Joint par téléphone à Kigali le 21 novembre 2000, un représentant du Collectif des ligues et organisations de défense des droits de l'homme (CLADHO) (voir RWA35555.F du 26 octobre 2000 pour plus d'information sur cette organisation) a signalé que le Collège St-André, la mosquée (souvent appelée Kadhafi, du nom de la personne qui a financé sa construction) et l'église Carmélite se trouvent dans le quartier de Nyamirambo à Kigali. Situés tous les trois sur une distance d'environ 500m, le Collège St-André se trouve du côté du « Centre-ville », la mosquée, du côté du stade et l'église Carmélite entre les deux et presque rattachée au Collège St. André.

Aux pages 131-132 du livre intitulé Broadcasting Genocide: Censorship, Propaganda & State-Sponsored Violence in Rwanda 1990-1994 et publié en 1996, les massacres survenus en avril 1994 à Nyamirambo sont décrits de la façon suivante.

[Traduction]

Le 7 avril, soit une journée après que l'avion présidentiel a été abattu, quelques 200-300 personnes, selon les estimations, se sont réfugiées dans l'église située à Nyamirambo, à Kigali [le nom de l'église n'a pas été spécifié]. Plus tard dans la même journée, un petit groupe de miliciens ont essayé d'entrer de force dans l'église, mais un grand nombre de ceux qui s'y étaient cachés [...] ont résisté à l'attaque. Selon des témoins, [...] c'est pendant la nuit du 7 au 8 avril que la RTLM [Radiotélévision des mille collines] a annoncé plusieurs fois que l'église était pleine de troupes armées de l'APR [Armée patriotique rwandaise] et que des renforts étaient nécessaires. Le 8 avril à 10 heures du matin, un camion rempli de troupes des forces de sécurité est arrivé sur les lieux; en attaquant l'église, ces dernières ont obligé les occupants d'en sortir et ont abattu une soixantaine de personnes. Beaucoup d'autres ont pris la fuite

Un certain nombre des rescapés du massacre de l'église de Nyamirambo se sont alors cachés dans le Collège Saint-André, situé à proximité. Toutefois, à la suite d'un autre appel de la RTLM, un siège semblable s'y est installé. Le 11 avril, une centaine de personnes s'étaient réfugiées dans l'école. Selon des témoins, la RTLM a ciblé l'école le 11 ou le 12 avril, alléguant qu'elle hébergeait des complices du FPR [Front patriotique rwandais]. En réaction, semble-t-il, aux propos diffusés par la RTLM, les forces du FPR se sont intervenues le soir du 13 avril et ont réussi à secourir une quarantaine des personnes cachées dans l'école. Le 14 ou le 15 avril, les miliciens ont attaquée les lieux et ont tué toutes les personnes restantes.

Un incident semblable s'est produit le 10 avril : la RTLM a ordonné alors aux miliciens de s'attaquer aux centaines de personnes qui s'étaient cachées dans la mosquée de Nyamirambo. [...] Environ 300 personnes, des Tutsis pour la plupart, y ont été tuées (Article 19 oct. 1996).

Dans Leave None To Tell The Story: Genocide in Rwanda, document publié par la FIDH et Human Rights Watch, on apprend qu'encouragés par Hitimana, annonceur à la RTLM, des militaires et des miliciens ont, le 8 avril 1994, attaqué et tué des dizaines de personnes qui s'étaient réfugiés dans une église située à Nyamirambo et que quelques jours plus tard, ils ont tué plusieurs autres personnes à la mosquée à Nyamirambo (Des Forges mars 1999, 210).

Les extraits du Rapport de l'enquête sur les violations massives des droits de l'homme commises au Rwanda à partir du 06 avril 1994 télécopiés à la Direction des recherches et qui fournissent le nom de 130 personnes impliquées dans les massacres survenus dans la cellule de Kivugiza du secteur Nyamirambo de la commune de Nyarugenge à Kigali, leur âge, ethnie et lieu d'origine, leur allégeance politique, leur occupation, l'arme du crime et les faits allégués, ainsi que le nom des victimes, peuvent être d'un certain intérêt.

Le représentant de CLADHO a déclaré que le collège St-André, la mosquée et l'église Carmélite se trouvent tous les trois dans la cellule de Kivugiza (28 nov. 2000).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié. Veuillez trouver ci-dessous la liste d'autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Article 19. Octobre 1996. Broadcasting Genocide: Censorship, Propaganda and State-Sponsored Violence in Rwanda 1990-1994. Londres : International Centre Against Censorship.

Collectif des ligues et organisations de défense des droits de l'homme (CLADHO), Kigali. 2 8 novembre 2000. Entretien téléphonique avec un représentant.

_____. 21 novembre 2000. Entretien téléphonique avec un représentant.

Des Forges, Alison. Mars 1999. Leave None To Tell The Story: Genocide in Rwanda. New York, Washington, Londres, Bruxelles : Human Rights Watch (HRW). Paris : Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH).

Document annexé

Rapport de l'enquête sur les violations massives des droits de l'homme commises au Rwanda à partir du 06 avril 1994. Décembre 1994. Commission d'enquête : Cladho-Kanyarwanda. Extraits télécopiés à la Direction des recherches, p. 24.

Autres sources consultées

Une demande de renseignements envoyée à African Rights est restée sans réponse.

Africa Confidential.1994.

Africa Research Bulletin.1994.

Amnesty International. 1995-1999. Rapports annuels.

Bases de données de la CISR.

Country Reports. 1995-février 2000.

Dossier de pays du Centre des ressources. Rwanda. 1994-2000.

Human Rights Watch (HRW). 1995-1999. Rapports annuels.

Jeune Afrique/L'Intelligent.1994-2000.

Keesing's Record of World Events.1994.

La Lettre hebdomadaire de la FIDH. 1994.

REFMONDE.

Rwanda : Histoire d'un génocide. 1994. Éditions Fayard.

Terreur africaine, Rwanda, Burudi, Zaïre : les racines de la violence. 1996. Éditions Fayard.

LEXIS/NEXIS.

World News Connection (WNC).

Sites Internet, y compris :

Amnesty International Online.

FIDH Online.

Human Rights Watch Online.

Missionary Service News Agency (MISNA).

ReliefWeb.

Moteurs de recherche, y compris :

Google.

Lycos.

Yahoo.