Information on women and politics, part 2 of 6: Voting behaviour [BGD21347.EX]

Dans son rapport à la 12e session du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDF) des Nations Unies, le représentant du Bangladesh a indiqué qu'« il n'y a pas d'opposition traditionnelle à ce que les femmes exercent leur droit de vote », bien que seulement 40 pour 100 des femmes en âge de voter s'en prévalent (Nations Unies 28 mai 1993, 58). Toutefois, comme il sera exposé dans le détail ci-après, la plupart des sources que nous avons consultées indiquement que les normes du purdah et diverses conventions sociales et culturelles ont structuré et limité la participation des femmes aux élections.

Naseem Ahmed, auteur d'un article sur le statut socio-économique et politique des femmes au Bangladesh, affirme que « généralement, les femmes votent suivant le conseil de leur mari, et pas selon leurs convictions personnelles (1987, 7). D'après Sadeka Halim, étudiante du 3e cycle du Département de sociologie de l'Université McGill à Montréal, qui fait des travaux de recherche sur les femmes et le développement au Bangladesh et en Inde, le père et les frères d'une femme peuvent aussi influencer son choix et sa participation à une élection (11 mai 1995). D'autres sources confirment que la dépendance économique dans laquelle se trouvent la majorité des femmes bengalis les rend vulnérables à des pressions familiales et communautaires relativement à l'exercice de leur droit de vote (Chowdhury 1985, 4; Begum 1985, 18).

D'après Ahmed, le taux de participation des femmes aux élections est faible (1987, 7). Halim indique que le taux de participation est particulièrement faible dans les régions rurales où les valeurs du purdah et les normes traditionnelles qui régissent le comportement des femmes sont encore fortes (30 mai 1995). Begum rapporte qu'en 1985, à l'occasion des élections union parishad, on a interdit à toutes les femmes de voter, dans deux bureaux de vote, parce que « le purdah ne pouvait être maintenu d'une manière adéquate » (1985, 18). Bien qu'il n'aborde pas précisément les obstacles auxquels les électrices sont confrontées dans les régions rurales, Jahan donne la description suivante, dans un rapport de 1982, de la façon dont les normes du purdah ont déterminé et limité la participation des femmes aux élections :

La mobilisation des femmes, dans la mesure où il y en a une, à des fins électorales et autres est menée séparément de celle des hommes. Les électrices votent pour des candidats de sexe masculin bien qu'elle n'aient aucun contact direct avec eux ou avec des organisateurs de sexe masculin. Des militantes des partis communiquent avec les électrices avant l'élection et souvent, le jour du scrutin, des organisatrices les accompagnent aux bureaux de vote. Les femmes votent dans une pièce particulière, séparément des hommes, et tous les membres du bureau de vote de même que les autres fonctionnaires présents dans la pièce réservée aux femmes sont généralement des femmes. Dans les réunions publiques, les femmes s'assoient dans une enceinte séparée où des bénévoles de sexe féminin sont chargées de maintenir l'ordre. Les femmes marchent séparément à l'occasion des manifestations et des marches de protestations (1982, 274).

Il y a très peu de renseignements précis sur les taux de participation des femmes aux élections, sur les tendances du vote féminin et sur les préoccupations des femmes, et les renseignements existants sont incomplets ou, encore, ils n'ont plus cours. La seule étude actuellement à la disposition de la DGDIR utilise des données incomplètes (ibid., 264, 280) et est basée sur un sondage mené après l'élection nationale de 1973 (ibid., 264). Malgré ces lacunes, les données du sondage sont très révélatrices de la façon dont des facteurs, comme le sexe, l'éducation, le rang social, le lieu de résidence et les normes sociales, ont influé sur les taux de participation et les tendances du vote à l'époque, et elles pourraient encore avoir une certaine utilité. Les données indiquent que, par rapport aux hommes, « les femmes s'intéressent moins à la politique électorale et elles sont moins bien informées »; elles ont moins « le sentiment que le processus politique est efficace » et elles prennent moins part à divers types d'activités de groupe (ibid., 264). Par exemple, bien que le taux de participation des hommes et des femmes augmente avec l'élévation du rang social, les femmes participent à un niveau moindre que les hommes d'un rang comparable, et les hommes dans les milieux ruraux, bien qu'ils soient moins instruits et généralement de condition inférieure à celle des femmes des milieux urbains, « prennent systématiquement plus d'intérêt à la politique et y participent plus souvent » (ibid., 264-265, 266). Les femmes des milieux urbains qui ont participé à l'étude menée à la suite de la campagne électorale de 1973 ont obtenu des résultats inférieurs à ceux des hommes provenant des milieux urbains et ruraux, parfois dans une proportion de six contre un, relativement à sept des huit variables utilisées pour mesurer l'intérêt des votants, soit le suivi la campagne électorale, l'assistance à des réunions électorales publiques, la capacité de nommer au moins deux candidats dans leur circonscription électorale, et la capacité de nommer deux partis politiques et d'identifier le programme du parti au pouvoir et d'un autre parti (ibid., 265-266). Il est deux fois plus probable que les hommes suivent l'évolution d'une campagne électorale par l'entremise des médias que les femmes (ibid., 266).

Par rapport aux questions portant sur la confiance des électeurs aux élections et au vote, les femmes sont moins susceptibles de croire que le « vote individuel a de l'importance, que l'exercice de son droit de vote dans le cadre d'élections locales est important, et que le vote détermine l'avenir du pays » (ibid.). Jahan conclut que « outre l'exercice de leur droit de vote, [...] l'immense majorité des femmes ne participent pas, en aucune autre façon, à la politique électorale » (ibid.).

Pour la liste des documents de base et des autres sources d'information utilisés, consulter la Réponse à la demande d'information BGD21346.F du 6 octobre 1995.

La présente réponse a été préparée suivant une étude, dans un délai déterminé, des renseignements qui sont à la disposition du public et qui sont disponibles actuellement à la DGDIR. Cette réponse n'apporte pas et ne prétend pas apporter de preuves concluantes quant au fondement d'une demande particulière de statut de réfugié ou d'asile.

Références


Ahmed, Naseem. 1987. « Women in Bangladesh, Part I: Socio-Economic and Political Status », UFSI Reports. No 36. Indianapolis : Universities Field Staff International.

Begum, Maleka. 1985. « Women's Participation in Politics in Bangladesh: Its Nature and Limitations », Women and Politics in Bangladesh. Dhaka : Centre for Women and Development.

Chowdhury, Najma. 1985. « Women's Participation in Political Process in Bangladesh: Nature and Limitations », Women and Politics in Bangladesh. Dhaka : Centre for Women and Development.

Halim, Sadeka. Étudiante du 3e cycle dont les travaux de recherche portent sur les femmes et le développement au Bangladesh et en Inde, Département de Sociologie, Université McGill, Montréal. 30 mai 1995. Entretien téléphonique.

_____. 11 May 1995. Entretien téléphonique.

Jahan, Rounaq. 1982. « Purdah and Participation: Women in the Politics of Bangladesh » Separate Worlds: Studies of Purdah in South Asia. Dir. par Hanna Papanek et Gail Minault. Delhi : Chanakya Publications.

Nations Unies, Assemblée générale. 28 mai 1993. (A/48/38). Report of the Committee on the Elimination of Discrimination against Women (Twelfth Session). New York : Organisation des Nations Unies.

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