Rwanda: Information on ingando camps, including organization, structure, programs and participation; instances of human rights violations in the camps (2010-November 2014) [RWA104999.E]

Rwanda : information sur les camps ingando, y compris l’organisation, la structure, les programmes et la participation; des cas de violation des droits de la personne dans ces camps (2010-novembre 2014)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Définition et but de l’ingando

Dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2013, le Département d’État des États-Unis signale que le Front patriotique rwandais (FPR) gouverne le Rwanda depuis la fin du génocide en 1994 et met en œuvre des politiques de [traduction] « réconciliation nationale » depuis lors (É.-U. 27 févr. 2014, 37). D’après Rwandapedia, une plateforme en ligne lancée par le gouvernement du Rwanda et financée par la Banque africaine de développement en vue de diffuser des renseignements sur le développement du pays depuis le génocide (Rwanda 31 oct. 2013b), la Commission nationale pour l’unité et la réconciliation (CNUR) du Rwanda est le ministère mis sur pied pour [traduction] « restaurer le tissu social du pays » à la suite du génocide de 1994 (ibid. 31 oct. 2013a). D’après la même source, les camps ingando sont [traduction] « l’un des plus importants programmes » de la CNUR (ibid.). Selon la CNUR, les camps ingando sont [traduction] « des camps de solidarité », décrits comme étant « une activité d’éducation civique qui a facilité la réintégration sans heurts » des Rwandais de retour au pays, des anciens membres des forces armées rwandaises et des prisonniers bénéficiant d’une libération provisoire qui regagnent leur communauté (ibid. s.d.a). Dans un article publié par la revue américaine The Nation et Foreign Policy in Focus (FPIF) [1], on peut lire que, d’après un représentant du gouvernement qui a donné des exposés dans les camps ingando, ces camps contribuaient à créer un sentiment d’identité nationale (The Nation et FPIF 23 janv. 2014). Selon la CNUR, [traduction] « [l]es camps ingando offrent des tribunes où les Rwandais peuvent tirer des leçons de leur passé en faisant face à l’histoire [et] en développant une vision commune d’un avenir solidaire » (Rwanda s.d.a).

Dans un article publié dans la revue Development and Change, Simon Turner, un ancien professeur agrégé en sciences politiques à l’Université Aalborg au Danemark dont les recherches portent principalement sur le Rwanda et le Burundi, explique qu’il y a deux types d’ingando : les [traduction] « camps de solidarité » destinés aux politiciens, à la société civile, aux dirigeants d’églises et aux étudiants; et les « camps de rééducation » à l’intention des ex-combattants, des ex-soldats, des génocidaires avoués, des prisonniers libérés, des prostituées et des enfants de la rue (Turner 2014, 425). Il ajoute que les camps de solidarité ingando ont par la suite été rebaptisés itorero (ibid.). D’après le gouvernement du Rwanda, les étudiants au Rwanda et à l’étranger ont eux aussi commencé à participer à l’itorero, une autre forme d’éducation civique qui a été mise en place en 2007 et qui met l’accent sur [traduction] « la réintroduction de valeurs culturelles perdues » (Rwanda 31 oct. 2013a). Selon l’article de The Nation et de FPIF, [traduction] « certains membres du gouvernement ont laissé entendre qu’on procédait à un retrait progressif de l’ingando au profit d’un programme d’éducation civique moins militariste et davantage axé sur la communauté appelée itorero » (The Nation et FPIF 23 janv. 2014).

Selon des sources, le mot « ingando » vient d’un mot du kinyarwanda, soit « kuganika », qui fait renvoi au recours à la réflexion et au retrait des activités quotidiennes pour résoudre les problèmes d’intérêt national, loin des distractions (The New Times 5 déc. 2011; Turner 2014, 424). D’après Simon Turner, le gouvernement du Rwanda soutient que cette [traduction] « institution traditionnelle » est l’inspiration de l’ingando (ibid.). D’autres sources signalent que le FPR s’est servi de l’ingando dans des campagnes politiques durant la guerre civile de 1990 à 1993 au Rwanda (Clark 2010, 104-105; Purdeková sept. 2011, 10). Dans son étude de l’ingando, qui reposait sur un travail de terrain réalisé en 2008 et en 2009 et qui incluait plus de 200 entrevues avec des participants et des organisateurs, Dr. Andrea Purdeková, du Centre d’études africaines (African Studies Centre) à l’Université d’Oxford, écrit que les personnes qu’elle a interrogées faisaient remonter l’ingando [traduction] « aux campagnes de politisation et de "sensibilisation" menées par le FPR d’abord en exil et par la suite au Rwanda, au fur et à mesure qu’il s’emparaient de territoires avant de prendre le pouvoir » en 1994 (ibid.). D’après Simon Turner, les camps ingando avaient pour but [traduction] « [d’]inculquer une identité commune en conformité avec l’idéologie du FPR » (Turner 2014, 425).

Selon des sources, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a fourni un appui financier aux [traduction] « camps de la paix » ingando (Nations Unies s.d.; Purdeková sept. 2011, 9). D’après Rwandapedia, plus de 90 000 personnes ont participé à la formation ingando entre 1999 et 2010 (Rwanda 31 oct. 2013a). La même source précise que 50 p. 100 des participants sont des prisonniers bénéficiant d’une libération provisoire et 41 p. 100 sont des diplômés de l’école secondaire qui veulent poursuivre des études supérieures (ibid.). Parmi les autres participants, il y a les forces de défense locales, les ex-combattants, les enfants des survivants du génocide, des représentants du gouvernement ainsi que le personnel administratif et enseignant des universités (ibid.).

2. Les types de camps et de participants

D’après l’article de The Nation et de FPIF, la durée du séjour aux camps ingando varie selon l’âge du participant et le motif de sa participation au camp, mais [traduction] « le plus souvent, les gens signalaient que le programme durait d’un à trois mois » (The Nation et FPIF 23 janv. 2014). D’après la recherche effectuée sur quatre camps ingando par le professeur Phil Clark de l’Université de Londres et résumée dans un livre qu’il a publié en 2010, The Gacaca Courts, Post-Genocide Justice and Reconciliation in Rwanda, la durée du séjour aux camps ingando pour les génocidaires libérés de prison est de trois mois (2010, 98). Dans un article faisant état de la recherche sur le terrain qu’il a effectuée en 2008 et qui était consacrée au camp ingando [traduction] « phare » à Nkumba dans le nord-ouest du Rwanda, James Kearney, coordonnateur des programmes à la United Nations Association - UK [2], a affirmé qu’au camp ingando destiné aux étudiants qui est situé près de la frontière congolaise à Ruhengeri, la formation des étudiants durait un mois (Kearney 2011, 156). Selon Andrea Purdeková, les camps ingando pour les étudiants duraient autrefois trois mois, mais, au moment de son étude en 2008-2009, la durée avait été réduite à trois semaines (sept. 2011, 15).

2.1 L’ingando destiné aux ex-combattants

L’ingando a servi à la réintégration d’anciens membres des Forces armées rwandaises (FAR) (Rwanda s.d.a; Clark 2010, 105), ainsi que [traduction] « [d’]ex-combattants interahamwe » [milices impliquées dans le génocide (Clark 2010, 356)] en provenance de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) (ibid.). D’après les recherches de Simon Turner, l’ingando était obligatoire pour les ex-combattants qui revenaient du Zaïre ou de la RDC (Turner 2014, 427-428). Simon Turner a ajouté que les ex-combattants qui suivent le programme reçoivent une [traduction] « trousse de départ » et une « pièce d’identité de démobilisation » qui sert de preuve officielle qu’ils ne constituent plus une menace pour la communauté (ibid., 427-429). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

2.2 L’ingando destiné aux génocidaires bénéficiant d’une libération provisoire

Phil Clark signale que [traduction] « certaines personnes soupçonnées [d’avoir pris part au génocide] » sont envoyées à l’un des dix-huit camps ingando un peu partout au Rwanda (Clark 2010, 98). Selon la CNUR, l’ingando sert à la réintégration [traduction] « des prisonniers bénéficiant d’une libération provisoire » dans leur communauté (Rwanda s.d.a). D’après Phil Clark, depuis 2003, les génocidaires avoués doivent se soumettre à l’ingando dans le cadre de leur libération provisoire, avant de comparaître devant un tribunal gacaca (Clark 2010, 105). De même, on peut lire dans Rwandapedia que, durant la formation ingando, les génocidaires [traduction] « confessaient leurs crimes » et parlaient de leurs rôles dans le génocide (Rwanda 31 oct. 2013a). D’après Andrea Purdeková, il y a des prisonniers qui purgent des [traduction] « peines de substitution » dans les camps ingando et dont les activités comprennent « un dur labeur physique » et des classes plus courtes; ces prisonniers sont appelés des « tigistes » [mot dérivé du terme « travaux d’intérêt général  » ou TIG, une forme de service communautaire qui englobe des travaux dans le domaine de la construction, notamment la construction de maisons (Clark 2010, 98)] (Purdeková sept. 2011, 17). Andrea Purdeková souligne que les prisonniers peuvent demeurer dans des programmes de TIG [traduction] « pendant des années » (ibid.). Selon des sources, après avoir purgé leur peine de prison, les génocidaires libérés doivent passer par un camp ingando avant de regagner leur communauté (ibid., 19; Clark 2010, 101). Le but principal de ces camps est [traduction] « [d’]enseigner des leçons aux détenus avant qu’ils ne retournent dans leurs communautés », afin qu’ils « "ne répètent pas le génocide" », selon l’un des coordonnateurs de la CNUR interviewés par Phil Clark en 2010 (ibid., 103-104). Andrea Purdeková affirme que, d’après son analyse, les prisonniers libérés, les Hutus qui retournent au pays et les ex-combattants qui prônent peut-être [traduction] « le "divisionnisme" » constituent, aux yeux du gouvernement, une catégorie de personnes qui ont « un besoin particulier de rééducation » et d’un « exercice d’intégration », notamment en matière de politique et d’histoire, mais aussi de leçons pratiques sur « les politiques et les programmes du gouvernement » (Purdeková sept. 2011, 19).

2.3 L’ingando ou l’itorero destiné aux étudiants et autres membres de la société

Les enseignants, les chargés de cours à l’université, les étudiants, les commerçants et les fonctionnaires ont suivi la formation civique dans les camps ingando, d’après Phil Clark (Clark 2010, 105). Selon la CNUR, [traduction] « les femmes, les membres de groupes de jeunes, les étudiants qui s’inscrivent à l’université et les dirigeants locaux » figurent parmi les groupes ciblés par la formation ingando (Rwanda s.d.a). D’après des représentants gouvernementaux cités dans l’article de The Nation et de FPIF, la [traduction] « majorité » des jeunes Rwandais de 14 à 35 ans ont participé à des camps ingando (The Nation et FPIF 23 janv. 2014). Selon des sources, le but des représentants gouvernementaux est de faire en sorte que tous les citoyens aient suivi la formation ingando d’ici 2020 (ibid.; Purdeková sept. 2011, 18).

Selon les Country Reports 2013, l’ingando est obligatoire au terme des études secondaires (É.-U. 27 févr. 2014, 23). Des sources affirment que la participation à l’ingando est requise pour les étudiants qui fréquentent l’université grâce aux bourses gouvernementales (The Nation et FPIF 23 janv. 2014; Purdeková 2011, 16) ou pour s’inscrire à l’université (ibid.). D’après une déclaration de la commissaire de la Commission nationale d’itorero, publiée par le média rwandais IGIHE, les jeunes sont tenus d’obtenir un certificat attestant leur participation aux camps de solidarité pour postuler des emplois dans les établissements publics (IGIHE 4 déc. 2013).

Andrea Purdeková précise que [traduction] « les personnes perçues comme des déviants sociaux », y compris les jeunes de la rue, ont été ciblées pour les programmes d’ingando (sept. 2011, 20).

D’après l’article de The Nation et de FPIF, [traduction] « même lorsque l’ingando n’est pas strictement obligatoire, les pressions sociales et politiques sont souvent assez fortes pour contraindre les citoyens à y participer » (23 janv. 2014).

3. La structure du camp et la teneur du programme

Selon Andrea Purdeková, [traduction] « l’espace physique et le temps sont hautement structurés » dans les camps ingando, notamment par un horaire quotidien fixé « quasiment à l’heure près » (Purdeková sept. 2011, 36). La même source note que [traduction] « la plupart » des camps ingando sont organisés en « compagnies, pelotons et sections, dont les commandants sont appelés kapita » (ibid.).

Dans un article paru dans le journal rwandais The New Times, on explique que les sujets abordés durant une formation ingando comprennent : [traduction] « l’éducation civique et la sensibilisation à l’unité et à la réconciliation, les programmes gouvernementaux, la démilitarisation sur le plan psychologique, la réintégration à la vie civile et le VIH-sida » (The New Times 5 déc. 2011). Même si les représentants aux quatre camps ingando visités par Phil Clark [traduction] « ont refusé » de lui montrer le matériel pédagogique, il a constaté que les thèmes abordés aux camps incluaient ce que les représentants appelaient « "la façon de surmonter la mauvaise gouvernance" » et la nécessité de résister aux « politiques génocidaires et de nature à semer la division des régimes politiques coloniaux ou nationaux antérieurs »; un autre thème est l’importance d’enseigner aux détenus comment devenir « "des agents du changement" », de sorte qu’ils retournent ensuite à leur communauté et « diffusent le message du gouvernement selon lequel il n’y a aucune place dans la société rwandaise pour les divisions ethniques du passé » (Clark 2010, 105-106). Le gouvernement du Rwanda décrit les objectifs et les activités de l’ingando d’aujourd’hui comme suit :

[traduction]

  • mettre en place une tribune pour favoriser le partage d’idées et d’expériences entre les Rwandais;
  • encourager les Rwandais à mieux gérer leurs communautés;
  • encourager l’autonomie au sein de la communauté;
  • favoriser une culture du bénévolat chez les Rwandais;
  • mener chaque tranche de la population vers la paix et la réconciliation;
  • favoriser la cohésion sociale grâce à l’éducation civique;
  • contribuer à la construction d’abris pour les personnes défavorisées ayant survécu au génocide et d’autres citoyens vulnérables (Rwanda 31 oct. 2013a).

D’après The Nation et FPIF, les camps ont [traduction] « des horaires stricts » qui comprennent de l’exercice physique, des exposés par des représentants gouvernementaux, des entraînements militaires et des chants patriotiques (23 janv. 2014). De même, dans son étude portant sur 900 participants qu’il a menée sur une période de trois mois au camp ingando [traduction] « phare » destiné aux étudiants à la frontière congolaise à Ruhengeri, James Kearney a conclu que les exposés étaient formulés de façon à encourager l’unité et la réconciliation, et que les activités du programme étaient organisées « selon une discipline militaire », comprenant de cinq à six heures par jour d’entraînement militaire (Kearney 2011, 156-157, 171). Andrea Purdeková note que l’entraînement militaire n’est pas toujours une composante de l’ingando (sept. 2011, 16). Pour des renseignements détaillés sur la teneur du programme et la structure de l’ingando, veuillez vous reporter à l’article publié en 2011 par Andrea Purdeková, intitulé Rwanda's Ingando Camps - Liminality and the Reproduction of Power, qui est annexé à la présente réponse.

4. Le traitement réservé aux participants

En juin 2013, l’Associated Press (AP) a signalé que 14 hommes et 2 femmes avaient fui le Rwanda et demandé l’asile en Ouganda, en soutenant avoir été victimes de [traduction] « harcèlement de la part des autorités » pour avoir refusé de participer à un programme d’ingando à Butare, à 80 kilomètres de Kigali (AP 17 juin 2013). Les étudiants affirmaient que, en raison de leur refus de participer au programme, les autorités ne leur avaient pas communiqué les résultats de leurs examens du secondaire (ibid.). Selon deux des étudiants, leur refus était fondé sur le fait que leurs amis qui s’étaient présentés à la formation ingando s’étaient vus [traduction] « forcés de traverser la frontière et de combattre avec le M23, un des nombreux groupes de rebelles actifs dans le Nord-Kivu, une province du Congo en proie à des conflits » (ibid.). Les étudiants auraient également affirmé que [traduction] « la plupart de leurs amis qui sont partis ne sont jamais revenus » (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens. Toutefois, d’après les Country Reports 2013, le gouvernement du Rwanda a fourni un soutien aux rebelles armés du M23 dans l’est de la RDC, et le M23 a recruté des mineurs et des réfugiés rwandais (É.-U. 27 févr. 2014, 1). Selon les Country Reports 2012, des [traduction] « jeunes à risque » âgés de 18 à 35 ans détenus sur l’île d’Iwawa au Rwanda dans un « Centre de réadaptation et de développement professionnel » ont été recrutés afin qu’ils se joignent au groupe armé M23 en RDC (19 avr. 2013, 9).

Dans les Country Reports 2012, on peut lire que, durant des camps ingando d’éducation civique et d’entraînement militaire, les Forces rwandaises de défense (FRD) ont exercé des pressions sur des jeunes hommes vivant dans des orphelinats afin qu’ils s’enrôlent dans l’armée (ibid. 19 avr. 2013, 18). D’après les Country Reports 2012, [traduction] « certains parents ont signalé que des dirigeants locaux du FPR avaient également exercé des pressions sur leurs enfants pour qu’ils se joignent au parti durant l’ingando » (ibid.). Au dire d’un représentant du gouvernement du Rwanda cité dans l’article de Phil Clark, l’idée fondamentale de l’ingando est que [traduction] « les gens ne sont pas nés avec des valeurs; les valeurs ne peuvent être assimilées que par la pratique et l’éducation. Il faut avoir un enseignement spécifique en matière de réconciliation et de démocratisation » (Clark 2010, 104). Phil Clark affirme que [traduction] « de telles opinions sont fortement inspirées de l’idéologie du FPR » (ibid.) D’après certains participants aux camps ingando interviewés par The Nation et FPIF, les exposés gouvernementaux étaient [traduction] « empreints de coercition et de propagande » (The Nation et FPIF 23 janv. 2014).

Selon James Kearney, qui se fonde sur des observations faites en 2008 au camp ingando phare destiné aux étudiants à Ruhengeri, le recours au [traduction] « châtiment collectif » permettait de garantir l’obéissance, châtiment qui « comportait souvent des coups de fouet » (Kearney 2011, 171). D’après l’article de The Nation et de FPIF,

[traduction]

[d]e l’avis de certains, les camps ont évolué avec le temps. Les personnes ayant assisté à ces camps avant 2010 en font des descriptions particulièrement troublantes. Un candidat à la maîtrise âgé de 25 ans qui a participé à un camp ingando en 2008 a affirmé que le programme « [lui] a appris comment contribuer en tant que soldat, non en tant qu’intellectuel ». De nombreuses personnes ont signalé que, à leur arrivée aux camps, les participants étaient contraints de porter une tenue militaire et étaient traités comme de nouvelles recrues. Un participant a affirmé avoir été battu et harcelé aux camps, récit commun chez les participants à l’ingando aujourd’hui dans la mi-vingtaine (The Nation et FPIF 23 janv. 2014).

D’après la même source, certains répondants ont soutenu que l’ingando a été [traduction] « modéré depuis quelques années », tandis que « d’autres déclarent sans équivoque que le programme reste aussi militariste que jamais » (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

En outre, elle n’a trouvé aucun autre renseignement sur le traitement réservé aux participants ingando.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] FPIF est un projet de l’Institut d’études politiques (Institute of Policy Studies), qui fournit des analyses de la politique étrangère américaine et des affaires internationales (FPIF s.d.).

[2] La United Nations Association - UK (UNA-UK) est un organisme de bienfaisance qui se décrit comme étant [traduction] « la principale source d’analyses indépendantes sur les Nations Unies au Royaume-Uni », ayant pour but principal « d’influencer les décideurs et les leaders d’opinion afin qu’ils appuient les objectifs des Nations Unies » (UNA-UK s.d.). Cet organisme ne fait pas partie des Nations Unies (ibid.).

Références

Associated Press (AP). 17 juin 2013. Rodney Muhumuza. « 16 Rwandan Students Seek Asylum in Uganda over Alleged Recruitment for Congolese M23 Rebels ». (Factiva).

Clark, Phil. 2010. The Gacaca Courts, Post-Genocide Justice and Reconciliation in Rwanda. Cambridge: Cambridge University Press.

États-Unis (É.-U.). 27 février 2014. « Rwanda ». Country Reports on Human Rights Practices for 2013. [Date de consultation : 28 oct. 2014]

_____. 19 avril 2013. « Rwanda ». Country Reports on Human Rights Practices for 2012. [Date de consultation : 17 nov. 2014]

Foreign Policy in Focus (FPIF). S.d. « Who We Are ». [Date de consultation : 20 nov. 2014]

IGIHE. 4 décembre 2013. Ange de la Victoire Dusabemungu. « Rwanda: Itorero Certificate Will Be Compulsory to Apply for a Job ». [Date de consultation : 3 nov. 2014]

Kearney, James. 2011. « A Unified Rwanda? Ethnicity, History and Reconciliation in the Ingando Peace and Solidarity Camp ». Dans Education and Reconciliation - Exploring Conflict and Post-Conflict Situations. Sous la direction de Julia Paulson. Londres : Continuum International Publishing Group.

The Nation et Foreign Policy in Focus (FPIF). 23 janvier 2014. Hilary Matfess. « Rwandan Bonsais: Are Rwanda’s Post-Genocide Youth Programs Paving the Way for Future Unrest? ». [Date de consultation : 3 nov. 2014]

Nations Unies. S.d. Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). « Rwanda - Programme for Strengthening Good Governance ». [Date de consultation : 28 oct. 2014]

The New Times. 5 décembre 2011. « The New Country - Four Traditions for the Future ». (Factiva)

Purdeková, Andrea. Septembre 2011. Rwanda's Ingando Camps - Liminality and the Reproduction of Power. Working Paper Series No. 80. Refugee Studies Centre, University of Oxford. [Date de consultation : 3 nov. 2014]

Rwanda. 31 octobre 2013a. Rwandapedia. « Ingando ». [Date de consultation : 17 nov. 2014]

_____. 31 octobre 2013b. « Rwandapedia is Launched Giving Free Access to Multilayered Information About Rwanda's History and Development ». [Date de consultation : 17 nov. 2014]

_____. S.d.a. Commission nationale pour l’unité et le réconciliation (CNUR). « Home Grown Approaches ». [Date de consultation : 28 oct. 2014]

Turner, Simon. 2014. « Making Good Citizens from Bad Life in Post-Genocide Rwanda ». Development and Change. Vol. 45, no 3.

United Nations Association - UK (UNA-UK). S.d. « About Us ». [Date de consultation : 24 nov. 2014]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre les personnes et les organisations suivantes dans les délais voulus ont été infructueuses : Amnesty International; chargé de cours en politique comparée et internationale, University of London; Ligue pour la défense des droits de l’homme dans la région des Grands Lacs. Un professeur de droit à la Fordham University à New York n’a pas pu fournir de renseignements pour la présente réponse.

Publications :

Melvin, J. Autumn 2013. « Correcting History: Mandatory Education in Rwanda ». Journal of Human Rights in the Commonwealth. Numéro 2.

Mgbako, Chi. 2005. « Ingando Solidarity Camps: Reconciliation and Political Indoctrination in Post-Genocide Rwanda ». Harvard Human Rights Journal, Vol. 18.

Purdeková, Andrea. Janvier 2008. Repatriation and Reconciliation in Divided Societies: The Case of Rwanda's Ingando. Série de documents de travail no 43. Refugee Studies Centre, University of Oxford. [Date de consultation : 17 nov. 2014]

Sites Internet, y compris : Afrik News; Agence France-Presse; Amnesty International; BBC; ecoi.net; Groupe de la Banque mondiale; Hirondelle News Agency; Human Rights Watch; Institute for War and Peace Reporting; International Crisis Group; Jeune Afrique; Ligue pour la défense des droits de l’homme dans la région des Grands Lacs; Nations Unies – Réseaux d’information régionaux intégrés, Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Refworld, ReliefWeb, UNICEF; News of Rwanda; New York Times; Radio France internationale; Rwanda Focus; Rwanda – haut-commissariat à Ottawa, Ministry of Local Government.

Document annexé

Purdeková, Andrea. Septembre 2011. Rwanda's Ingando Camps - Liminality and the Reproduction of Power. Série de documents de travail no 80. Refugee Studies Centre, University of Oxford. [Date de consultation : 3 nov. 2014]

Associated documents