5 révélations sur la santé sexuelle des jeunes en RDC

BEST OF 2016 – Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la santé sexuelle des jeunes congolaises et congolais. Des informations d’autant plus importantes, qu’en RDC, la jeunesse constitue un tiers de la population et en est l’un des moteurs les plus puissants.

La forte fécondité de la population et de la jeunesse congolaise

La population congolaise est jeune. En l’absence d’un recensement récent[1], un rapport de l’UNFPA de 2012 a montré qu’un tiers de la population de la RDC est âgé de 10 à 24 ans[2]. Il est donc important de redoubler d’efforts pour le développement de la jeunesse en tant que population active avec des atouts émergents.

Le taux de fécondité des jeunes femmes de 15 à 19 ans est de 138 pour 1000 femmes[3]. Le niveau de fécondité est élevé en RDC, et se maintient : estimé à 6,2 enfants par femme en 2007, il est de 6,6 aujourd’hui. Cela prouve l’accroissement très rapide de la population qui, estime-t-on, double tous les 25 à 30 ans.

L’utilisation de la contraception, faible mais en hausse

En matière de contraception, un accroissement important est noté : de 5,8 % en 2007 à 7,8 % de congolaises ont recours à la contraception moderne aujourd’hui [4]. On note l’existence de besoins importants de planification familiale, non satisfaits : 23% des femmes congolaises de 15 à 49 ans vivant en union déclarent ne plus vouloir d’enfants, et 45% en vouloir un dans plus de deux ans.

13 % de la population – 1 congolaise sur 7 – utilise des méthodes de contraception traditionnelles, pourtant peu fiables. L’utilisation d’une contraception moderne est plus courante en milieu urbain : 14,6 % contre 4,6 % en milieu rural. La contraception traditionnelle est plus répandue chez les jeunes filles de 15 à 19 ans : 7,1% d’entre elles y ont recours, contre 5,4% pour les méthodes modernes.

Les jeunes, le mariage et les grossesses précoces

La tendance des mariages précoces est à la baisse en RDC, mais leur pourcentage reste élevé : la proportion des femmes mariées avant l’âge de 18 ans est de 39 % chez les plus jeunes (20-24 ans), contre 50 % chez les plus âgées (45-49ans) (Enquête MICS 2010[5]).

Selon la même source, près d’une femme sur deux âgée de 20 à 49 ans s’est mariée ou vivait avec un homme avant ses 18 ans, et plus d’une sur dix avant ses 15 ans. 4% des femmes âgées de 15 à 19 ans en 2010 a donné la vie avant l’âge de 15 ans, et 28 % d’entre elles avaient déjà commencé leur vie féconde.

Les jeunes femmes accouchent dans de meilleures conditions

L’accouchement assisté par un personnel de santé qualifié est un succès en RDC (80,1 % des naissances) et ce résultat est meilleur chez les jeunes femmes de moins de 20 ans (80,7 %) que chez celles de plus de 35 ans (77,4%). Cependant, 1 femme sur 5 de moins de 20 ans donne encore naissance en dehors d’un établissement sanitaire, source d’un risque de décès important pour ces enfants naissants.

Les jeunes et le VIH/SIDA

Les femmes sont les plus infectées par le VIH, au sein de toutes les tranches d’âge. On constate également que quel que soit le sexe, la gravité de la prévalence du VIH augmente avec l’âge, même si elle semble moindre chez les 45-49 ans.

Une bonne nouvelle : les moins de 25 ans sont les moins touchés par le virus du VIH/SIDA. La prévalence du VIH est estimée à 1,2 % pour l’ensemble de la population de la RDC, avec des variations importantes selon les tranches d’âge, le sexe et les provinces.

Le niveau de connaissance des jeunes par rapport au VIH/SIDA

 Accès à l’information : entre 92 et 94% des jeunes femmes et 94 et 98% des jeunes hommes de moins de 25 ans ont déjà entendu parler du SIDA.

–  Attitude : 49 % des jeunes femmes de 15 à 24 ans ont déclaré que le risque de contracter de VIH pouvait être réduit en utilisant des condoms et en limitant les rapports sexuels à un seul partenaire non infecté. La même déclaration était faite par 63 % des jeunes hommes de la même tranche d’âge.

–  Adhésion aux pratiques pour prévenir l’infection : 12% des filles de 15 à 19 ans ayant eu au moins deux partenaires sexuels au cours des 12 derniers mois ont déclaré avoir utilisé un condom au cours des derniers rapports sexuels contre 9% de celles âgées de 40 à 49 ans.  En plus, 17% des garçons de 15 à 19 ans ayant eu au moins deux partenaires sexuels au cours des 12 derniers ont déclaré avoir utilisé un condom au cours des derniers rapports sexuels contre seulement 3 % de ceux de 40-49 ans.

Les urbains sont plus affectés par le VIH/SIDA : 1,6% contre 0.6% en milieu rural. On note que la province du Bas-Congo présente la plus faible prévalence du VIH et le Maniema la plus élevée (4%), suivie par les provinces Orientale (2,3%), Kasaï Oriental (1,8%), Kinshasa (1,6%) et Katanga (1,5%).


[1]
Le dernier recensement de la population et de l’habitat en RDC date de 1984.

[2] UNFPA, Status Report, Adolescents and Young People in Sub-Saharan Africa: Opportunities and Challenges, 2012
(http://www.prb.org/pdf12/status-report-youth-subsaharan-Africa.pdf)

[3] Les chiffres proviennent de l’EDS 2013/2014, sauf spécifié.

[4] L’EDS 2013/2014 fait la distinction entre contraception moderne (stérilisation féminine ou masculine, pilule, DIU, injectable, implant, préservatif masculin ou féminin, MJF/collier, autre) et traditionnelle (rythme, retrait, autre).

[5] Toutes les données de cette partie sont issues de l’Enquête MICS 2010 (MICS: Multiple Indicator Cluster Sampling).

 

L’Enquête Démographique et de Santé en RDC

Toutes les données sont tirées de l’Enquête Démographique et de Santé en RDC 2013/2014 (EDS 2013/2014).

L’EDS 2013/2014 a été réalisée par la Ministère du Plan et Suivi de la Mise en Oeuvre de la Révolution de la Modernité en collaboration avec le Ministère de la Santé Publique avec l’appui de nombreux partenaires comme l’UNICEF, USAID, PEPFAR, la coopération britannique, la Banque Mondiale, le Fonds Mondial, UNFPA et la Fondation Bill et Melinda Gates.

Flavien Mulumba

Flavien Mulumba est Officier de Monitoring et Evaluation pour le bureau de l'UNICEF à Kinshasa depuis 2 ans. Il croit fermement qu’investir dans les enfants en allouant plus de ressources pour favoriser leurs droits, c’est construire le monde de demain.

Flavien Mulumba has worked as a Monitoring and Evaluation Officer for 2 years at the UNICEF office in Kinshasa. He believes firmly that investing in children's futures and allocating resources to protect their rights is creating a better world for tomorrow.