Information on the assistance available to former Soviet immigrant organizations [ISR21647.E]

Ce qui suit expose, en traduction française, le contenu d'une entrevue avec le coordonnateur du projet d'aide technique aux organismes qui assistent les immigrants de l'ancienne Union soviétique. Ce projet est administré par un organisme appelé Shatil. L'entrevue a été réalisée à Jérusalem le 2 mai 1995.

Le Shatil vise à favoriser la démocratie en Israël en fournissant des conseils individualisés et de cours de formation, en publiant des documents et en adressant des clients à des organismes sans but lucratif œuvrant pour le progrès social. Le Shatil fournit une aide adaptée aux besoins de chaque organisme client dont il assume la prise en charge. Le Shatil offre des services de conseil et de formation organisationnelle aux organismes qui s'occupent des immigrants éthiopiens et soviétiques; ces services sont offerts dans la langue des immigrants et tiennent compte des besoins culturels de ces derniers. Le Shatil offre également de l'aide aux groupes d'intervention des centres d'intégration et des caravanages1.

Il s'agit essentiellement de mettre à contribution les connaissances techniques du Shatil pour donner de la formation à de nouveaux organismes sans but lucratif qui désirent aider les nouveaux olim de l'ex-Union soviétique. Le projet d'aide technique aux organismes qui assistent les immigrants de l'ancienne Union soviétique vise exclusivement les organismes sans but lucratif, et non les particuliers. La formation dispensée dans le cadre du projet porte sur la façon de gérer efficacement une organisation.

Le but initial du projet, il y a trois ans, était simplement d'arriver à joindre tous les organismes déjà en place. Cela s'est avéré difficile au début, parce que le concept d'organisme sans but lucratif n'existait pas dans l'ancienne Union soviétique. Les personnes en provenance de ce pays n'étaient pas habituées à mettre sur pied des organismes en vue d'améliorer leur situation. L'une de nos premières tâches a consisté à traduire en russe tous nos documents écrits en hébreu. Nous avons tenté, par exemple, de traduire le concept de « bénévole ». Dans l'ancienne Union soviétique, le terme russe correspondant à « bénévole » désigne une personne qui doit se porter volontaire, c'est-à-dire qui est forcée d'agir comme bénévole. Il nous a été très difficile de franchir ce genre d'obstacles culturels et sociaux.

Lorsque nous avons rencontré les organismes en place, nous nous sommes rendu compte que bon nombre des services offerts par chacun d'eux se chevauchaient. Plusieurs de ces organismes ex-soviétiques disposaient de longues listes qui comptaient des milliers de membres, mais seulement un ou deux travailleurs bénévoles. Habituellement, ils ne disposaient ni d'argent, ni de bureau, ni de structure administrative, ni de matériel de bureau, etc. Nous avons tenté de recueillir de l'information sur les objectifs poursuivis par ces organismes. La réponse la plus courante était qu'ils souhaitaient venir en aide aux nouveaux olim pour tout ce qui concernait le logement, l'emploi, la langue, l'éducation, les services sociaux, les soins médicaux et la culture. Notre première tâche a consisté à les aider à mettre l'accent sur deux ou trois questions précises et à bâtir l'organisation à partir de la réussite de petits projets, plutôt que de tenter de résoudre tous les problèmes. De façon générale, notre tâche principale a consisté à leur faire comprendre comment fonctionnait le système.

Nous avons décidé d'orienter nos efforts dans trois grands axes : élaborer des séances de formation sur la façon de diriger un organisme sans but lucratif, aider l'organisme lui-même à effectuer le travail administratif, et fournir des renseignements sur la façon d'exercer des pressions sur les instances décisionnelles publiques et sur les médias. Ce dernier point posait un défi particulier, étant donné que les immigrants de l'ancienne Union soviétique étaient habitués à régler leurs problèmes de façon indirecte, discrètement et sans faire de bruit. En Israël, ils ont dû apprendre que cette façon de faire n'était d'aucune utilité lorsqu'il s'agissait d'attirer l'attention du public sur certains problèmes. Cependant, au cours des trois dernières années, ils ont tellement bien appris leur leçon que l'an dernier 15 000 olim de l'ancienne Union soviétique sont descendus dans la rue pour protester contre leur situation en Israël. Cet événement a marqué un tournant.

Le principal problème auquel font face les nouveaux olim de l'ex-Union soviétique est l'emploi. Bon nombre d'entre eux se considéraient comme des « professionnels », en ce sens qu'ils jouissaient d'un certain prestige dans l'ancienne Union soviétique. Les premières années on retrouvait des médecins, des scientifiques et des enseignants qui accomplissaient des tâches manuelles, comme laver la vaisselle, nettoyer les rues, etc. Sur le plan psychologique, cette situation était très difficile à accepter. Combiné au besoin matériel de trouver un meilleur emploi, ce facteur psychologique aide à comprendre pourquoi l'emploi revêt une telle importance pour les nouveaux olim.

L'éducation pose également un problème important, en particulier aux enfants des olim qui commencent à fréquenter l'école en Israël. Il y a deux ans, on a assisté à un problème important de décrochage scolaire chez les enfants des nouveaux immigrants des niveaux intermédiaire et secondaire. Ces élèves étaient désorientés, ne voyaient pas en quoi il était nécessaire d'aller à l'école et vivaient des problèmes avec d'autres étudiants israéliens. Les enfants des nouveaux immigrants ne communiquaient pas ces problèmes à leurs parents, surtout parce qu'ils estimaient que ces derniers avaient déjà assez de problèmes.

On assistait également à des problèmes d'intégration multiculturelle. Les nouveaux olim étaient très fiers de leurs antécédents culturels et avaient tendance à les comparer à la culture israélienne qu'ils jugeaient inadéquate. Mais les Israéliens n'appréciaient pas qu'on juge ainsi de leur culture. On assistait au même phénomène à l'école.

Il y avait, parmi les immigrants qui arrivaient en Israël, des personnes défavorisées, comme des invalides, des personnes malades et des familles monoparentales. Ces personnes avaient plus de difficulté à s'adapter à la nouvelle société. Dans le cas des non-Juifs, les problèmes étaient liés à des choix personnels (mariage, enterrement, divorce, etc.) et non aux droits de la personne qu'ils avaient comme citoyens. Il importe en effet de préciser que les immigrants non juifs qui arrivent en Israël en vertu de la Loi sur le retour font face à des difficultés qui concernent uniquement des questions d'ordre religieux. Le mariage civil, par exemple, n'existe pas en Israël. Si des Israéliens désirent se marier en vertu du droit civil, ils doivent se rendre à Chypre. Dans le cadre de notre travail auprès des organismes qui assistent les immigrants de l'ex-Union soviétique, nous n'avons décelé aucun problème quant au respect des droits de la personne à l'égard des immigrants non juifs. Cela ne signifie pas toutefois qu'il n'existe aucun problème lié aux droits de la personne. Par ailleurs, je ne connais aucun organisme non juif qui vienne en aide à des immigrants non juifs de l'ancienne Union soviétique. Si un organisme s'occupant des immigrants non juifs s'intéresse à fournir des services à des non-Juifs qui ont immigré en Israël, il peut solliciter l'aide technique du Shatil. Cet organisme aide aussi bien les organismes juifs que les organismes non juifs.

Grâce à notre projet, nous aidons de nombreux organismes qui assistent les immigrants, dont l'organisation Tchernobyl d'Israël, l'association des enseignants immigrants, l'Himkha (pour parents seuls) et l'organisation des anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale. Nous travaillons également avec des groupes de personnes en préretraite (55 ans et plus). Le Shilouv (Intégration) est un organisme qui donne de l'information sur les droits de la personne aux nouveaux immigrants de l'ex-Union soviétique, à qui nous fournissons également de l'aide. Le Shatil travaille de près avec un organisme appelé « Des toits pour les nécessiteux » qui offre des services aux immigrants défavorisés en leur procurant un logement adéquat.

Les nouveaux immigrants olim connaissent bien l'existence du Shatil et les services qu'il offre. Nous préparons actuellement une série d'émissions radiodiffusées. Comme il y aura des élections en Israël l'an prochain, le Shatil met au point actuellement un séminaire conçu pour informer les organismes qui assistent les immigrants de la façon de profiter de l'occasion pour faire connaître leur programme au grand public.

1 Pour de plus amples renseignements sur le Shatil, veuillez consulter la brochure officielle jointe.

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