Hongrie : information sur la violence extrémiste contre les Roms; la structure des organisations extrémistes et les liens entre elles; la réponse des autorités et la protection offerte par l’État aux Roms victimes de violence (2018-août 2019) [HUN106347.EF]

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Selon Minority Rights Group International (MRG), depuis 2010, la Hongrie vit une période [traduction] « marquée […] par une montée du nationalisme. Dans cet environnement, les Roms ont servi de boucs émissaires et ont été diabolisés dans le discours de l’extrême droite » (MRG janv. 2018). MRG ajoute que [traduction] « [l]a violence raciste envers les Roms demeure l'un des problèmes les plus urgents du pays » (MRG janv. 2018). Deutsche Welle (DW) signale que, [traduction] « [m]ême si les crimes violents contre les Roms sont moins éhontés de nos jours, cette minorité continue de faire face à l’adversité » (DW 22 févr. 2019).

Al Jazeera signale qu’un nombre accru de [traduction] « jeunes Hongrois se joignent à des mouvements néonazis et d’extrême droite, tels que l’Armée des hors-la-loi (Betyársereg ) », dont certains membres subissent des procès « pour avoir intimidé des Roms » (Al Jazeera 21 nov. 2018). Dans un article paru en décembre 2018 dans la revue universitaire Perspectives on Terrorism , il est écrit que, alors que les taux de migration étaient très bas en Hongrie au cours de la deuxième moitié des années 2000, il y a eu une montée du phénomène des justiciers et du paramilitarisme après la [traduction] « crise migratoire » de 2015, alimentée en partie par la « soi-disant "question rom" » (Mareš déc. 2018, 131).

2. Organisations extrémistes

Selon des sources, le Mouvement Notre patrie [Mi Hazánk Mozgalom - MHM] est un parti politique fondé par László Toroczkai, un ancien vice-président du parti Jobbik, en 2018 (AFP 21 mai 2019; Foreign Policy Research Institute 10 juill. 2018). Pour plus d’information sur le parti Jobbik et le MHM, veuillez consulter la réponse à la demande d’information HUN106147 publiée en juillet 2018. Sans fournir d’autres précisions, l’Agence France-Presse (AFP) signale que László Toroczkai est [traduction] « lié à plusieurs groupes de justiciers en Hongrie » (AFP 21 mai 2019). D’après des sources, László Toroczkai a fondé le Mouvement de jeunesse des soixante-quatre comitats, un mouvement d’extrême droite (Mareš déc. 2018, 126; Politico 17 juin 2019), ou en est l’une des [traduction] « figures marquantes » (The Washington Post 17 sept. 2015). Dans un article paru en 2015, le Washington Post qualifie le groupe [traduction] « [d’]organisation politique ultranationaliste et d’extrême droite qui est proche de l’influent parti Jobbik. Ses membres croient à la restauration de la "Grande Hongrie" dans ses frontières d’avant la Première Guerre mondiale et l’effondrement de l’empire austro-hongrois » (The Washington Post 17 sept. 2015).

Des médias signalent que, en mai 2019, le MHM a organisé une manifestation à Törökszentmiklós contre [traduction] « "les terroristes gitans" » (AFP 21 mai 2019) ou [traduction] « "la criminalité rom" » (Reuters 21 mai 2019). D’après l’Associated Press (AP), environ 400 personnes ont assisté à la manifestation du MHM alors que, à proximité, 200 Roms rendaient hommage aux victimes [traduction] « [d’]une série de meurtres de Roms commis dix ans plus tôt », et « deux autres groupes ont aussi organisé de petites manifestations contre l’événement d’extrême droite » (AP 21 mai 2019). Dans son manifeste en vue des élections au Parlement européen de 2019 (Manifesto for the European Parliament Elections 2019 ), le MHM déclare ceci : [traduction] « [n]ous devons lutter contre toutes les facettes de la délinquance gitane, et le problème devrait être réglé par le renforcement de la police et le soutien aux associations d’autodéfense volontaires » (OHM 2019, 12).

Selon des sources, le MHM a annoncé en mai 2019 qu’il mettait sur pied une milice, la Légion nationale [Nemzeti Legio ] (AFP 21 mai 2019; Hungary Today 21 mai 2019; The Independent avec AP 14 mai 2019). Citant une déclaration de László Toroczkai, l’AFP signale que la milice mettrait l’accent sur l’enseignement [traduction] « de l’autodéfense et des compétences militaires de base » et qu’elle « voulait perpétuer "l’idéalisme" de la Magyar Garda [Garde hongroise] », une autre milice fondée par un dirigeant du Jobbik (AFP 21 mai 2019). D’après l’AP, durant la manifestation à Törökszentmiklós, László Toroczkai a soutenu que les problèmes ayant mené à la création de la Garde hongroise, aujourd’hui dissoute, tels que [traduction] « les crimes commis par les Roms », n’avaient « fait que s’aggraver » (AP 21 mai 2019).

Selon Hope Not Hate , un groupe d’action politique antifasciste au Royaume-Uni (Hope Not Hate s.d.), une cinquantaine de personnes ont assisté au [traduction] « lancement officiel » de la Légion nationale à Szeged le 1erjuin (Hope Not Hate 22 juin 2019). La même source ajoute que ce groupe était [traduction] « deux fois moins nombreux que les contre-manifestants antifascistes » (Hope Not Hate 22 juin 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information sur la taille, la structure et les activités de la Légion nationale.

Hungary Today , un portail de nouvelles de langue anglaise (Hungary Today s.d.), signale que [traduction] « la Betyársereg , une organisation d’activistes d’extrême droite, est aussi régulièrement présente aux événements de Mi Hazánk » (Hungary Today 21 mai 2019). Dans un article paru en juillet 2018 sur le site Internet du Foreign Policy Research Institute , un groupe de réflexion qui présente [traduction] « des analyses politiques non partisanes portant principalement sur les difficultés en matière de politique étrangère et de sécurité nationale auxquelles font face les États-Unis », on peut lire que, au milieu de l’année 2017,

[traduction]

une nouvelle coalition nationaliste d’extrême droite a vu le jour en Hongrie, composée de Betyársereg (« Armée des hors-la-loi »), un groupe d’activistes nationalistes qui se décrit comme un « mouvement sportif patriotique », et de deux autres groupes, Érpataki Modell Országos Hálózata (« Réseau pan-national du modèle d’Érpatak ») et Identitárius Egyetemisták Szövetsége (« Association des étudiants universitaires Identitárius », aussi appelée « Identitesz ») (Foreign Policy Research Institute 10 juill. 2018).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune autre information sur Betyársereg , le Réseau pan-national du modèle d’Érpatak et l’Association des étudiants universitaires Identitárius.

3. Réponse des autorités

Selon des sources qui couvraient la manifestation à Törökszentmiklós, la police a séparé les manifestants des Roms locaux, ainsi que des contre-manifestants (AFP 21 mai 2019; Hope Not Hate 22 juin 2019). D’après l’AFP, le MHM prévoyait défiler à Törökszentmiklós, mais la police [traduction] « a interdit le défilé » (AFP 21 mai 2019). De même, Hungary Today a signalé que la police avait initialement interdit le [traduction] « défilé […], autorisant seulement une "manifestation statique" » (Hungary Today 22 mai 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements sur les mesures prises par la police en réponse aux activités des groupes extrémistes et d’extrême droite. Pour de l’information sur les mesures prises par la police en réponse aux plaintes faites par des citoyens roms, y compris la marche à suivre pour déposer une plainte contre un policier, et sur les autres mécanismes de plainte concernant les violations des droits de la personne, veuillez consulter la réponse à la demande d’information HUN106145 publiée en juillet 2018.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Agence France-Presse (AFP). 21 mai 2019. « Hungary Far-Right Protest Stokes Fears of Anti-Roma Violence ». [Date de consultation : 1eraoût 2019]

Al Jazeera. 21 novembre 2018. « Prejudice and Pride in Hungary: Inside the Far Right ». [24 juill. 2019]

Associated Press (AP). 21 mai 2019. « Far-Right Rally in Hungary amid Renewed Tensions with Roma ». [Date de consultation : 26 août 2019]

Deutsche Welle (DW). 22 février 2019. Keno Verseck. « Decade After Neo-Nazi Killings, Hungary Hostile for Roma ». [Date de consultation : 30 juill. 2019]

Foreign Policy Research Institute . 10 juillet 2018. John R. Haines. « A New Political Movement Emerges on Hungary's Far Right ». [Date de consultation : 8 août 2019]

Hope Not Hate . 22 juin 2019. Bernard Rorke. « Long Hot Summer: Hungary's Fascists Target Roma Communities ». [Date de consultation : 23 août 2019]

Hope Not Hate . S.d. « About Us ». [Date de consultation : 23 août 2019]

Hungary Today . 22 mai 2019. Ábrahám Vass. « Far-Right Demo in Törökszentmiklós: Heavy Police Presence and Tension Without Violence ». [Date de consultation : 7 août 2019]

Hungary Today . 21 mai 2019. Ábrahám Vass. « Mi Hazánk’s EP Program: ‘Roma Problem,’ Opposing Migration, Russia-Friendly Politics ». [Date de consultation : 7 août 2019]

Hungary Today . S.d. « About ». [Date de consultation : 7 août 2019]

The Independent avec l’Associated Press (AP). 14 mai 2019. Chris Stevenson. « Far-Right Party in Hungary Forms Uniformed 'Self-Defence' Force in Spirit of Outlawed Vigilante Group ». [Date de consultation : 13 août 2019]

Mareš, Miroslav. Décembre 2018. « Right-Wing Terrorism and Violence in Hungary at the Beginning of the 21st Century ». Perspectives on Terrorism . Vol. 12, no 6. [Date de consultation : 16 août 2019]

Minority Rights Group International (MRG). Janvier 2018. « Hungary; Roma ». [Date de consultation : 30 juill. 2019]

Our Homeland Movement (OHM). 2019. Our Homeland's Europe: Manifesto for the European Parliament Elections 2019 Our Homeland Movement (Mi Hazánk Mozgalom ) . [Date de consultation : 6 août 2019]

Politico . 17 juin 2019. Lili Bayer. « Orbán Government Withdraws Support for Extreme-Right Festival ». [Date de consultation : 6 août 2019]

Reuters. 21 mai 2019. « Tension Flares Between Roma, Extremists in Hungary ». [Date de consultation : 27 juill. 2019]

The Washington Post . 17 septembre 2015. Ishaan Tharoor. « Far-Right Hungarian Mayor Makes Absurd Anti-Refugee Action Video ». [Date de consultation : 26 août 2019]

Autres sources consultées

Sites Internet, y compris :24 HU; Amnesty International; Commission européenne contre le racisme et l’intolérance; Counter Extremism Project; Dream Deferred ; États-Unis – Department of State; European Network of Equality Bodies; European Roma Rights Centre ; EUROPOL; Fair Observer ; Hongrie – Equal Treatment Authority, Ministry of Human Capacities, Ministry of Interior, Ministry of Justice; Human Rights Watch; Hungarian Civil Liberties Union; Hungarian Helsinki Committee; Institute of Race Relations ; INTERPOL; Nations Unies – Haut-commissariat aux droits de l’homme; The New Yorker; The New York Times; Southern Poverty Law Center – Hate Watch .

Associated documents