Means by which reconciliation groups begin working on a case; records kept by such groups to document their work; steps normally taken by the groups to resolve a blood feud; threshold at which the groups would abandon their resolution efforts; information normally included in an attestation letter; whether it is possible to purchase such letters; status of the law on mediation, including its effectiveness in resolving blood feuds; whether any individuals have been prosecuted for blood feud-related crimes [ALB43020.E]

Diverses opinions sur la façon dont les groupes de réconciliation commencent à travailler sur un dossier ont pu être trouvées parmi les sources consultées par la Direction des recherches (Committee of Nationwide Reconciliation 24 oct. 2004; agrégée de recherche 13 oct. 2004; professeur 26 oct. 2004; boursier de recherches 28 oct. 2004). Selon le président du Comité pour la réconciliation nationale (Committee of Nationwide Reconciliation), organisation de Tirana fondée en 1990 et visant à [traduction] « établir une stratégie commune à long terme pour la prévention des vendettas, la réconciliation, la cohabitation, l'égalité des sexes et l'intégration des Albanais dans la communauté des nations civilisées » (Committee of Nationwide Reconciliation s.d.), de proches parents font normalement la première tentative de résolution des disputes inter-familiales lorsqu'il n'est pas question d'homicide et ils se tournent vers des médiateurs ou des dirigeants du village si leurs efforts sont infructueux (ibid. 24 oct. 2004). Toutefois, les médiateurs sont immédiatement informés s'il y a eu mort d'homme (ibid.). Dans de tels cas, les médiateurs tiennent des réunions préliminaires non documentées avec les parties pour tenter d'apaiser la situation (ibid.). L'une des familles présente ensuite une demande officielle de médiation au président de l'organisme, qui suivra ensuite le conflit en collaboration avec la police et les autorités locales et qui fournira des conseils à la famille menacée (ibid.).

Trois universitaires consultés par la Direction des recherches s'entendaient pour dire que la demande des membres de la famille est l'une des façons d'amener un groupe à entreprendre la médiation d'une vendetta (professeur 26 oct. 2004; boursier de recherches 28 oct. 2004; agrégée de recherche 13 oct. 2004). Une agrégée de recherche du Département de sociologie et d'anthropologie de l'université Colgate, qui est également chercheuse honoraire de l'Unité de recherche en études de l'Europe du Sud-Est du Département d'études sur la paix de l'université de Bradford, a ajouté qu'il est probable que les membres de la famille rencontreront le groupe de réconciliation en personne ou - encore plus probable - qu'ils communiqueront avec lui via un intermédiaire, et qu'on peut douter que quoi que ce soit sera consigné par écrit en raison du manque d'éducation de la majorité des participants à des vendettas (ibid.). Un professeur et directeur du Département d'histoire de l'université de l'Indiana - université Purdue à Fort Wayne (IU-PUFW), spécialiste des études sur l'Albanie, a décrit deux autres façons permettant aux groupes de réconciliation de s'impliquer dans un dossier (26 oct. 2004). D'une part, des représentants du groupe peuvent tenir une réunion publique dans une région connue pour être le théâtre de vendettas afin d'y faire connaître leurs rôles et leurs services (professeur 26 oct. 2004). D'autre part, ils peuvent eux-mêmes communiquer avec un membre, qu'ils jugent digne de confiance, d'une famille aux prises avec une vendetta afin de demander s'ils peuvent offrir leur aide pour la résolution du différend (ibid.). Toutefois, le professeur a souligné que peu importe la façon dont débute le travail sur le dossier, le processus est généralement opaque et peu susceptible de faire intervenir un formulaire de demande (ibid.).

Tout en mentionnant que le processus de médiation est complexe et varie d'un dossier à l'autre, le président du Comité pour la réconciliation nationale a ajouté que son groupe préserve un haut degré de confidentialité dans l'exécution de son travail (24 oct. 2004). En outre, il a affirmé que son groupe documente uniquement les développements les plus importants dans un dossier, quoique les personnes qui se présentent à l'organisation pour obtenir de l'aide doivent soumettre leur pièce d'identité, un [traduction] « certificat des membres menacés de la famille, une description du conflit et aussi d'autres documents facultatifs » (Committee of Nationwide Reconciliation 24 oct. 2004).

Les trois universitaires étaient d'avis que les pratiques de conservation des dossiers peuvent varier d'un groupe à l'autre (professeur 26 oct. 2004; boursier de recherches 28 oct. 2004; agrégée de recherche 13 oct. 2004). L'agrégée de recherche de l'université Colgate a affirmé qu'aucune règle ne régit la façon dont les groupes de réconciliation documentent leurs dossiers (ibid.). Dans le même ordre d'idées, le professeur d'histoire de l'IU-PUFW a affirmé que même si certains groupes de réconciliation gardent effectivement des dossiers complets, généralement confidentiels, il n'existe aucune norme à cet égard et chaque groupe agit indépendamment selon sa propre procédure (26 oct. 2004). Toutefois, il a ajouté que de tels groupes garderaient dans leurs dossiers de l'information concernant les origines de la vendetta, les victimes, l'état actuel de la situation, les noms des principaux acteurs des deux parties ainsi qu'une évaluation de la réceptivité des deux parties à l'égard des efforts de médiation (professeur 26 oct. 2004).

Le président du Comité pour la réconciliation nationale a fourni la description suivante des démarches entreprises par les médiateurs afin de résoudre une vendetta : premièrement

[traduction]
[l]e missionnaire rencontre les familles et il écoute les allégations des deux parties. Ensuite, il communique avec des personnes qui ont une grande influence sur chacune des familles. Accompagné de ces personnes, le missionnaire rencontre les familles et ils tentent inlassablement de les convaincre de résoudre le différend juridiquement. Si la famille dont l'un des membres a été tué n'accepte pas la réconciliation et insiste pour se venger, alors le missionnaire conseille à la famille du tueur de quitter son village ou sa ville, car le déménagement de la famille du tueur apaise la haine de la famille en deuil. Toutes ces rencontres et ces efforts demeurent confidentiels et ne sont pas rendus publics (24 oct. 2004).

Le président a également affirmé que les efforts de réconciliation se poursuivent toujours - pendant des années, dans certains cas - même si la famille offensée peut s'être vengée entre-temps (Committee of Nationwide Reconciliation 24 oct. 2004).

Selon le professeur d'histoire de l'IU-PUFW, les groupes de réconciliation ont tendance à suivre une démarche similaire dans leurs efforts de médiations : les responsables de l'organisation communiquent premièrement avec un membre de la famille auquel ils font confiance et ils font appel à sa collaboration pour tenter de convaincre les hommes de la famille d'accepter une réconciliation (26 oct. 2004). Selon le professeur, pour mettre fin à une vendetta, il faut généralement que tous les hommes de la famille soient d'accord (professeur 26 oct. 2004). Lorsque cette unanimité est obtenue, la dernière étape consiste à signer un document dans lequel les parties acceptent officiellement la réconciliation (ibid.).

Toutefois, dans une communication écrite du 28 octobre 2004, un boursier de recherches post-doctorales de l'université Phillips, qui a entrepris une étude sur le terrain en Albanie, a mentionné que

[traduction]
le processus de réconciliation ne se termine pas avec la signature de toutes les parties concernées (si jamais il y a un document écrit!). Habituellement, en Albanie, il y a une cérémonie de réconciliation à la fin du processus de réconciliation. Le processus de médiation est plus ou moins mis en scène devant le village. La médiation est rendue publique et à la fin, toutes les parties concernées, les politiciens locaux, les journalistes et même les étrangers s'assoient ensemble, boivent du café et expriment de bons vœux pour l'avenir. Il est essentiel à ce moment-là que toutes les parties du différend soient visiblement assises ensemble. Même si tous savent lire et écrire, le nord de l'Albanie est encore une communauté très « orale ».

Le boursier de recherches post-doctorales a également mentionné qu'en pratique, les groupes de réconciliation travaillent [traduction] « très souvent » en collaboration avec d'éminents médiateurs locaux, qui agissent en tant que représentants du groupe auquel ils sont affiliés ou pour leur propre compte lorsqu'une famille leur demande d'intervenir dans une vendetta (boursier de recherche 28 oct. 2004). En ce qui a trait à la documentation des efforts de réconciliation, le boursier a mentionné que les groupes de réconciliation ne tiennent généralement pas des registres détaillés de leurs activités et, dans le cas de médiateurs qui ne mènent pas leurs activités dans des villes comme Shkodra, il n'a jamais entendu parler d'un médiateur qui documente ses efforts de réconciliation (ibid.). Dans le même ordre d'idées, l'agrégée de recherche de l'université Colgate a mentionné que les groupes ne sont pas susceptibles de documenter les démarches qu'ils ont entreprises pour tenter de réconcilier les familles (13 oct. 2004).

L'agrégée de recherche de l'université Colgate et le professeur d'histoire de l'IU-PUFW étaient tous deux d'avis que les groupes de réconciliation n'abandonneraient vraisemblablement jamais complètement leurs efforts, mais qu'ils reconsidèreraient plutôt de façon intermittente les dossiers afin de déterminer si les circonstances sont plus propices à la réconciliation (agrégée de recherche 13 oct. 2004; professeur 26 oct. 2004). Le professeur d'histoire a également mentionné qu'il existe une compétition - dans le domaine du financement, par exemple - entre les différents groupes de réconciliation et, en conséquence, ils présentent leurs aptitudes de réconciliateur sous le meilleur jour possible (ibid.).

Le président du Comité pour la réconciliation nationale a mentionné que les lettres d'attestation présentent une courte description de la famille touchée par une vendetta et les recommandations du Comité à l'intention des personnes menacées (24 oct. 2004).

Aucune des sources universitaires n'a été en mesure de décrire l'information qui figurerait normalement dans une lettre d'attestation; l'agrégée de recherche de l'université Colgate a mentionné que les pratiques diffèrent d'un cas à l'autre et d'un médiateur à l'autre (13 oct. 2004). En outre, l'agrégée de recherche et le professeur d'histoire de l'IU-PUFW étaient d'avis que de telles lettres pouvaient être achetées (agrégée de recherche 13 oct. 2004; professeur 26 oct. 2004). Le professeur a également affirmé connaître quelques cas où des groupes de réconciliation se sont plaints que de fausses lettres d'attestation étaient en circulation (ibid.). Il a cité le Comité de la réconciliation nationale comme étant l'une des organisations qui a exprimé de telles plaintes (ibid.).

Selon le président du Comité de la réconciliation nationale, la loi sur la médiation, dont l'objectif est de légaliser [traduction] « [l']activité des missionnaires », n'a eu aucune incidence sur les efforts de médiation des groupes de réconciliation, qui mènent [traduction] « généralement leurs activités selon [...] la tradition » (24 oct. 2004). Le professeur d'histoire de l'IU-PFW a mentionné que la loi sur la médiation n'est pas complètement entrée en vigueur; le gouvernement est réticent à se mêler à la question des vendettas car cela signifierait exposer des employés de l'État, y compris des membres de la magistrature et du corps policier, à la violence des parties des vendettas (26 oct. 2004).

Le professeur a également mentionné que même s'il y a eu certaines poursuites judiciaires relativement à des crimes commis dans le cadre de vendettas, les auteurs ont tendance à être punis légèrement soit en raison de la corruption, soit parce que les fonctionnaires de la cour craignent les représailles (professeur 26 oct. 2004). Dans le même ordre d'idées, l'agrégée de recherche de l'Université Colgate a mentionné qu'il y a eu certaines poursuites judiciaires, quoique [traduction] « les familles dont le sang a été versé ne considèrent habituellement pas que ce soit [...] une peine juste et demandent encore du sang » (13 oct. 2004).

Aucune des sources orales consultées par la Direction des recherches n'a été en mesure de fournir des statistiques sur la perpétration ou la sanction de crimes commis dans le cadre de vendettas; le boursier de recherches post-doctorales a expliqué qu'il n'existe aucune donnée fiable au sujet de ces crimes (28 oct. 2004). D'une part, les groupes de réconciliation gonflent le nombre des vendettas afin de justifier leur implication continue dans ce domaine (boursier de recherches 28 oct. 2004). D'autre part, il est souvent difficile de déterminer, dans les faits, si un meurtre est lié à une vendetta ou s'il découle d'un autre mobile (ibid.). Toutefois, selon le professeur d'histoire de l'IU-PUFW, des indices laissent croire que la fréquence des vendettas est actuellement en hausse en Albanie, après un déclin observé au cours des dernières années (26 oct. 2004). Il a attribué cette augmentation aux faits que le gouvernement se penche actuellement sur d'autres questions, comme le passage de clandestins, et qu'il a échoué à apporter des améliorations importantes aux activités de la police et des tribunaux (professeur 26 oct. 2004).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


Agrégée de recherche, Département de sociologie et d'anthropologie, université Colgate, à Hamilton, New York. 13 octobre 2004. Communication écrite.

Boursier de recherches post-doctorales, Institut fur Vergleichende Kulturforschung, université Phillips, Marburg. 28 octobre 2004. Communication écrite.

Committee of Nationwide Reconciliation, Tirana. 24 octobre 2004. Communication écrite du président.

_____. S.d. « About Us ». http://www.pajtimi.com/index.php?faqe=rrethneshang [Date de consultation : 2 nov. 2004]

Professeur et directeur de département, Département d'histoire, université de l'Indiana - université Purdue à Fort Wayne (IU-PUFW). 26 octobre 2004. Entretien téléphonique.

Autres sources consultées


Sources orales : Les tentatives faites pour joindre trois sources orales ont été infructueuses. La Fondation de la société ouverte Soros (Open Society Foundation Soros), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Albanie et Aide italienne en Albanie (Caritas Italiana Albania) n'ont pas répondu à une demande d'information dans les délais prescrits.

Associated documents