China : Treatment of Guanyin Famen practitioners (Kuan Yin Famen, Guanyin Method, Quanyin Famen, Way of the Goddess of Mercy, Supreme Master Ching Hai International Association) (2014-August 2015) [CHN105272.E]

Chine : information sur le traitement réservé aux adeptes du Guanyin Famen (Kuan Yin Famen, méthode Guanyin, Quanyin Famen, Voie de la déesse de la miséricorde, Association internationale du maître suprême Ching Hai) (2014-août 2015)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur le Guanyin Famen et le traitement réservé à ses adeptes.

1. Aperçu du Guanyin Famen

Des sources affirment que Shi Qinghai a fondé le Guanyin Famen en 1988 (Dui Hua Foundation 29 août 2013; CIW 5 juin 2015), à Taïwan (ibid.).

Selon la Fondation Dui Hua, une organisation humanitaire sans but lucratif établie à San Francisco qui surveille la situation des personnes détenues en Chine, notamment pour des motifs religieux et politiques, et qui défend leurs droits (Dui Hua Foundation s.d.a), le Guanyin Famen

[traduction]

est enregistré auprès du ministère de l’Intérieur de Taïwan et est connu à l’échelle internationale sous le nom d’Association internationale du maître suprême Ching Hai. […] On estime que le mouvement compte plus de deux millions de disciples dans le monde entier, dont environ 300 000 à Taïwan (ibid. 29 août 2013).

De plus, selon la Fondation Dui Hua, le Guanyin Famen, qui a été [traduction] « introduit en Chine continentale vers 1992, comptait 500 000 adeptes dans plus de 20 provinces à son apogée » (Dui Hua Foundation 10 juill. 2014). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur le nombre d’adeptes en 2015.

D’après la Fondation Dui Hua, Shi Qinghai est une femme d’origine chinoise née au Vietnam, que ses disciples appellent [traduction] « le maître suprême Ching Hai » (Dui Hua Foundation 29 août 2013). Selon le Daily Mirror, un journal du Guangdong, elle [traduction] « se désigne elle-même comme étant un "maître suprême", au même titre que Siddharta Gautama, Jésus-Christ et Allah » [1] (CIW 5 juin 2014).

Des sources qualifient le Guanyin Famen de mouvement bouddhiste (Dui Hua Foundation 29 août 2013; É.-U. 10 oct. 2009, 115) ou de [traduction] « secte taïwanaise » du bouddhisme (ibid.). Dans un autre article, la Fondation Dui Hua signale que le Guanyin Famen est [traduction] « hautement commercialisé » et que « sa commercialisation prend appui sur des pratiques saines telles que le végétarisme et la méditation » (10 juill. 2014). En particulier, des sources notent que le Guanyin Famen gère une chaîne de restaurants végétaliens et de centres de méditation à l’échelle mondiale (Dui Hua Foundation 29 août 2013; Phoenix New Times 2 juin 2011).

La Fondation Dui Hua fournit également les renseignements suivants sur les croyances du mouvement :

[traduction]

Au cœur de la pratique, il y a la méditation quotidienne et un mode de vie végétalien défini par les « cinq interdictions » — ne pas tuer, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas se livrer à la débauche et ne pas boire. D’après l’Association antisecte de Chine, les adeptes du mouvement Guanyin Famen estiment que les deux tiers de la population mondiale doivent adopter le végétarisme pour prévenir les effets catastrophiques du changement climatique (Dui Hua Foundation 29 août 2013).

2. Perception que les autorités ont par rapport au Guanyin Famen et traitement qu'elles réservent à ses adeptes

D’après des sources, la Fondation Dui Hua ajoute que le Guanyin Famen est interdit en Chine (É.-U. 28 juill. 2014, 4; Dui Hua Foundation 29 août 2013). Selon la Commission exécutive du Congrès sur la Chine (Congressional-Executive Commission on China - CECC) des États-Unis, le gouvernement de la Chine a interdit le mouvement en juillet 1999 (É.-U. 22 août 2005). La CECC signale que le mouvement est qualifié de [traduction] « "secte" » par le gouvernement (É.-U. 10 oct. 2009, 115).

La Fondation Dui Hua affirme que

[traduction]

[d]es personnes qui s’adonnent au culte bouddhiste sans l’autorisation de [l’Association bouddhiste de la Chine] ou des bureaux locaux des affaires religieuses ont été accusées de perturbation de l’ordre social, de fraude, d’activités commerciales illégales ou de crimes suivant l’article 300 [de la loi pénale] : « organisation ou utilisation d’une secte pour miner l’application de la loi ». Les sanctions pour ces infractions comprennent des saisies, des amendes, la détention, la rééducation par le travail ou l’emprisonnement (Dui Hua Foundation 29 août 2013).

L’article 300 de la loi pénale de la République populaire de Chine est libellé ainsi :

[traduction]

Quiconque organise et utilise des sectes superstitieuses, des sociétés secrètes et des organisations religieuses maléfiques ou sabote l’application des lois et des dispositions réglementaires de l’État en se servant de la superstition est passible d’une peine d’emprisonnement d’au moins trois ans et d’au plus sept ans; lorsque les circonstances sont particulièrement graves, la peine sera d’au moins sept ans d’emprisonnement.

Quiconque organise et utilise des sectes superstitieuses, des sociétés secrètes et des organisations religieuses maléfiques ou trompe autrui en se servant de la superstition, entraînant ainsi la mort de personnes, sera puni suivant les dispositions du paragraphe précédent.

Quiconque organise et utilise des sectes superstitieuses, des sociétés secrètes et des organisations religieuses maléfiques ou a des relations sexuelles illicites avec des femmes ou soutire de l’argent ou des biens par la fraude en se servant de la superstition sera poursuivi et puni suivant les dispositions des articles 236 et 266 [se rapportant au viol et à la fraude, respectivement] de la loi (Chine 1979).

Dans son Annual Report 2009, la CECC affirme que [traduction] « le Bureau 6-10, une force de sécurité extrajudiciaire dirigée par le Parti qui réprime les mouvements religieux interdits, a intensifié ses efforts dans certaines provinces en vue de recueillir des renseignements sur le Guanyin Famen et de freiner son expansion » (É.-U. 10 oct. 2009, 115).

D’après la Fondation Dui Hua, l’activité commerciale menée par le mouvement [traduction] « est qualifiée par le gouvernement de la Chine d’infiltration et d’escroquerie étrangères » (Dui Hua Foundation 29 août 2013). La Fondation Dui Hua ajoute que le mouvement

[traduction]

s’est fait accuser de se rendre en Chine souvent « sous le prétexte de voyager, de visiter le pays, d’investir et d’ouvrir des usines dans le but de recruter et d’établir des lieux de rencontre secrets » et « dans l’intention d’amasser de vastes fortunes en ouvrant des restaurants végétariens faisant partie de leur chaîne ». L’Association antisecte de Chine décrit Shi Qinghai comme une anticommuniste en raison d’observations qu’elle a formulées au début des années 1990 sur la disparition inévitable du communisme en Chine, au Vietnam et dans le bloc de l’Est. Toutefois, d’autres personnes associées au mouvement auraient été persécutées non pas pour leurs convictions politiques, mais pour leurs pratiques commerciales et leur association avec des étrangers (Dui Hua Foundation 29 août 2013).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé de renseignements allant en ce sens ni d'autres renseignements.

3. Cas précis se rapportant au traitement des adeptes du Guanyin Famen

La Fondation Dui Hua fournit les renseignements suivants sur des cas précis ayant trait à des adeptes du Guanyin Famen :

[traduction]

La base de données de Dui Hua sur les prisonniers politiques (Political Prisoner Database - PPDB) [2] contient des renseignements sur plus d’une vingtaine de membres du Guanyin Famen, dont la plupart ont été arrêtés entre 1996 et 2005. Treize membres dirigeants ont reçu des peines allant d’un an et demi à huit ans d’emprisonnement suivant l’article 300. […] Bien que le nombre de cas médiatisés ait diminué considérablement depuis quelques années, les dossiers des administrations locales continuent de témoigner de la répression qui est exercée. Le 21 mars 2009, la police d’Urumqi a saisi, au total, 86 800 dépliants et a arrêté quatre suspects. En 2011, les autorités ont empêché, au total, 242 membres de quitter la province du Jilin pour assister à une puja à Taïwan.

La plus récente déclaration de culpabilité signalée dans les médias chinois s’est produite en 2012. En mars, la Cour populaire du district de Tiedong, dans la province du Jilin, a condamné deux accusés à des peines de sept ans d’emprisonnement pour avoir organisé ou utilisé une secte pour entraver l’application de la loi. Ils ont été accusés d’avoir utilisé des dons de 10 000 yuans [environ 2 000 $CAN] pour acheter et distribuer des dépliants et 2 600 exemplaires d’un livre sur le végétarisme et le changement climatique. Deux autres accusés, un couple qui avait organisé une projection vidéo dans sa résidence, ont reçu des peines avec sursis (Dui Hua Foundation 29 août 2013).

La CECC a signalé l’arrestation de six adeptes du Guanyin Famen à Zhangye, dans la province du Gansu, en 2009 (É.-U. 10 oct. 2009, 115). Elle a également fait état de la condamnation de six autres membres du mouvement à Urumqi en 2005; ils ont reçu des peines allant de deux à quatre ans d’emprisonnement pour des [traduction] « "activités sectaires" » (É.-U. 22 août 2005).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur des cas plus récents se rapportant à des adeptes du Guanyin Famen.

La Fondation Dui Hua note également, sans fournir plus de précisions, que le mouvement [traduction] « figure souvent dans les dossiers locaux » à titre de « cible d’inspection » (Dui Hua Foundation 10 juill. 2014).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] Le Centre australien sur la Chine dans le monde (Australian Centre on China in the World - CIW), un institut de recherche au sein de l’Université nationale de l’Australie (CIW s.d.), fournit un résumé en anglais de l’article du Daily Mirror sur son site Internet (CIW 5 juin 2015).

[2] Selon la Fondation Dui Hua, la base de données sur les prisonniers politiques [traduction] « contient des renseignements sur les prisonniers politiques et religieux en Chine depuis 1980 » (Dui Hua Foundation s.d.b). La Fondation Dui Hua affirme que les renseignements versés dans la base de données sur les dissidents politiques non violents, les adeptes d’une religion, les minorités ethniques et les pétitionnaires proviennent principalement de documents du domaine public (ibid.).

Références

Chine. 1979 (modifiée en 1997). Criminal Law of the People's Republic of China. [Date de consultation : 12 août 2015]

CIW, Australian Centre on China in the World. 5 juin 2014. « The Eleven Most Active Religious Cults in China ». [Date de consultation : 12 août 2015]

_____. S.d. « Australian Centre on China in the World ». [Date de consultation : 14 août 2015]

Dui Hua Foundation. 10 juillet 2014. « Identifying Cult Organizations in China ». [Date de consultation : 5 août 2015]

_____. 29 août 2013. « The "Cult" of Buddha ». [Date de consultation : 5 août 2015]

_____. S.d.a. « About Dui Hua ». [Date de consultation : 11 août 2015]

_____. S.d.b. « Databases ». [Date de consultation : 12 août 2015]

États-Unis (É.-U.). 28 juillet 2014. Department of State. « China (Includes Tibet, Hong Kong, and Macau) ». International Religious Freedom Report for 2013. [Date de consultation : 10 août 2015]

_____. 10 octobre 2009. Congressional-Executive Commission on China (CECC). Annual Report 2009. [Date de consultation : 10 août 2015]

_____. 22 août 2005. Congressional-Executive Commission on China (CECC). « Urumqi Court Sentences Six Guanyin Famen "Cult" Members ». [Date de consultation : 5 août 2015]

Phoenix New Times. 2 juin 2011. Stephen Lemons. « Critics Claim Supreme Master Ching Hai's Followers' Restaurants Featuring Tasty Vegan Fare Front for an Exploitive Movement ». [Date de consultation : 11 août 2015]

Autres sources consultées

Sources orales : Les personnes suivantes n’ont pu fournir de renseignements : candidat au doctorat, Australian Centre on China in the World; chargé de cours, Department of East Asian Languages and Civilizations, University of Auckland; chargé de cours, Department of Politics and International Relations of Chinese Politics, University of Auckland; chercheur, Asia Institute of the University of Melbourne; journaliste à la pige établi à Beijing; professeur, Duke Divinity School.

Les tentatives faites pour joindre les personnes suivantes dans les délais voulus ont été infructueuses : chercheur indépendant dans le domaine des droits de la personne; directeur, Australian Centre on China in the World; professeur agrégé en politiques de la Chine, Department of Politics and International Relations, Merton College.

Sites Internet, y compris : Adherents.com; Amnesty International; Asia Harvest; Asian Human Rights Commission; Center for Studies on New Religions; China Aid Association; China Daily; China Digital Times; ChinaSource; ecoi.net; Factiva; Global China Center; Global Times; Guanyin Famen – God's Direct Contact, Supreme Master Ching Hai News Magazine; Human Rights Watch; Human Rights in China; Information Centre for Human Rights and Democracy in Hong Kong; Journal of Chinese Buddhist Studies; Nations Unies – Refworld; Radio Free Asia; Religioustolerance.org; Royaume-Uni – Foreign & Commonwealth Office, Home Office.

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