Forced marriages in Christian families; state protection available [SYR42693.FE]

Selon un article publié dans Arabic News, les mariages forcés sont contraires aux droits d'égalité entre les hommes et les femmes garantis par la constitution syrienne; ils sont même considérés comme criminels dans certains cas (12 mars 2001). L'auteur ajoute que la pratique de mariages forcés dans les pays arabes s'étend à toutes les cultures, ethnies et religions, mais qu'elle est en train de diminuer (Arabic News 12 mars 2001). Aucune corroboration de ces affirmations n'a pu être trouvé parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

Lors d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches le 25 mai 2004, une anthropologue de l'université de l'État de Californie a indiqué qu'en Syrie, les mariages ont souvent comme but la création ou la fortification d'alliances entre des familles. L'anthropologue n'avait aucune information qui touchait directement le mariage forcé parmi les chrétiens de Syrie, mais elle a suggéré que le sujet des mariages forcés était difficile à aborder parce qu'il différait de famille en famille. Selon elle, ce type de mariage forcé est en général pratiqué dans n'importe quelle communauté du pays.

Une sociologue de l'université de l'État de l'Oregon spécialisé en sociologie de la femme, consultée par téléphone le 25 mai 2004, n'était pas au courant du phénomène des mariages forcés au sein de la communauté chrétienne syrienne, mais elle a indiqué que le mariage forcé se produit dans toutes les religions du pays; c'est donc un phénomène culturel plutôt que religieux. Elle a ajouté que, malgré leur rareté, il y a des mariages entre hommes musulmans et femmes chrétiennes.

En général, la plupart des mariages ayant lieu en Syrie sont arrangés dans le sens où ce sont les parents qui présentent les candidates à un jeune homme, généralement quand il est à la fin de la vingtaine ou au début de la trentaine et qu'il a une bonne situation financière. L'homme choisit une candidate et celle-ci a normalement le choix d'accepter le mariage ou de le refuser. Par contre, même dans le meilleur des cas, la sociologue a constaté que la pression augmente rapidement pour que la fille accepte un prétendant si elle a déjà refusé de nombreuses propositions. C'est surtout dans les couches sociales plus pauvres que les jeunes femmes ont souvent l'impression que tout leur avenir dépend du fait d'accepter un candidat comme mari. Dans un cas comme celui-ci, la jeune femme qui refuse un mariage court le risque que sa famille se retourne contre elle, et elle pourrait perdre son soutien économique et émotif, soutien parfois très crucial qu'elle ne pourra trouver ailleurs.

Quant à la protection offerte par les autorités syriennes, l'anthropologue a signalé leur impuissance face à la famille. En général, une femme prise dans une situation d'abus ne fera appel aux autorités étatiques que si elle a épuisé toutes ses autres ressources, incluant sa famille et ses amis. Les jeunes femmes chrétiennes qui s'enfuient avec leurs amants sans le consentement parental risquent de graves représailles de la part de la famille, sans que la police s'en mêle.

La sociologue a corroboré la précarité de la situation d'une femme forcée de se marier tel que décrit par l'anthropologue. Selon la sociologue, toute tentative de la part d'une femme syrienne de sortir d'un mariage forcé pourrait mettre sa vie en péril.

La sociologue a signalé qu'il existe une différence importante entre la loi et son application quant aux droits des femmes. Elle a abordé le cas de femmes qui fuient pour éviter un mariage ou pour aller en escapade avec un amant. Dans ces cas, la situation s'avère particulièrement dangereuse pour la femme. Si un homme de la famille décide de la tuer, il ne sera pas puni comme s'il avait commis un meurtre ordinaire. Parce que c'est un crime « d'honneur », on considérera qu'il a commis le meurtre par négligence. De plus, la sociologue a souligné que, dans les cas où il y a demande de divorce, les tribunaux se rangent généralement du côté de l'homme. La femme devra donc faire face à l'hostilité de sa propre famille ainsi qu'au danger que représente la famille de l'homme en question. Si elle décide de quitter le pays, le mari ou la parenté masculine de la femme pourrait refuser de donner leur consentement et l'intercepter à l'aéroport, une action que l'État ne pourrait prévenir.

Aucune information qui corrobore les opinions des deux spécialistes n'a pu être trouvée par la Direction des recherches dans les délais prescrits pour la réponse à cette demande d'information.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références


Anthropologue. 25 mai 2004. Université de l'État de Californie, San Bernadino. Entretien téléphonique.

Arabic News. 12 mars 2001. « Forced Marriage and International Human Rights Norms ». http://www.arabicnews.com/ansub/Daily/Day/010312/2001031230.html [Date de consultation : 19 mai 2004]

Sociologue spécialisée en sociologie de la femme. 25 mai 2004. Université de l'État de l'Oregon, Corvallis. Entretien téléphonique.

Autres sources consultées


Les tentatives faites pour joindre des professeurs spécialistes en sociologie arabe aux institutions suivantes ont été infructueuses :

- Centre for Arab and Iranian Studies
- London Middle East Institute
- Université St. Edwards, Austin, TX

Sites Internet, y compris : Amnesty International (AI), Département d'État des États-Unis, European Country of Origin Information Network (ECOI), Freedom House, Human Rights Watch (HRW), Syria Times, World News Connections (WNC)

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