Iraq: Security situation in Dohuk [Dahuk], including ISIS (Islamic State of Iraq and Syria, or Islamic State of Iraq and al-Sham) [Islamic State (IS), Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL), Daesh] activities and targeting of Christians; treatment of Christians by Kurdish authorities in Dohuk, including state protection (2014-March 2016) [IRQ105461.E]

Iraq : information sur la situation en matière de sécurité dans le Dohuk [Dahuk], y compris sur les activités du groupe EIIS (État islamique en Iraq et en Syrie, ou État islamique d’Iraq et d’al-Cham) [aussi appelé État islamique (EI), État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) ou Daech] et la prise pour cible de chrétiens; le traitement réservé aux chrétiens par les autorités kurdes dans le Dohuk, y compris la protection offerte par l’État (2014-mars 2016)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Dohuk est [traduction] « le gouvernorat le plus septentrional de l’Iraq, comptant une population totale de 505 491 habitants » et, « avec les provinces d’Erbil et de Souleimaniye, il fait partie de la région administrée par le gouvernement régional du Kurdistan (Kurdistan Regional Government - KRG) » (OIM 30 avr. 2015). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un représentant du KRG aux États-Unis a déclaré que la ville de Dohuk se trouve à environ 35 kilomètres du plus proche territoire occupé par l’EIIS (KRG 4 mars 2016). De même, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chargé de recherches à l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) [1] à Erbil, qui a publié plusieurs articles sur l’histoire du peuple kurde, a affirmé que la ville de Dohuk se trouve à environ 30 kilomètres de la ligne de front avec l’EIIS et à 40 kilomètres de Mossoul [une ville sous l’emprise de l’EIIS (É.-U. 4 déc. 2015)] (chargé de recherches 24 févr. 2016). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un journaliste pigiste établi à Erbil qui a travaillé pour plusieurs médias, y compris Al Jazeera, et qui a rédigé des articles sur la situation des Kurdes en Iraq, en Syrie et en Turquie, a signalé que la ligne de front de l’EIIS est [traduction] « à moins […] [d’]une heure de route » de Dohuk (22 févr. 2016).

D’après des renseignements publiés par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies, il y avait 405 846 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) dans le gouvernorat de Dohuk en date du 6 février 2016 (Nations Unies 6 févr. 2016).

1.1 Situation en matière de sécurité

Dans une mise à jour en date de février 2016 sur son site Internet, Affaires mondiales Canada recommande [version française du Canada] « d’éviter tout voyage non essentiel » dans le Dohuk (Canada 16 févr. 2016). Les gouvernements du Canada et du Royaume-Uni ont fait une mise ne garde selon laquelle la situation en matière de sécurité dans la région du Kurdistan iraquien pourrait [version française du Canada] « se détériorer rapidement » (ibid.; R.-U. 21 déc. 2015). Sur sa page Internet de conseils aux voyageurs en Iraq, le gouvernement du Royaume-Uni affirme que [traduction] « [m]ême si le contexte de sécurité dans la région du Kurdistan est différent de celui qui prévaut dans le reste de l’Iraq, Daech contrôle des territoires avoisinants » (ibid.). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au bureau du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à Amman a déclaré que

[traduction]

[l]es lignes de front actuelles du conflit dans le Nord de l’Iraq […] restent très proches des principaux centres d’administration et de communication stratégique des gouvernorats d’Erbil, de Dohuk et de Souleimaniye. L’ouverture d’une brèche dans la ligne de front par l’EIIS constituerait une menace très grave pour la population civile dans [la région du Kurdistan] (Nations Unies 9 mars 2016).

Par contre, priées de commenter la situation en matière de sécurité dans le gouvernorat de Dohuk, des sources jointes par la Direction des recherches l’ont qualifiée de [traduction] « relativement sûre » (chercheur 23 févr. 2016) ou de [traduction] « satisfaisante » (chargé de recherches 24 févr. 2016). Le journaliste pigiste a déclaré que la proximité de la ligne de front avec l’EIIS [traduction] « n’a pas d’incidences sur la ville de Dohuk » (22 févr. 2016). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un journaliste indépendant et chercheur à l’Université Harvard, qui a fait des reportages sur la guerre contre l’EIIS dans la région du Kurdistan iraquien, a signalé que [traduction] « la situation actuelle en matière de sécurité dans […] le gouvernorat de Dohuk est relativement stable » (journaliste indépendant 23 févr. 2016). Selon la même source, la ligne de front [traduction] « a peu bougé au cours de la dernière année » (ibid.).

Des sources affirment que, à part l’EIIS, aucun autre groupe fondamentaliste musulman n’est actif dans le gouvernorat de Dohuk (ibid.; KRG 4 mars 2016; ISHR 2 mars 2016).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chercheur au Centre Carnegie pour le Moyen-Orient (Carnegie Middle East Center) [2], qui est également doctorant à l’Université de Cambridge et dont les recherches portent sur l’Iraq, l’Iran et les questions kurdes, a affirmé qu’il y a 

[traduction]

[u]ne radicalisation accrue dans la région du Kurdistan (c’est-à-dire des Kurdes qui s’associent à l’idée d’un État islamique). Bien que ces forces demeurent relativement peu nombreuses, [elles] prennent de l’ampleur (chercheur 23 févr. 2016).

Toutefois, d’après le journaliste pigiste, bien que certains Kurdes se soient initialement joints à des groupes djihadistes et aient combattu les peshmergas [3], aujourd’hui [traduction] « la plupart » des membres kurdes de l’EIIS ont été tués (22 févr. 2016). Selon le journal en ligne de langue anglaise Iraqi News, à la fin de septembre 2015, un représentant du KRG a annoncé la mort de [traduction] « plus de 250 activistes kurdes parmi les rangs de l’EIIS » et a soutenu « [qu’]il reste seulement 100 Kurdes armés dans les rangs de l’organisation » (30 sept. 2015).

Des sources signalent que, en juillet 2015, la Turquie s’est mise à faire des frappes aériennes contre de prétendues positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le Nord de l’Iraq (The New York Times 25 juill. 2015; AI 11 août 2015). D’autres sources affirment qu’il y a aussi eu des frappes aériennes dans la province de Dohuk (Rudaw 18 sept. 2015; Iraqi News 13 déc. 2015; PressTV 4 févr. 2016). Amnesty International (AI) signale que, le 1er août 2015, des frappes aériennes turques [version française d’AI] « ont tué huit habitants et blessé au moins huit autres personnes » dans le village de Zergele [dans le gouvernorat d’Erbil] (AI 11 août 2015).

1.2 Menace posée par l’EIIS

D’après le journaliste pigiste, [traduction] « la menace posée par [l’EIIS] était très importante en août 2014, lorsque [l’EIIS] a attaqué [la région du Kurdistan]. Mais maintenant, il y a de fréquentes frappes aériennes de la coalition américaine, et la région est sûre » (22 févr. 2016). De même, au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, le président de la Société iraquienne pour les droits de la personne - Canada (Iraqi Society of Human Rights - Canada, ou ISHR), une organisation sans but lucratif enregistrée à Toronto ayant pour mission [traduction] « [d’]aider les personnes déplacées en Iraq et [d’]accroître la sensibilisation à la menace que posent l’EIIL et d’autres groupes extrémistes » (ISHR s.d.), a déclaré que [traduction] « Dohuk est à l’abri de l’EIIS » grâce à la présence « dans la région » de combattants kurdes de l’Iraq et de la Syrie et de la coalition internationale (ibid. 24 févr. 2016). Le représentant du KRG aux États-Unis a affirmé que [traduction] « l’EIIS ne constitue pas un danger pour le gouvernorat de Dohuk » en raison du contrôle exercé par les forces de sécurité kurdes, en précisant que, dans l’ensemble de la région du Kurdistan, « 130 000 peshmergas […] sont postés le long d’une frontière [de 240 kilomètres] avec le territoire de l’EIIS » (KRG 4 mars 2016).

Toutefois, selon le président de l’ISHR, [traduction] « [i]l existe toujours le risque d’un attentat terroriste à l’intérieur du territoire » (24 févr. 2016). De même, le journaliste indépendant a affirmé que [traduction] « l’attentat à Erbil en avril 2015 a démontré que l’EIIS est en mesure de mener des activités à l’intérieur des frontières » de la région du Kurdistan iraquien, ajoutant que « les agresseurs semblent jouir d’une certaine liberté de mouvement au sein du Kurdistan » et que, « [à] Dohuk, il semble y avoir peu de mesures de contrôle contre les gens qui entrent dans la ville avec des armes » (journaliste indépendant 23 févr. 2016). Selon la même source, il y a probablement de petits groupes liés à l’EIIS dans la région du Kurdistan iraquien (ibid.).

2. Incidents et attentats perpétrés par l’EIIS dans le gouvernorat de Dohuk (2015-mars 2016)

Le représentant du KRG aux États-Unis a déclaré qu’il n’y a eu aucun attentat terroriste à Dohuk depuis le début de 2015 (KRG 4 mars 2016). De même, trois sources jointes par la Direction des recherches ont affirmé qu’elles n’étaient au fait d’aucun attentat terroriste dans le gouvernorat de Dohuk depuis le début de 2015 (journaliste pigiste 22 févr. 2016; journaliste indépendant 23 févr. 2016; ISHR 24 févr. 2016). Le chercheur du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient a affirmé [traduction] « [qu’]il n’y a pas eu d’attentat "terroriste" majeur » dans le Dohuk depuis 2015 (23 févr. 2016), tandis que le journaliste pigiste a déclaré que, [traduction] « en général, il n’y a pas beaucoup d’incidents qui puissent être qualifiés de très graves » (22 févr. 2016).

Sur sa page Internet comportant une mise en garde aux voyageurs qui comptent se rendre en Iraq, le Département d’État des États-Unis signale que 

[traduction]

[l]es attentats terroristes sont moins fréquents dans la région du Kurdistan iraquien que dans les autres parties du pays, même si le gouvernement régional du Kurdistan (KRG), les installations gouvernementales américaines et les intérêts occidentaux demeurent des cibles potentielles, comme en témoigne l’attentat à la bombe survenu le 17 avril [2015] dans la zone publique à l’extérieur du consulat général des États-Unis à Erbil (É.-U. 4 déc. 2015).

3. Crise économique et politique

Priées de commenter la situation en matière de sécurité dans le gouvernorat de Dohuk, des sources ont fait renvoi à la crise économique et politique actuelle dans la région du Kurdistan iraquien, qu’elles percevaient comme une menace à la sécurité (ISHR 24 févr. 2016; chargé de recherches 24 févr. 2016). Selon des sources, la crise économique se caractérise par :

  • une quasi-faillite de la région (Reuters 9 oct. 2015);
  • de très faibles investissements (ISHR 24 févr. 2016);
  • le non-paiement des salaires des employés du secteur public pendant plusieurs mois (chargé de recherches 24 févr. 2016; chercheur 23 févr. 2016), ainsi que des compressions salariales (ISHR 24 févr. 2016).

Selon des médias, il y a de l’agitation dans la région du Kurdistan à cause de la crise politique entourant la succession du président du KRG, Massoud Barzani, dont le mandat a pris fin en août 2015 (Middle East Eye 20 nov. 2015; Al Monitor 28 août 2015; Reuters 9 oct. 2015). Le président de l’ISHR a déclaré que [traduction] « [d]es fusillades liées à la situation politique surviennent [...] parfois dans le Dohuk » (24 févr. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Sur sa page Internet comportant une mise en garde aux voyageurs qui comptent se rendre en Iraq, le Département d’État des États-Unis recommande [traduction] « fortement » aux citoyens américains « d’éviter les manifestations et les grands rassemblements » partout au pays en raison de « la possibilité que les manifestations politiques deviennent violentes » (É.-U. 4 déc. 2015).

4. Traitement réservé aux chrétiens dans le Dohuk (2014-mars 2016)
4.1 Aperçu

Le représentant du KRG aux États-Unis a déclaré que [traduction] « [t]ous les chrétiens qui demeurent en Iraq sont dans [la région du Kurdistan], à l’exception de quelques chrétiens qui vivent à Bagdad » (KRG 4 mars 2016). Des sources ont affirmé que les chrétiens vivent en sécurité dans la région du Kurdistan (CNEWA 4 mars 2016; ISHR 24 févr. 2016; Iraqi Christian Relief Council 4 mars 2016). Le président de l’ISHR a signalé que, à sa connaissance, il n’y avait eu aucun incident majeur ciblant des chrétiens dans le Dohuk depuis 2014 (24 févr. 2016). Le représentant du KRG aux États-Unis a affirmé qu’il n’y a pas [traduction] « [d’]incidents systématiques » ciblant des chrétiens dans le Dohuk (KRG 4 mars 2016).

Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, une représentante du Conseil iraquien de secours chrétien (Iraqi Christian Relief Council), une ONG américaine d’aide humanitaire et de défense des droits ayant pour mission de [traduction] « soutenir et protéger les chrétiens assyriens persécutés » en Iraq et dans d’autres pays du Moyen-Orient (Iraqi Christian Relief Council s.d.), a affirmé que [traduction] « les chrétiens peuvent pratiquer leur religion librement » dans le Dohuk, ajoutant que « les Kurdes ont permis à de nombreux missionnaires de [travailler] dans la région du Kurdistan » (ibid. 4 mars 2016). De même, le chargé de recherches de l’Ifpo a affirmé que les églises sont [traduction] « bien établies » dans le Dohuk (24 févr. 2016). Le président de l’ISHR a affirmé que les chrétiens dans le Dohuk [traduction] « ont de bonnes relations avec les Kurdes » (24 févr. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Le chargé de recherches de l’Ifpo a fait observer que la population chrétienne dans le Dohuk a augmenté considérablement après l’invasion d’autres régions de l’Iraq par l’EIIS (24 févr. 2016). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un représentant de l’Association catholique d’aide au Proche-Orient (Catholic Near East Welfare Association - CNEWA) [4] a précisé que, sur une période d’un an et demi, 120 000 personnes, dont 100 000 chrétiens, sont arrivées dans la région du Kurdistan, la majorité d’entre elles étant arrivées au cours d’une période de quelques jours en août 2014 (4 mars 2016). Le président de l’ISHR a expliqué que les chrétiens dans le gouvernorat de Dohuk qui avaient fui l’EIIS vivent dans des camps de réfugiés ou des maisons fournies par l’église (2 mars 2016).

Selon le journaliste indépendant, les chrétiens [traduction] « sont en général très bien accueillis » (23 févr. 2016). Toutefois, des sources orales ont signalé que l’arrivée d’un grand nombre de PDIP au cours d’une brève période a engendré une certaine agitation sociale et déclenché quelques incidents, tels que des vols (KRG 4 mars 2016; CNEWA 4 mars 2016). Sans fournir de précisions, le représentant de la CNEWA a signalé qu’il y avait eu certaines agressions en 2014-2015; toutefois, il a affirmé que lorsqu’un chrétien est victime d’une agression par un non-chrétien, il ne s’ensuit pas nécessairement que l’agression est liée à son identité religieuse ou culturelle - elle est peut-être liée à sa situation de [traduction] « personne vulnérable » (ibid.). La même source a souligné que, à son avis, les chrétiens qui arrivent d’autres régions de l’Iraq sont vulnérables et, par conséquent, plus susceptibles d’être [traduction] « exploités » [que les habitants ordinaires du Kurdistan] (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Des sources ont souligné que, en ce qui a trait aux PDIP en général, la faible maîtrise de la langue kurde peut s’avérer un obstacle à l’intégration (chercheur 23 févr. 2016; CNEWA 4 mars 2016), y compris l’accès à l’emploi, à l’éducation et au logement (ibid.).

4.2 Traitement réservé par l’État

Le chercheur du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient a affirmé que 

[traduction]

[l]e KRG a eu pour politique d’accueillir les minorités en vue de montrer à ses alliés internationaux (plus précisément occidentaux) qu’il peut être une lueur d’espoir et un lieu de refuge pour les minorités (chercheur 23 févr. 2016).

De même, le chargé de recherches de l’Ifpo a déclaré que, [traduction] « en général, les autorités tâchent d’atténuer les tensions [entre les musulmans locaux et les chrétiens] et d’éviter toute discrimination » (24 févr. 2016). Toutefois, sans fournir de précisions additionnelles, le représentant de la CNEWA a affirmé que le KRG prétend que les chrétiens sont les bienvenus afin de faire bonne impression auprès de la communauté internationale, mais que, [traduction] « dans les faits, la situation est différente » (CNEWA 4 mars 2016). La représentante du Conseil iraquien de secours chrétien, qui a rencontré récemment des représentants de toutes les communautés chrétiennes du Dohuk, sauf l’évêque catholique, a affirmé que [traduction] « les chrétiens subissent de la discrimination, non pas en raison de leur religion, mais parce qu’ils appartiennent à un groupe ethnique distinct » [5] (Iraqi Christian Relief Council 4 mars 2016). Dans le 2014 Report on International Religious Freedom publié par le Département d’État des États-Unis, on peut lire que, comparativement au reste du pays, [traduction] « [i]l y avait relativement moins d’incidents signalés de mauvais traitement ou de discrimination de la part des autorités en raison de l’appartenance religieuse dans [la région du Kurdistan], mais un nombre similaire d’incidents fondés sur l’appartenance ethnique » (É.-U. 14 oct. 2015, section II).

Des sources ont affirmé que le KRG a [traduction] « confisqué » (Iraqi Christian Relief Council 4 mars 2016) ou [traduction] « tent[é] de saisir » des parcelles de terrain appartenant à des chrétiens (ISHR 24 févr. 2016). La représentante du Conseil iraquien de secours chrétien a signalé que [traduction] « [l]e chef de l’assemblée législative de la région du Kurdistan a admis au Conseil iraquien de secours chrétien que des terres avaient été saisies illégalement. Les chrétiens ont intenté une poursuite contre le KRG » (Iraqi Christian Relief Council 4 mars 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement concernant la confiscation de terres.

Des sources affirment que le KRG a fait preuve, ou aurait fait preuve, de discrimination à l’encontre de certains groupes, y compris les chrétiens, dans la prestation de l’aide humanitaire (É.-U. 14 oct. 2015, section II; Iraqi Christian Relief Council 4 mars 2016). Selon la représentante du Conseil iraquien de secours chrétien, [traduction] « [t]oute ONG qui apporte de l’aide au Kurdistan est tenue de respecter les directives du KRG concernant les lieux de distribution de cette aide. L’Assyrian Aid Society est la seule qui soit parvenue à distribuer de l’aide là où elle le choisissait » (ibid.). Elle a ajouté que [traduction] « [l]e KRG favorise ceux qui sont alliés au Parti démocratique du Kurdistan [Kurdistan Democratic Party - KDP] [le parti au pouvoir]. De nombreuses organisations chrétiennes ne sont pas affiliées » à ce parti (ibid.). Toutefois, d’autres sources ont fait état d’organisations étrangères qui ont pu envoyer de l’aide humanitaire directement aux organisations dans la région du Kurdistan qu’elles souhaitent aider, sans passer par le KRG (CNEWA 4 mars 2016; Chaldean Syriac Assyrian Popular Council 7 mars 2016).

Selon la représentante du Conseil iraquien de secours chrétien, le KRG a récemment construit de nouvelles écoles pour les chrétiens; toutefois, après quelque mois, il a transféré les élèves dans des écoles plus petites [traduction] « qui tombent en ruine » (Iraqi Christian Relief Council 4 mars 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

De plus, d’après la représentante du Conseil iraquien de secours chrétien, l’histoire enseignée dans les écoles, y compris dans les écoles chrétiennes, est l’histoire kurde uniquement et les chrétiens ne peuvent enseigner leur propre histoire que dans les églises ou les centres culturels (ibid.). Dans son 2014 Report on International Religious Freedom, le Département d’État des États-Unis précise que [traduction] « [l]e [ministère de l’Éducation du] KRG finance les écoles publiques (élémentaires et secondaires) de langue syriaque sur son territoire, et le programme d’enseignement ne comporte pas d’études religieuses ou coraniques » (É.-U. 14 oct. 2015, section II).

La représentante du Conseil iraquien de secours chrétien a déclaré qu’il est interdit aux entreprises créées après 2014 d’avoir un nom de langue assyrienne (Iraqi Christian Relief Council 4 mars 2016). Par contre, au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un représentant du Conseil populaire chaldéen syriaque assyrien (Chaldean Syriac Assyrian Popular Council), une organisation politique qui détient présentement deux sièges au Parlement du Kurdistan (KRG s.d.) et qui maintient [traduction] « d’excellentes relations avec le KDP », a affirmé que les entreprises sont maintenant tenues d’avoir « également » un nom kurde (Chaldean Syriac Assyrian Popular Council 7 mars 2016).

Pour ce qui est de l’accès à l’emploi, la représentante du Conseil iraquien de secours chrétien a déclaré que les chrétiens ne peuvent pas atteindre [traduction] « un échelon élevé » dans leur profession, à moins d’être membres du KDP, le parti au pouvoir (Iraqi Christian Relief Council 4 mars 2016). À titre d’exemple, elle a affirmé que, dans la pratique, il n’est pas possible pour un enseignant chrétien de devenir le directeur d’une école publique ou pour un chrétien de devenir juge (ibid.). Par contre, le représentant du Conseil populaire chaldéen syriaque assyrien a affirmé [traduction] « [qu’]il y a des directeurs chrétiens, même dans des écoles kurdes » et « [qu’]il y a quelques juges chrétiens » dans la région du Kurdistan (Chaldean Syriac Assyrian Popular Council 7 mars 2016). À la question de savoir s’il est possible pour un chrétien de devenir juge dans la région du Kurdistan, le représentant du KRG a répondu que 

[traduction]

[l]es juges doivent connaître le Coran et la charia parce que les lois sont fondées sur l’islam. Par exemple, la loi sur le divorce repose sur le droit islamique, ce qui entraîne des difficultés pour les juges chrétiens. Toutefois, il y a des juges chrétiens au Kurdistan [...] [qui sont chargés] de dossiers chrétiens, tels que les divorces chrétiens (KRG 4 mars 2016).

La même source a affirmé que, à son avis, les chrétiens ne font face à aucun obstacle particulier pour ce qui est de [traduction] « grimper l’échelle sociale », ajoutant « [qu’]il y a des ministres, des généraux ou des directeurs généraux au sein du gouvernement qui sont chrétiens » (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Notes

[1] L’Ifpo est un centre de recherche relevant à la fois du ministère des Affaires étrangères et du Développement international et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de la France (France 21 mars 2014).

[2] Le Centre Carnegie pour le Moyen-Orient est un [traduction] « institut indépendant de recherche en matière de politiques » établi à Beyrouth (Carnegie Middle East Center s.d.).

[3] Les peshmergas sont des combattants kurdes dans le Nord de l’Iraq (BBC 12 août 2014).

[4] La CNEWA est un [traduction] « organisme papal » qui assure « un soutien humanitaire et pastoral » dans diverses régions du monde, y compris au Moyen-Orient; selon son site Internet, elle « travaille avec les églises catholiques orientales, par l’entremise de ces églises et pour ces églises en vue de cerner les besoins et de mettre en œuvre des solutions » (CNEWA s.d.).

[5] D’après le New York Times, [traduction] « [l]es chrétiens de l’Iraq se disent pour la plupart assyriens, chaldéens ou syriaques, des noms différents pour une même appartenance ethnique » (22 juill. 2015).

Références

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Organisation internationale pour les migrations (OIM). 30 avril 2015. « Iraq: Dahuk Governorate Profile April 2015 ». [Date de consultation : 7 mars 2016]

PressTV. 4 février 2016. « Turkish Warplanes Bomb Northern Iraqi Village ». [Date de consultation : 10 mars 2016]

Reuters. 9 octobre 2015. « Protester Killed in Unrest in Iraq's Kurdistan Region ». [Date de consultation : 4 mars 2016]

Royaume-Unit (R.-U.). 21 décembre 2015. « Foreign Travel Advice - Iraq ». [Date de consultation : 2 mars 2016]

Rudaw. 18 septembre 2015. « Turkish Warplanes Bomb PKK Targets in Kurdistan’s Dohuk Province ». [Date de consultation : 10 mars 2016]

Autres sources consultées

Sources orales : Assyrian Aid Society of America; Assyrian Society of Canada; Comité international de la Croix-Rouge; ekurd.net; Human Rights Watch; International NGO Safety Organisation; journalistes, The Los Angeles Times; journalistes, Reuters; journalistes, Rudaw; journalistes, Shafaq News; journalistes, The Wall Street Journal; professeur d’études kurdes, University of Exeter; United States Institute of Peace.

Sites Internet, y compris  : BBC; ecoi.net; États-Unis – Commission on International Religious Freedom, Department of State; Factiva; Freedom House; Human Rights Watch; Institute for the Study of War; Institute for War and Peace Reporting; International Crisis Group; IRIN; Kurdistan Regional Government of Iraq; Minority Rights Group International; Nalia Radio and Television; Nations Unies – Programme pour le développement, Refworld, ReliefWeb; Radio Free Europe/Radio Liberty.

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