Document #1029827
IRB – Immigration and Refugee Board of Canada (Author)
Ce qui suit expose, en traduction
française, le contenu d'une entrevue avec le coordonnateur
du projet d'aide technique aux organismes qui assistent les
immigrants de l'ancienne Union soviétique. Ce projet est
administré par un organisme appelé Shatil. L'entrevue
a été réalisée à
Jérusalem le 2 mai 1995.
Le Shatil vise à favoriser la
démocratie en Israël en fournissant des conseils
individualisés et de cours de formation, en publiant des
documents et en adressant des clients à des organismes sans
but lucratif œuvrant pour le progrès social. Le Shatil
fournit une aide adaptée aux besoins de chaque organisme
client dont il assume la prise en charge. Le Shatil offre des
services de conseil et de formation organisationnelle aux
organismes qui s'occupent des immigrants éthiopiens et
soviétiques; ces services sont offerts dans la langue des
immigrants et tiennent compte des besoins culturels de ces
derniers. Le Shatil offre également de l'aide aux groupes
d'intervention des centres d'intégration et des
caravanages1.
Il s'agit essentiellement de mettre
à contribution les connaissances techniques du Shatil pour
donner de la formation à de nouveaux organismes sans but
lucratif qui désirent aider les nouveaux olim de l'ex-Union
soviétique. Le projet d'aide technique aux organismes qui
assistent les immigrants de l'ancienne Union soviétique vise
exclusivement les organismes sans but lucratif, et non les
particuliers. La formation dispensée dans le cadre du projet
porte sur la façon de gérer efficacement une
organisation.
Le but initial du projet, il y a trois ans,
était simplement d'arriver à joindre tous les
organismes déjà en place. Cela s'est
avéré difficile au début, parce que le concept
d'organisme sans but lucratif n'existait pas dans l'ancienne Union
soviétique. Les personnes en provenance de ce pays
n'étaient pas habituées à mettre sur pied des
organismes en vue d'améliorer leur situation. L'une de nos
premières tâches a consisté à traduire
en russe tous nos documents écrits en hébreu. Nous
avons tenté, par exemple, de traduire le concept de «
bénévole ». Dans l'ancienne Union
soviétique, le terme russe correspondant à «
bénévole » désigne une personne qui doit
se porter volontaire, c'est-à-dire qui est forcée
d'agir comme bénévole. Il nous a été
très difficile de franchir ce genre d'obstacles culturels et
sociaux.
Lorsque nous avons rencontré les
organismes en place, nous nous sommes rendu compte que bon nombre
des services offerts par chacun d'eux se chevauchaient. Plusieurs
de ces organismes ex-soviétiques disposaient de longues
listes qui comptaient des milliers de membres, mais seulement un ou
deux travailleurs bénévoles. Habituellement, ils ne
disposaient ni d'argent, ni de bureau, ni de structure
administrative, ni de matériel de bureau, etc. Nous avons
tenté de recueillir de l'information sur les objectifs
poursuivis par ces organismes. La réponse la plus courante
était qu'ils souhaitaient venir en aide aux nouveaux olim
pour tout ce qui concernait le logement, l'emploi, la langue,
l'éducation, les services sociaux, les soins médicaux
et la culture. Notre première tâche a consisté
à les aider à mettre l'accent sur deux ou trois
questions précises et à bâtir l'organisation
à partir de la réussite de petits projets,
plutôt que de tenter de résoudre tous les
problèmes. De façon générale, notre
tâche principale a consisté à leur faire
comprendre comment fonctionnait le système.
Nous avons décidé d'orienter
nos efforts dans trois grands axes : élaborer des
séances de formation sur la façon de diriger un
organisme sans but lucratif, aider l'organisme lui-même
à effectuer le travail administratif, et fournir des
renseignements sur la façon d'exercer des pressions sur les
instances décisionnelles publiques et sur les médias.
Ce dernier point posait un défi particulier, étant
donné que les immigrants de l'ancienne Union
soviétique étaient habitués à
régler leurs problèmes de façon indirecte,
discrètement et sans faire de bruit. En Israël, ils ont
dû apprendre que cette façon de faire n'était
d'aucune utilité lorsqu'il s'agissait d'attirer l'attention
du public sur certains problèmes. Cependant, au cours des
trois dernières années, ils ont tellement bien appris
leur leçon que l'an dernier 15 000 olim de l'ancienne Union
soviétique sont descendus dans la rue pour protester contre
leur situation en Israël. Cet événement a
marqué un tournant.
Le principal problème auquel font
face les nouveaux olim de l'ex-Union soviétique est
l'emploi. Bon nombre d'entre eux se considéraient comme des
« professionnels », en ce sens qu'ils jouissaient d'un
certain prestige dans l'ancienne Union soviétique. Les
premières années on retrouvait des médecins,
des scientifiques et des enseignants qui accomplissaient des
tâches manuelles, comme laver la vaisselle, nettoyer les
rues, etc. Sur le plan psychologique, cette situation était
très difficile à accepter. Combiné au besoin
matériel de trouver un meilleur emploi, ce facteur
psychologique aide à comprendre pourquoi l'emploi
revêt une telle importance pour les nouveaux olim.
L'éducation pose également un
problème important, en particulier aux enfants des olim qui
commencent à fréquenter l'école en
Israël. Il y a deux ans, on a assisté à un
problème important de décrochage scolaire chez les
enfants des nouveaux immigrants des niveaux intermédiaire et
secondaire. Ces élèves étaient
désorientés, ne voyaient pas en quoi il était
nécessaire d'aller à l'école et vivaient des
problèmes avec d'autres étudiants israéliens.
Les enfants des nouveaux immigrants ne communiquaient pas ces
problèmes à leurs parents, surtout parce qu'ils
estimaient que ces derniers avaient déjà assez de
problèmes.
On assistait également à des
problèmes d'intégration multiculturelle. Les nouveaux
olim étaient très fiers de leurs
antécédents culturels et avaient tendance à
les comparer à la culture israélienne qu'ils
jugeaient inadéquate. Mais les Israéliens
n'appréciaient pas qu'on juge ainsi de leur culture. On
assistait au même phénomène à
l'école.
Il y avait, parmi les immigrants qui
arrivaient en Israël, des personnes
défavorisées, comme des invalides, des personnes
malades et des familles monoparentales. Ces personnes avaient plus
de difficulté à s'adapter à la nouvelle
société. Dans le cas des non-Juifs, les
problèmes étaient liés à des choix
personnels (mariage, enterrement, divorce, etc.) et non aux droits
de la personne qu'ils avaient comme citoyens. Il importe en effet
de préciser que les immigrants non juifs qui arrivent en
Israël en vertu de la Loi sur le retour font face à des
difficultés qui concernent uniquement des questions d'ordre
religieux. Le mariage civil, par exemple, n'existe pas en
Israël. Si des Israéliens désirent se marier en
vertu du droit civil, ils doivent se rendre à Chypre. Dans
le cadre de notre travail auprès des organismes qui
assistent les immigrants de l'ex-Union soviétique, nous
n'avons décelé aucun problème quant au respect
des droits de la personne à l'égard des immigrants
non juifs. Cela ne signifie pas toutefois qu'il n'existe aucun
problème lié aux droits de la personne. Par ailleurs,
je ne connais aucun organisme non juif qui vienne en aide à
des immigrants non juifs de l'ancienne Union soviétique. Si
un organisme s'occupant des immigrants non juifs s'intéresse
à fournir des services à des non-Juifs qui ont
immigré en Israël, il peut solliciter l'aide technique
du Shatil. Cet organisme aide aussi bien les organismes juifs que
les organismes non juifs.
Grâce à notre projet, nous
aidons de nombreux organismes qui assistent les immigrants, dont
l'organisation Tchernobyl d'Israël, l'association des
enseignants immigrants, l'Himkha (pour parents seuls) et
l'organisation des anciens combattants de la Deuxième Guerre
mondiale. Nous travaillons également avec des groupes de
personnes en préretraite (55 ans et plus). Le Shilouv
(Intégration) est un organisme qui donne de l'information
sur les droits de la personne aux nouveaux immigrants de l'ex-Union
soviétique, à qui nous fournissons également
de l'aide. Le Shatil travaille de près avec un organisme
appelé « Des toits pour les nécessiteux »
qui offre des services aux immigrants défavorisés en
leur procurant un logement adéquat.
Les nouveaux immigrants olim connaissent
bien l'existence du Shatil et les services qu'il offre. Nous
préparons actuellement une série d'émissions
radiodiffusées. Comme il y aura des élections en
Israël l'an prochain, le Shatil met au point actuellement un
séminaire conçu pour informer les organismes qui
assistent les immigrants de la façon de profiter de
l'occasion pour faire connaître leur programme au grand
public.
1 Pour de plus amples renseignements sur le
Shatil, veuillez consulter la brochure officielle jointe.
Information on the assistance available to former Soviet immigrant organizations [ISR21647.E] (Response, English)