Syria: Situation of the Druze, including whether they are preceived to be loyal to President Assad by the insurgent groups; treatment by the authorities and the insurgent groups (January 2015-November 2015) [SYR105355.E]

Syrie : information sur la situation des Druzes, y compris s’ils sont perçus par les groupes d’insurgés comme étant fidèles au président Assad; information sur le traitement que leur réservent les autorités et les groupes d’insurgés (janvier 2015-novembre 2015)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Survol

Des sources mentionnent que les Druzes représentent environ 3 p. 100 de la population syrienne, laquelle compte quelque 22,5 millions d’habitants (The Arab Weekly 4 sept. 2015; BBC 19 juin 2015; É.-U. 30 avr. 2015, 115-116). De même, d’autres sources affirment qu’il y a environ 700 000 Druzes en Syrie (The Washington Post 20 juill. 2015; The Daily Beast 21 juin 2015).

Des sources signalent que la majorité des Druzes vivent dans la province de Soueïda, dans le sud du pays (The Washington Post 20 juill. 2015; MEI 13 juill. 2015; BBC 19 juin 2015). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chercheur universitaire affilié au centre d’études et de recherches Middle East Forum établi aux États-Unis, qui a présenté son propre point de vue fondé sur les recherches actuelles concernant les groupes d’insurgés et les minorités en Syrie, a déclaré qu’il y a une forte concentration de Druzes dans le djebel el-Druze (montagne des Druzes) dans la province de Soueïda, où la majorité de la population est druze (chercheur universitaire 5 nov. 2015). Selon lui, les autres régions où se trouvent des concentrations de Druzes sont, entre autres, le djebel al-Summaq (montagne rouge), une région de la province d’Idlib au Nord regroupant 18 villages; le djebel el-Cheikh, une région de la province de Quneitra en bordure du plateau du Golan, et Jaramana, une banlieue de Damas (ibid.). De même, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur d’islam contemporain à l’Université d’Édimbourg dont la recherche est axée actuellement sur la Syrie, a déclaré que les régions habitées par des Druzes syriens comprennent [traduction] « la province de Quneitra le long de la ligne de cessez-le-feu avec Israël et le quartier de Jaramana à Damas » (professeur 10 nov. 2015). Selon le Middle East Institute (MEI), une organisation fondée en 1946 et établie à Washington, qui s’emploie à mieux faire connaître le Moyen-Orient (MEI s.d.), environ 25 000 Druzes syriens vivent dans 18 villages de la province d’Idlib, 30 000 dans le djebel el-Cheikh (aussi connu sous le nom de mont Hermon), et quelque 50 000 à Jaramana (MEI 13 juill. 2015). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens sur la répartition du nombre de Druzes en Syrie.

Le chercheur universitaire a déclaré que la religion druze est [traduction] « une ramification de l’islam chiite » et que « [c]ertains des aspects notables qui la distinguent de l’islam dominant sont, entre autres, l’absence de mosquées, la vénération de textes autres que le Coran et la croyance dans la transmigration de l’âme » (5 nov. 2015). La BBC signale que la foi druze remonte à l’ismaïlisme du courant musulman chiite du XIe siècle (19 juin 2015). Minority Rights Group International (MRG) précise que les Druzes sont d’origine ethnique arabe, parlent l’arabe, et que leur religion est [traduction] « fermée aux étrangers » (MRG s.d.). La même source déclare que leur religion [traduction] « englobe plusieurs croyances de l’islam, du judaïsme et du christianisme, et qu’elle est aussi influencée par la philosophie grecque et l’hindouisme » (ibid.).

On peut lire dans un rapport de la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies sur la République arabe syrienne que [version française des Nations Unies] « [t]outes les communautés religieuses et ethniques de Syrie pâtissent du conflit » (Nations Unies 13 août 2015, paragr. 109). De même, la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse dans le monde (US Commission on International Religious Freedom - USCIRF) déclare que [traduction] « [t]ous les Syriens, y compris les musulmans sunnites, chiites et alaouites, les chrétiens et les plus petites communautés comme les Yézidis et les Druzes, vivent dans de tristes conditions et font face à un avenir désastreux » (É.-U. 30 avr. 2015, 118). La même source déclare que la [traduction] « crise syrienne a évolué en un conflit largement sectaire », dans lequel les forces du président Assad ciblent principalement les [traduction] « civils musulmans sunnites », tandis que les groupes de l’opposition extrémistes, comme le groupe État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) [appelé aussi EIIS ou EI], ciblent le régime, ses partisans, les minorités religieuses et les musulmans opposés à leur idéologie (ibid., 115-116).

2. Perception qu’ont les insurgés de la fidélité des Druzes au président Assad

Dans un article publié en juin 2015 dans l’American Interest, une revue interdisciplinaire qui traite essentiellement de [traduction] « la conduite de l’Amérique sur la scène mondiale » (The American Interest 1er sept. 2005), Itamar Rabinovich, un professeur émérite d’histoire du Moyen-Orient à l’Université de Tel-Aviv et ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis (Brookings Institution s.d.), déclare que

[traduction]

[j]usqu’à récemment, les Druzes de la Syrie ont réussi à ne pas prendre parti dans le conflit, refusant de participer au combat, adoptant une attitude modérément pro-régime et manœuvrant adroitement pour se tenir hors de la ligne de tir (The American Interest juin 2015).

De même, le Los Angeles Times déclare que les chefs religieux druzes appuient la [traduction] « solution modérée » qui « encourage la réforme politique pacifique en Syrie tout en rejetant la rébellion armée » (21 juin 2015). Cependant, la même source ajoute que les Druzes sont néanmoins [traduction] « généralement considérés comme étant partisans du gouvernement d’Assad », ce qui en fait la cible de groupes d’opposition, notamment dans des régions comme Jaramana (Los Angeles Times 21 juin 2015). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le directeur du Centre d’études sur le Moyen-Orient (Center for Middle East Studies) de l’Université de l’Oklahoma, qui a publié des articles sur la situation en Syrie dans des revues spécialisées, a déclaré que [traduction] « les combattants sunnites d’aujourd’hui considèrent toutes les minorités comme des partisans du régime; cela étant, elles sont souvent la cible d’actions de revanche et d’attaques » (directeur 3 nov. 2015). La même source a déclaré que les Druzes à Jaramana sont ciblés parce que cette région est [traduction] « majoritairement druze et perçue comme étant fidèle au gouvernement » (ibid.).

Le professeur a déclaré que les [traduction] « principaux » groupes d’insurgés font la distinction entre les Druzes et le régime, mais que des groupes d’extrémistes sont « plus agressifs » à l’endroit des Druzes (professeur 10 nov. 2015).

Selon Al-Monitor, un site de nouvelles et d’analyses sur le Moyen-Orient (Al-Monitor s.d.), la majorité des Druzes appuient le régime, bien que certains d’entre eux se soient joints à l’opposition (ibid. 17 juill. 2015). La même source fait remarquer que des Druzes occupent des postes dans l’administration publique, l’armée et les forces de sécurité du régime (ibid.). Des sources déclarent que des Druzes forment [traduction] « des comités populaires pour défendre leurs résidences contre les attaques des rebelles » (BBC 19 juin 2015), se battent dans des groupes paramilitaires pro-Assad (BBC 19 juin 2015) ou se battent dans l’armée du régime (chercheur universitaire 5 nov. 2015). Au dire du chercheur universitaire, un [traduction] « grand nombre » de Druzes ont péri en se battant dans les rangs de l’armée syrienne, surtout des Druzes du djebel el-Druze, du djebel el-Cheikh et de Jaramana, mais de nombreux Druzes ont aussi « résisté à la conscription » (ibid.).

Des sources signalent que, à la suite de gains des groupes de l’opposition, les Druzes ont manifesté une résistance de plus en plus marquée envers les autorités syriennes (BBC 19 juin 2015; The Washington Post 20 juill. 2015). Il semblerait que les Druzes se soient particulièrement opposés à ce que des membres de leur communauté soient forcés au service militaire du régime (The Washington Post 20 juill. 2015; professeur 10 nov. 2015).

3. Traitement réservé aux Druzes
3.1 Traitement que le gouvernement du président Assad réserve aux Druzes

Des sources signalent que les autorités syriennes auraient arrêté des Druzes qui refusaient de s’enrôler dans l’armée (The Daily Beast 21 juin 2015; The Washington Post 20 juill. 2015; BBC 19 juin 2015). Selon des sources, les autorités les auraient autorisés à ne se battre que dans leur propre province (The Washington Post 20 juill. 2015; BBC 19 juin 2015), ce qui, selon la BBC, était une tentative de [traduction] « calmer la situation » (ibid.).

Des sources déclarent que les autorités syriennes auraient été responsables de la mort, en septembre 2015, du cheikh Wahid Balous [cheikh Wahid al-Balous ou cheikh Abou Fahad Wahid al-Balous] (professeur 10 nov. 2015; chercheur universitaire 5 nov. 2015; AP 5 sept. 2015), un chef religieux druze à Soueïda (ibid.). Selon des sources, le cheikh Wahid Balous et 25 autres personnes ont été tués par un engin explosif improvisé placé dans un véhicule (professeur 10 nov. 2015; AP 5 sept. 2015). D’après l’Associated Press (AP), le cheikh Wahid Balous était un [traduction] « important critique du président Bashar Assad, exhortant les jeunes du bastion druze dans la province de Soueïda à refuser de servir dans les forces armées » (ibid.). Le professeur a déclaré que le cheikh était le chef d’un groupe appelé [traduction] « les cheikhs de la dignité » qui considérait que « les Druzes ne devraient porter les armes que pour défendre leurs régions contre des extrémistes sunnites comme le groupe EIIL », plutôt que pour appuyer l’armée du régime dans d’autres régions de la Syrie (10 nov. 2015). Selon le chercheur universitaire, le cheikh Wahid Balous était le fondateur d’une milice appelée [traduction] « "Rijal el-Karama" » [Hommes de dignité], qui « s’est employée à protéger ceux qui résistent la conscription et qui affirme catégoriquement que le service militaire ne devrait être que volontaire » (5 nov. 2015).

3.2 Traitement que les forces de l’opposition réservent aux Druzes

Des sources déclarent que des groupes extrémistes, comme le groupe EIIL et le Front al-Nosra [ou Jabhat al-Nosra], considèrent que les Druzes sont des [traduction] « hérétiques » (Al Jazeera America 2 juill. 2015; BBC 19 juin 2015), des « infidèles » (The Daily Signal 1er juill. 2015) ou des « non-croyants et des païens » (directeur 3 nov. 2015).

Le chercheur universitaire a déclaré qu’en janvier 2015, les Druzes du djebel al-Summaq (dans la région d’Idlib) ont été forcés de déclarer qu’ils renonçaient à la foi druze et de se convertir à l’islam sunnite après la prise de contrôle de la région par le groupe Jabhat al-Nosra (5 nov. 2015). De même, le journal suisse Le Temps signale la [version française du Temps] « conversion forcée » à l’islam sunnite des Druzes vivant dans la région d’Idlib, au début de 2015 (23 août 2015). Selon des sources, le groupe Jabhat al-Nosra aurait menacé de tuer les Druzes s’ils refusaient de se convertir à l’islam sunnite (Nations Unies 13 août 2015, paragr. 130; chercheur universitaire 5 nov. 2015; Al Jazeera America 2 juill. 2015). Le chercheur universitaire a précisé que la déclaration comportait également un appel à détruire les lieux saints du djebel al-Summaq (chercheur universitaire 5 nov. 2015). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

Des sources déclarent qu’en juin 2015, les combattants du Jabhat al-Nosra ont tué des villageois druzes dans le village de Qalb Lawzé [Qalb Lawsah ou Qalb Lawza], dans la province d’Idlib (Los Angeles Times 21 juin 2015; Al-Monitor 17 juill. 2015; Al Jazeera America 2 juill. 2015). Selon les sources, au cours de cet incident, de 20 (Al-Monitor 17 juill. 2015) à 24 Druzes ont été tués (Al Jazeera America 2 juill. 2015). Des sources signalent que cet incident s’est déroulé tandis que des combattants du Jabhat al-Nosra tentaient d’exproprier des Druzes de leurs maisons (directeur 10 nov. 2015; MEI 13 juill. 2015). Selon les Nations Unies, les Druzes habitant à Qalb Lawzé ont aussi dû se convertir à l’islam sunnite en janvier 2015 quand le groupe Jabhat al-Nosra a pris le contrôle de la région (13 août 2015, paragr. 130).

Selon le Los Angeles Times, des [traduction] « dizaines » de Druzes ont été tués à Jaramana par des attaques ciblées de l’opposition, comme des attentats à la voiture piégée et des attaques au mortier (21 juin 2015). De même, le directeur a déclaré que Jaramana [traduction] « a fréquemment été la cible d’attentats à la voiture piégée et d’attaques au mortier » dans des actions ciblées de l’opposition (3 nov. 2015).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Al Jazeera America. 2 juillet 2015. Nicholas Blanford. « For Syria’s Druze, Survival Hinges on Choosing the Right Ally ». [Date de consultation : 4 nov. 2015]

Al-Monitor. 17 juillet 2015. Samir Nader. « Druze Caught up in 'Game of Nations' ». [Date de consultation : 4 nov. 2015]

_____. S.d. « About ». [Date de consultation : 25 nov. 2015]

The American Interest. Juin 2015. Itamar Rabinovitch. « The Syrian Civil War Comes to the Druze ». [Date de consultation : 4 nov. 2015]

____ . 1er septembre 2005. « Defining The American Interest ». [Date de consultation : 20 nov. 2015]

The Arab Weekly. 4 septembre 2015. Samar Kadi. « Druze Minority Shielded by Integration ». No 21. [Date de consultation : 16 nov. 2015]

Associated Press (AP). 5 septembre 2015. « Syrian Druze City Turns on Assad After Top Cleric Killed By Car Bomb ». [Date de consultation : 4 nov. 2015]

British Broadcasting Corporation (BBC). 19 juin 2015. Faisal Irshaid. « Syria's Druze Under Threat as Conflict Spreads ». [Date de consultation : 4 nov. 2015]

Brookings Institution. S.d. « Itamar Rabinovich ». [Date de consultation : 20 nov. 2015]

Chercheur universitaire, Middle East Forum. 5 novembre 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

The Daily Beast. 21 juin 2015. Hassan Hassan. « Assad Is Losing His Troops ». [Date de consultation : 16 nov. 2015]

The Daily Signal. 1er juillet 2015. Charlotte Florance. « Torn By War and Terror, This Syrian Minority Group Is Struggling to Survive ». [Date de consultation : 4 nov. 2015]

Directeur, Center for Middle East Studies, University of Oklahoma. 3 novembre 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

États-Unis (É.-U.). 30 avril 2015. Commission on International Religious Freedom (USCIRF). « Syria ». Annual Report 2015. [Date de consultation : 5 nov. 2015]

Los Angeles Times. 21 juin 2015. Patrick J. McDonnell et Nabih Bulos. « Syrian Military and Druze Allies Join Forces to Fend off 'Terrorists' ». [Date de consultation : 18 nov. 2015]

Middle East Institute (MEI). 13 juillet 2015. Ibrahim al-Assil et Randa Slim. « The Syrian Druze at a Crossroads ». [Date de consultation : 4 nov. 2015]

_____. S.d. « Our Mission ». [Date de consultation : 18 nov. 2015]

Minority Rights Group International (MRG). S.d. « Syria--Druze ». World Directory of Minorities and Indigenous People. [Date de consultation : 16 nov. 2015]

Nations Unies. 13 août 2015. Human Rights Council. Report of the Independent International Commission of Inquiry on the Syrian Arab Republic. [Date de consultation : 4 nov. 2015]

Professeur, Contemporary Islam, University of Edinburgh. 10 novembre 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Le Temps. 23 août 2015. « Le dilemme de la minorité druze ». [Date de consultation : 4 nov. 2015]

The Washington Post. 20 juillet 2015. Hugh Naylor. « In New Sign of Assad's Troubles, Syria's Druze Turn Away from President ». [Date de consultation : 4 nov. 2015]

Autres sources consultées

Sources orales : agrégé supérieur, The Washington Institute for Near East Policy; Amnesty International; Carnegie Endowment for International Peace; Human Rights Watch.

Sites Internet, y compris : Al-Araby al-Jadeed; Amnesty International; The Daily Star; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; Freedom House; Global Research; Heinrich Böll Stiftung; Human Rights Watch; Institute of War and Peace Reporting; International Crisis Group; IRIN; The Jerusalem Post; The National [Abu Dhabi]; Nations Unies – Refworld; Syria Direct; Syrian Human Rights Committee; The Times of Israel; The Washington Institute for Near East Policy.

Associated documents