reports 2006 8 mars 2006, sect. 4).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
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août 2005. « Indonesian Police to Protect Licensed
Christian Churches From Closure ». (Factiva)
_____. 12 octobre 2004. « Islamic
Court System Inaugurated in Indonesia's Restive Aceh ».
(Factiva)
Asian Human Rights Commission (AHRC). 8
juillet 2005. « AHRC Urges Indonesian MPs to Recommend
Tribunal on Trisakti and Semanggi Killings ». http://www.ahrchk.net/pr/mainfile.php/2005mr/206
[Date de consultation : 6 mars 2006]
Country Reports on Human Rights
Practices for 2005. 8 mars 2006. « Indonesia ».
United States Department of State. http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2005/61609.htm
[Date de consultation : 9 mars 2006]
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Practices for 2004. 28 février 2005. « Indonesia
». United States Department of State. http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2004/41643.htm
[Date de consultation : 9 mars 2006]
The Courier-Mail [Brisbane]. 11
janvier 2005. Clive Williams. « Aceh's Double Jeopardy
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Droits de l'homme sans frontières
(DHSF). 14 janvier 2005. « Sri Lanka: Christian Aid Unwanted
and Even Unlawful in South Asia ». http://www.hrwf.net/html/2005PDF/Sri_Lanka_2005.pdf
[Date de consultation : 14 mars 2006]
Freedom House. Juillet 2005. «
Indonesia ». Freedom in the World 2005. http://www.freedomhouse.org/inc/content/pubs/fiw/inc_country_detail.cfm?country=6755&pf
[Date de consultation : 17 févr. 2006]
The Indonesia Human Rights Campaign
(TAPOL). 6 mars 2006. Communication écrite envoyée
par un représentant.
International Christian Concern (ICC). 7
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[Date de consultation : 3 mars 2006]
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[Date de consultation : 16 févr. 2006]
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_____. 30 août 2005. «
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_____. 6 août 2005. « MUI
Does Not Fully Understand Our Political and Social Map ».
(Factiva)
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[Date de consultation : 3 mars 2006]
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« Relief Workers "Tried to Convert Victims" ».
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The Times [Londres]. 25 juillet
2005. Nick Meo. « Christians Face Jail for Giving Treats to
Children of Muslims ». (Factiva)
Autres sources consultées
Sources orales :
Solidarité chrétienne mondiale (Christian Solidarity
Worldwide - CSW) et la Commission nationale indonésienne sur
les droits de la personne (Indonesian National Commission on Human
Rights - Komnas HAM) n'ont pas donné d'information dans les
délais prescrits pour la réponse.
Sites Internet, y compris :
Amnesty International (AI), Antara News, Asia Times
Online, The Christian Science Monitor, Christian
Solidarity Worldwide (CSW), Droits de l'homme sans
frontières (DHSF), Factiva, Fédération
internationale Helsinki pour les droits de l'homme (IHF), Forum 18,
Freedom House, Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de
l'homme (HCDH), Human Rights Watch (HRW), Indonesia Human Rights
Campaign (TAPOL), Indonesian National Commission on Human Rights
(Komnas HAM), Inside Indonesia, Institute of Southeast
Asian Studies (ISEAS), International Christian Concern (ICC),
International Coalition for Religious Freedom (ICRF), International
Crisis Group (ICG), International NGO Forum on Indonesian
Development (INFID), IslamOnline.net, Minority Rights Group
International (MRG), US Department of State, WorldWide Religious
News (WWRN).