Document #1208304
IRB – Immigration and Refugee Board of Canada (Author)
Dans un document publié le 29 novembre 2004, l'Association [camerounaise] de lutte contre les violences faites aux femmes (ALVF) signale que dans la province de l'Extrême Nord du Cameroun, où la « culture peuhle » est dominante, les femmes et les filles sont « plus victimes de discriminations », et ce notamment en raison du « poids de la tradition, de l'ignorance des lois et de la confusion entre la religion et la tradition locale ». Par conséquent, selon la même source d'information, les femmes et les filles sont victimes de violences de tout genre, y compris le « lévirat » (29 nov. 2004).
Le lévirat est, selon le site Internet d'afrik.com, une coutume africaine répandue chez certains groupes ethniques, selon laquelle la veuve est obligée d'épouser le frère de son mari défunt ou encore, un fils que ce dernier a eu avec une autre épouse (11 oct. 2004).
Les Country Reports 2004 signalent qu'en 2004 encore, dans certaines régions du Cameroun, qu'ils ne nomment toutefois pas, la femme était considérée comme faisant partie du patrimoine de son mari et que, par conséquent, [traduction] « la veuve était souvent forcée d'épouser l'un des frères de son mari défunt » (28 févr. 2005, sect. 2005). Selon la même source d'information, si la veuve refusait ce genre de mariage, [traduction] « elle devait rembourser l'intégralité de la dot et quitter le domicile familial » (Country Reports 2004 28 févr. 2005, sect. 5).
Jointe par téléphone le 26 juillet 2005 à Maroua, capitale de la province de l'Extrême Nord du Cameroun, une représentante de l'ALVF, également responsable du projet « Stratégies de lutte contre les mariages précoces et forcés, viol, sous-scolarisation de la fille, excision et IST-VIH/SIDA » dans cette province, a fourni toute l'information présentée ci-dessous.
Dans la province de l'Extrême Nord du Cameroun, le lévirat est très rependu au sein de tous les groupes ethniques. Ainsi, il est fréquent de voir une veuve épouser, bon gré mal gré, un frère de son défunt mari. En effet, dès lors que la famille du mari paie la dot, la femme fait automatiquement partie du patrimoine de son mari. Et, une fois le mari décédé, son patrimoine, y compris sa femme, est automatiquement transféré à sa famille qui en devient propriétaire; c'est généralement un des frères du mari qui hérite de la femme. Par ailleurs, dans la partie occidentale du Cameroun, et notamment chez les Bamilékés, il arrive souvent que le fils aîné d'un chef traditionnel épouse la veuve ou les veuves de son père, à l'exception de sa mère.
En général, les femmes acceptent un tel mariage pour éviter de se faire rejeter par les autres membres de la communauté, voire par ses propres parents. Le « construit social » est tellement ancré dans les mentalités qu'il serait difficile pour une femme de refuser une telle pratique, qui est acceptée par toute la communauté.
S'agissant de la province de l'Extrême Nord en particulier, les femmes, moins instruites, ignorent leurs droits. La représentante de l'ALVF ne connaît pas de cas où une femme ait porté plainte devant la justice ou devant les autorités administratives pour avoir été contrainte d'épouser un frère de son mari décédé. De leur côté, les autorités gouvernementales évitent d'intervenir dans ce qu'elles considèrent comme des pratiques culturelles traditionnelles.
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
Afrik.com. 11 octobre 2004. Habibou
Bangré. « Une fois veuves, elles doivent
épouser le frère du défunt. Gros plan sur la
pratique du lévirat en Afrique ». http://www.afrik.com/article7702.html
[Date de consultation : 26 juill. 2005]
Association de lutte contre les
violences faites aux femmes (ALVF). 26 juillet 2005. Entretien
téléphonique avec une représentante.
_____. 29 novembre 2004. Billé
Siké. Stratégies de lutte contre les mariages
forcés dans l'Extrême-Nord du Cameroun. http://sisyphe.org/IMG/doc/doc-676.doc
[Date de consultation : 26 juill. 2005]
Country Reports on Human Rights
Practices for 2004. 28 février 2005. « Cameroon
». Département d'État des États-Unis.
Washington, D.C. http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2004/41592.htm
[Date de consultation : 4 avr. 2005]
Autres sources consultées
Sites Internet, y compris :
AllAfrica, CEDAW, Coalition internationale pour la santé des
femmes (IWHC), Comité inter-africain (CIAF) sur les
pratiques traditionnelles, European Country of Origin Information
Network (ECOI.net), Famafrique, Feminist Women's Health Center,
Femmes sous lois musulmanes, Freedom House, Human Rights Watch.