Syria: The situation of Shias and Alawites, including treatment by authorities and insurgents; whether insurgents consider Shias and Alawites to be loyal to President al-Assad (March 2011-May 2013) [SYR104429.E]

Syrie : information sur la situation des chiites et des alaouites, y compris le traitement qui leur est réservé par les autorités et les insurgés; information indiquant si les insurgés considèrent que les chiites et les alaouites sont loyaux au président al-Assad (mars 2011-mai 2013)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Renseignements généraux

On peut lire dans l’International Religious Freedom Report for 2012, publié par le Département d’État des États-Unis, que les alaouites [aussi appelés alawites (É.-U. 20 mai 2013, 2)], les ismaéliens [une branche de l’islam chiite (IIS 17 juill. 2012)] et les chiites [aussi appelés chi’ites (AI 14 mars 2013) ou shi’ites (CNN 9 mai 2013)] représentent environ 13 p. 100 de la population de la Syrie (É.-U. 20 mai 2013, 2). Certaines sources soulignent que la minorité alaouite est une [traduction] « branche » de l’islam chiite (É.-U. avr. 2013, 1; CNN 9 mai 2013; Reuters 23 mars 2013). D’après Minority Rights Group International (MRG), les ismaéliens et les chiites duodécimains, ou Ithna'ashari, représentent 2 p. 100 de la population et les alaouites représentent 11 p. 100 (oct. 2011). Les musulmans sunnites représentent 74 p. 100 de la population, les Druzes [un sous-groupe des chiites (The Times Argus 26 janv. 2013)] représentent 3 p. 100 et divers groupes chrétiens représentent environ 10 p. 100 de la population (É.-U. 20 mai 2013, 2). On retrouve aussi en Syrie une petite population juive (ibid.).

On peut lire dans le rapport de 2012 du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme que le conflit entre les forces du gouvernement et les groupes armés s’opposant au gouvernement a acquis [traduction] « un caractère ouvertement religieux » (Nations Unies 20 déc. 2012, paragr. 12). Human Rights Watch souligne aussi que la guerre en Syrie est caractérisée par [traduction] « des meurtres entre voisins fondés sur la religion » (Human Rights Watch 13 mai 2013). D’après le rapport des Nations Unies, bien que d’autres groupes minoritaires aient été entraînés dans le conflit, [traduction] « ce sont surtout la communauté alaouite de la Syrie, dont font partie les principales personnalités politiques et militaires du gouvernement, et la communauté majoritaire sunnite du pays, qui appuie dans l’ensemble (mais pas de façon uniforme) les groupes armés s’opposant au gouvernement, qui sont impliqués dans le conflit » (20 déc. 2012, paragr. 14).

2. Traitement réservé aux communautés chiites et alaouites par les insurgés

On peut lire dans l’International Religious Freedom Report for 2012 que [traduction] « les cas de vengeance sunnite, les meurtres fondés sur la religion et la violence à l’égard des alaouites continuent d’augmenter » (É.-U. 20 mai 2013, 9). Amnesty International (AI) signale aussi qu’à la fin de 2012, les insurgés avaient augmenté les attaques et les menaces à l’égard des communautés minoritaires, qui sont perçues comme étant [traduction] « progouvernement » (2013, 259). D’après AI, les communautés chiites et alaouites, ainsi que des civils et des journalistes travaillant pour des médias appuyant le gouvernement, sont perçus par les insurgés comment étant fidèles au président al-Assad (14 mars 2013, 1). De même, on peut lire dans l’International Religious Freedom Report for 2012 que de jeunes alaouites et de jeunes chiites auraient été menacés dans des écoles et des universités par leurs pairs sunnites, qui les percevraient comme des partisans du régime en raison de leur religion (É.-U. 20 mai 2013, 10). Le rapport du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies fait aussi état de ce qui suit :

[traduction]

[d]es civils de communautés susceptibles d’être perçues comme des partisans du régime sont exposés à des menaces particulières des groupes armés s’opposant au gouvernement. Le fait que des communautés chiites et alaouites ont été ciblées par des groupes armés a été signalé lors d’entrevues menées à Damas, à Homs et à Dara’a (Nations Unies 11 mars 2013, 3).

Diverses sources font état d’incidents touchant des chiites, notamment :

  • En avril 2012, un universitaire spécialisé en religion chiite et chef de prière a été tué par deux hommes armés (The Telegraph 1er mai 2013). Lors d’un entretien avec le Telegraph, un réfugié chiite de Damas, qui avait fui au Liban, a souligné que des [traduction] « miliciens sunnites armés ont mené une campagne de terreur dans leur quartier » et qu’ils ont assassiné plusieurs autres chefs religieux (ibid.);
  • En décembre 2012, une explosion dans une banlieue de Damas a blessé 14 personnes et a endommagé un sanctuaire chiite (É.-U. avr. 2013, 7);
  • D’après l’International Religious Freedom Report for 2012, des fondamentalistes sunnites ont attaqué des mosquées chiites dans le nord de la Syrie en 2012 (É.-U. 20 mai 2013, 9-10);
  • En janvier 2013, des insurgés ont détruit des sites religieux chiites dans le nord de la Syrie (É.-U. avr. 2013, 7);
  • En janvier 2013, à Daraya, des [traduction] « fondamentalistes antichiites » ont incendié le sanctuaire de Sakina, la fille du premier imam chiite (SRW 9 janv. 2013);
  • En mai 2013, à Damas, des rebelles ont déterré la tombe de [traduction] « l’une des personnalités chiites les plus vénérées, un compagnon du prophète Mahomet et l’un des premiers disciples de son cousin et beau-fils, l’imam Ali » (Human Rights Watch 13 mai 2013);
  • En 2013, plusieurs attentats à la voiture piégée ont été commis par des sunnites dans des quartiers chiites dans le sud de Damas (Israel Business Arena 6 mai 2013). Les insurgés ont également attaqué plusieurs villages chiites le long de la frontière avec le Liban (ibid.).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement au sujet des incidents susmentionnés.

D’après AI, 11 Libanais chiites ont été pris en otage en mai 2012, et, à la fin de 2012, 9 d’entre eux étaient toujours détenus par le groupe armé (2013, 259). L’agence de presse Xinhua signale aussi que des chiites libanais ont été enlevés par des rebelles (23 mai 2012). Pour obtenir de plus amples renseignements sur les enlèvements en Syrie, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information SYR104425.

3. Traitement réservé aux communautés chiites et alaouites par les autorités

Des sources signalent que des combattants chiites de l’Iraq, du Liban et de l’Iran ont fourni leur aide au gouvernement syrien (The New York Times 27 oct. 2012; The Guardian 5 mai 2013). La BBC fait également état du fait que des chiites iraquiens se rendaient en Syrie pour [traduction] « combattre avec les forces du président Bashar al-Assad » (24 mai 2013). Cependant, d’après AI, ce ne sont pas tous les membres des communautés chiites et alaouites qui sont progouvernement (AI 14 mars 2013, 3). La Commission des États-Unis sur la liberté religieuse (United States Commission on International Religious Freedom) signale aussi que certains alaouites ont quitté le régime Assad pour se joindre à l’opposition (É.-U. avr. 2013, 5).

D’après certaines sources, un groupe d’alaouites opposés au régime se sont réunis au Caire en mars 2013 (ibid.; The Daily Star 24 mars 2014; Reuters 23 mars 2013). On peut lire dans le Daily Star, un journal de langue anglaise de Beyrouth (The Daily Star s.d.), que les alaouites ont lancé un appel au [traduction] « renversement » du régime Assad et « demandent aux autres membres de leur religion de se révolter » (ibid. 24 mars 2013). Deux sources signalent que les membres du groupe se sont réunis pour discuter d’une déclaration à l’appui d’une Syrie unie et qu’ils ont invité d’autres groupes d’opposition à coopérer afin de prévenir des attaques punitives fondées sur la religion (É.-U. avr. 2013, 5; Reuters 23 mars 2013). D’autres militants de l’opposition, dont des sunnites, ont assisté à la rencontre (The Daily Star 24 mars 2013). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement sur les résultats de la réunion.

D’après Reuters, parmi les alaouites actuellement détenus se trouvent Mazen Darwish, un défenseur de la liberté d’expression, et Abdelaziz al-Khayyer, qui a plaidé en faveur d’une transition pacifique vers la démocratie (Reuters 23 mars 2013). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune autre information allant en ce sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Amnesty International (AI). 14 mars 2013. « Syria: Summary Killings and Other Abuses by Armed Opposition Groups ». [Date de consultation : 24 mai 2013]

_____. 2013. Amnesty International Report 2013: The State of the World's Human Rights. [Date de consultation : 24 mai 2013]

British Broadcasting Corporation (BBC). 24 mai 2013. Aleem Maqbool. « Iraq's Reminder of the Worst of Times ». [Date de consultation : 24 mai 2013]

Cable News Network (CNN). 9 mai 2013. Salma Abdelaziz and Yousuf Basil. « For Syrian Shiites, Civil War Isn't Simply Rebels vs. Government ». [Date de consultation : 24 mai 2013]

The Daily Star [Beyrouth]. 24 mars 2013. Khaled Yacoub Oweis. « Syrian Opposition Alawites Call for Rebellion in Army ». [Date de consultation : 27 mai 2013]

_____. S.d. « The Daily Star - A Short History ». [Date de consultation : 27 mai 2013]

États-Unis (É.-U.). 20 mai 2013. Department of State. « Syria ». International Religious Freedom Report for 2012. [Date de consultation : 22 mai 2013]

_____. Avril 2013. US Commission on International Religious Freedom. Protecting and Promoting Religious Freedom in Syria. [Date de consultation : 24 mai 2013]

The Guardian. 5 mai 2013. « Syria: Civil War Turns Regional Crisis ». [Date de consultation : 22 mai 2013]

Human Rights Watch. 13 mai 2013. Peter Bouckaert. « Is This the Most Disgusting Atrocity Filmed in the Syrian Civil War? » [Date de consultation : 22 mai 2013]

The Institute of Ismaili Studies (IIS). 17 juillet 2012. « Ismaili Community: History ». [Date de consultation : 28 mai 2013]

Israel Business Arena. 6 mai 2013. Jacky Hougy. « Hezbollah Bogged Down in Syria; Hezbollah Sees the Fighting in Syria as All-out War With the Sunnis. It is a War Which Assad Thinks He Can Win. » (Factiva)

Minority Rights Group International (MRG). Octobre 2011. « Syria Overview ». [Date de consultation : 23 mai 2013]

Nations Unies. 11 mars 2013. Conseil des droits de l’homme. Oral Update of the Independent International Commission of Inquiry on the Syrian Arab Republic. A/HRC/22/CRP.1 [Date de consultation : 23 mai 2013]

______. 20 décembre 2012. Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Independent International Commission of Inquiry on the Syrian Arab Republic Established Pursuant to United Nations Human Rights Council Resolution S-17/1, 19/22 and 21/25. [Date de consultation : 23 mai 2013]

The New York Times. 27 oct. 2012. Yasir Ghazi et Tim Arango. « Iraqi Sects Join Battle in Syria on Both Sides ». [Date de consultation : 10 mai 2013]

Reuters. 23 mars 2013. Ulf Laessing. « Followers of the Religion of Bashar Al-Assad who Oppose the Syrian President Met in Cairo on Saturday to Support a Democratic Alternative to his Rule, Seeking to Untangle his Fate From Their Own ». [Date de consultation : 27 mai 2013]

Shia Rights Watch (SRW). 9 janvier 2013. « Extremists Crossed the Red Line in Syria by Burning a Shrine ». [Date de consultation : 27 mai 2013]

The Telegraph. 1er mai 2013. Ruth Sherlock. « Syrian Shias Flee to Lebanon to Escape Sunni Militias ». [Date de consultation : 24 mai 2013]

The Times Argus. 26 janvier 2013. « Syria is a Bad Bet ». (Factiva)

Xinhua News Agency. 23 mai 2012. « Roundup: Kidnapping of Lebanese Shiites in Syria Raises Concern Over Sectarian Conflict ». (Factiva)

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre des représentants des organisations suivantes ont été infructueuses : Shia Rights Watch, Syrian Network for Human Rights.

Sites Internet, y compris : Al Arabiya; Al Jazeera; Arabic Network for Human Rights Information; Center for Civilians in Conflict; Deutsche Welle; ecoi.net; États-Unis — Congressional Research Service; Factiva; Freedom House; Revue Migrations Forcées; Global Post; The Globe and Mail; Huffington Post; Human Rights First; Institute of War and Peace Reporting; International Crisis Group; International Federation for Human Rights; Irish Times; Jordan Times; Los Angeles Times; Nations Unies — Réseaux d’information régionaux intégrés, Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Refworld; Organisation mondiale contre la torture; Shia Rights Watch; Syrian Human Rights Committee; Syrian Network for Human Rights; Syrian Observatory for Human Rights; Today's Zaman; Washington Post.

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